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08/09/2021

Au cinéma : Leila Mustapha, 30 ans, reconstruit Raqqa, l'ex capitale de l'Etat Islamique



C'est cette semaine que sort en salles le documentaire "9 jours à Raqqa", le portrait de Leila Mustapha, 30 ans, ingénieure en génie civil, maire de Raqqa, l’ancienne capitale autoproclamée de l’État Islamique en Syrie. Dans un monde d’hommes, elle a pour mission de reconstruire sa ville, de réconcilier et d’instaurer la démocratie. Venue à sa rencontre, l'écrivaine reporter Marine de Tilly a 9 jours pour vivre avec Leila et découvrir son histoire.

Le réalisateur Xavier de Lausanne : derrière le "devoir d'informer", le "devoir d'espérer"

(Extrait du dossier de presse)
« J’espère que les spectateurs retiendront qu’il ne faut jamais  avoir  d’idées  trop  préconçues  sur  les  autres  et  sur  l’ailleurs.  L’Irak,  la  Syrie,  ne  sont  généralement  observés  que par le prisme de la guerre, du conflit permanent. Il est toujours plus naturel, en tant que médias, de construire l’information sur des images d’armes, de bombardements et de gens qui s’entretuent plutôt que sur des images de paix. Je ne dis pas qu’il ne faut pas le faire mais derrière le "devoir d’informer"  ou  le  "devoir  de  dénoncer",  il  faut  aussi  le  "devoir d’espérer".

Ce déséquilibre dans l’actualité donne une image du monde parfois erronée. On croit être informés mais on ne l’est que partiellement suivant des points de vue anxiogènes, élaborés sur des impératifs commerciaux. Car le sensationnel fait gagner de l’argent alors que la paix, par définition, est monotone. D’autre part, on aime se rassurer sur sa propre condition en enfermant les peuples en guerre sous  des  chapes  de  plomb  dont  ils  ne  sortiront  jamais.  Et  quand ils s’en sortent, les médias ont disparu ! En tant que cinéaste,  je  pense  qu’il  y  a  aussi  une  autre  manière  d’observer notre monde, plus nuancée, plus constructive et pas moins captivante. Leila Mustapha en est la parfaite illustration. »

Le début d'une trilogie

Il n'y a pas que la guerre contre Daech qui nous concerne, dit aussi Xavier de Lausanne.
« Quand des signes de changements se font entendre à Raqqa et à Mossoul, les deux fiefs de l’Etat islamique déchu, cela nous concerne également. Si nous sommes capables de rapporter à quel point Daech a défiguré l’humanité, rapportons aussi la mobilisation de ceux qui tentent de lui redonner un visage. »
Et Leila Mustapha n'est que l'un des témoins de cette mobilisation. "9 Jours à Raqqa" est le premier d'une série de trois films. Le second, Radio Al-Salam (sortie prévue début 2022), nous plonge au cœur de l’unique radio libre du Kurdistan irakien animée par des journalistes issus de différentes communautés, musulmanes, chrétiennes et yézidies, arabes et kurdes. Par la voie des ondes, ils tentent chaque jour de renouer le dialogue rompu par la guerre. Le troisième, Mossoul Campus (sortie prévue au printemps 2022), nous fera découvrir un groupe d’étudiants de l’université de Mossoul qui font de leur grande bibliothèque, brûlée par Daech, un espace d’échange et d’expression, tandis que progresse sa reconstruction.



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