Qui de mieux que des ex-détenus pour raconter la vie carcérale ? Les blogs de prisonniers fleurissent sur rue89. Le « taulard inconnu » a le sien. Il découvre et nous fait découvrir la détention, pas à pas, de l’intérieur même de sa cellule. Clandestinement.
Dans le cadre de sa campagne « Ils sont nous », l’Observatoire international des prisons (OIP) a aussi ouvert un blog sur rue89 : « Passés pas la case prison ». Une femme victime de violences conjugales qui a tué son mari, un jeune dealer, un pédophile… les récits défilent, recueillis par des rédacteurs de l’observatoire.
Entre ces parcours, rien en commun a priori. Sauf la prison qui les réunit. Ces ex-détenus parlent de leur vie d’avant, des conditions de détention, de l’effet prison : libération, « effet criminogène », anéantissement. En filigrane, des réflexions sur la prévention de la récidive se dessinent, un appel à écouter.
Et cette question enfin. L’incarcération est-elle toujours la bonne solution ? Alcooliques, malades, les détenus ont-ils vraiment tous leur place en prison ? Celle-ci est parfois un lieu de rebut, « où la société se débarrasse de ce qui la menace ou de ce qu'elle ne peut nourrir », comme l'a écrit Albert Londres. Dilatation du temps, rétractation de l’espace. Le noir, la solitude dans la promiscuité, l’entraide, la violence endémique. Dans un lieu abandonné, livré à lui-même.
L’OIP prévoit aussi la publication, d’ici un an, d’un livre de portraits, à partir d’entretiens réalisés par des écrivains.
Emilie Lay
Emilie Lay