Le riche détruit, le pauvre trinque, tout va bien. Eternellement moderne, ce cynisme trouve notamment son application dans la grande question de l’époque : le dérèglement climatique. Les extravagances des plus pollueurs font la Une, les ravages des inondations et sécheresses chez les paysans du sud terminent en articulets. En 2021, les vols spatiaux des milliardaires Bezos (Amazon) et Branson (Virgin) ont donné lieu à 239 422 articles en cinq langues, la famine qui frappe un million de personnes en Zambie tout juste 512, a calculé l’ONG Care (voir ci-dessous). Cette violence d’ordre médiatique frappe aussi à l’intérieur des sociétés, en France où dix millions de pauvres, par exemple, font moins parler d’eux que les fortunes d’un footeux ou d’un patron du CAC 40. Le calcul éloquent de l’ONG Care a été publié le 14 janvier. Il a échappé à beaucoup, dissimulé sans doute quelque part au fond d’une page parmi les « brèves ». Dans un journal, il ne faut surtout pas ignorer les brèves : elles en disent souvent bien plus long.
Michel Rouger
Michel Rouger
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