02/02/2023

Céline Zoppello porte haut la voix des paysannes et des paysans

Reportage : Tugdual Ruellan


Education populaire, réemploi, animation d’ateliers vélos participatifs… L’engagement de la grenobloise Céline Zoppello, 34 ans, prend différentes formes ! Mais sa voix se fait plus forte encore pour défendre à travers le monde, le droit des paysannes et des paysans, des sans-terre et des privés de souveraineté alimentaire. Avec un collectif, elle entend bien faire bouger le droit français…



Ce samedi 1er octobre 2022, la Caravane des droits paysans et du monde rural fait halte à la ferme des Sept chemins au Dresny en Loire-Atlantique. Partie de Grenoble, Céline Zoppello fait partie du voyage. Devant une centaine de personnes réunies pour ce rendez-vous, organisé par l’Alliance des cuisinières et des cuisiniers et Arc 2020 (Agricultural ans Rural convention), elle présente le combat qui l’anime :
« Le 17 décembre 2018, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté la Déclaration sur les droits des paysans et des paysannes ainsi que des personnes travaillant dans les zones rurales. Ce texte est le résultat concret de vingt ans de mobilisations et de luttes paysannes, fédérées par la Via Campesina, un mouvement international qui rassemble quelque 200 millions de paysans et de paysannes défendant la souveraineté alimentaire comme chemin pour promouvoir la justice sociale et la dignité. »
La caravane, qui parcourt la France, est soutenue par les Amis de la Confédération paysanne, les Amis du Mouvement des travailleurs ruraux sans terre, le Mouvement rural jeunesse chrétienne, Acteur du monde agricole et rural, Terre de Liens et FIAN France (Foodfirst Information and Action Network), une organisation internationale pour la défense des droits humains, Le droit à une alimentation adéquate et à la nutrition qu’a rejoint Céline en 2014. Présente dans plus de 60 pays, elle est à but non-lucratif et s’affiche indépendante de tout gouvernement, parti politique ou religion. 

Une histoire familiale emplie de solidarités

Céline Zoppello intervient lors de la Caravane des droits paysans et du monde rural, à la ferme des Sept chemins au Dresny en Loire-Atlantique ©Tugdual Ruellan
L’engagement de Céline s’enracine dans une histoire familiale emplie de solidarités et de luttes contre les injustices. Très jeune, elle s’intéresse aux questions liées à l’alimentation. Alors qu’elle poursuit un master de géographie et sciences politiques, elle lance en 2013, une recherche au Népal sur la souveraineté alimentaire et part rejoindre des communautés paysannes en haute montagne. A son retour, elle découvre FIAN France et accepte, avec un groupe d’amis, d’en prendre la coordination française. Deux ans après, elle en devient salariée. Cette cause ne la quittera plus.
« La Déclaration des Nations unies sur les droits des paysans et des paysannes, adoptée en 2018, nous a remplis d’espoir. Même si la déclaration n’a pas de caractère contraignant, elle peut servir de base complémentaire aux plaidoyers portés par les mouvements sociaux et les organisations citoyennes. Nous espérons même qu’elle soit, à termes, transcrite en lois nationales par les États signataires. »
Pour une définition des droits paysans dans le droit français
 
L’an passé, Céline participe à la création d’un comité de pilotage associant la Confédération paysanne, diverses organisations pour relancer l’action de Fian France et tenter de gagner des droits aux paysans et paysannes en France.
« Nous travaillons actuellement à la rédaction d’un plaidoyer pour que la France vote positivement la création d’un rapporteur spécial sur le droit des paysans aux Nations Unies. »

Et la France ? Elle reste en retard de ces avancées juridiques. Un des objectifs de ce collectif est de traduire quelques articles de la déclaration internationale en droit français et susciter un effet d‘entraînement dans d’autres pays européens. Le collectif travaille aussi à la définition du terme de "paysan" comme il en existe déjà une de celui d’ "agriculteur".
« Ceci pour distinguer celle ou celui qui travaille et vit de la terre de celui qui vit de l’agro-business, exploitant la terre à des fins de profit financier et d’enrichissement. Les petits paysans sont menacés et ont besoin d’une protection spécifique. Il faut donc commencer par définir leur statut. Nous avons rencontré plusieurs parlementaires pour leur signifier notre engagement et nos intentions. Quelques-uns se disent intéressés mais nous sommes encore loin d’une prise de position pouvant amener le gouvernement à agir. C’est un travail de longue haleine ! »

Pour aller plus loin
Qu’est-ce qu’un paysan selon l’ONU ?
La Déclaration de l’ONU définit un « paysan » comme une personne qui mène ou qui cherche à mener, seul ou en association avec d’autres ou au sein d’une communauté, une activité de production agricole à petite échelle de subsistance et/ou destinée au marché, qui s’appuie largement, mais pas nécessairement exclusivement, sur la main-d’œuvre de la famille ou du ménage et d’autres formes non monétaires d’organisation du travail, et qui a un lien particulier de dépendance et de rattachement à la terre.
 
La Via Campesina pour la dignité des paysans
La Via Campesina est un mouvement international qui rassemble des millions de paysannes et de paysans, de jeunes, des communautés de peuples autochtones, des travailleurs sans terre, des migrants et des migrantes. Elle les réunit sous la bannière de la réforme agraire populaire et de la souveraineté alimentaire pour défendre leur légitimité et leur dignité dans un monde ultra-libéral qui les anéantie.
Vidéo : L’Espérance Paysanne | Globalize Hope | La Esperanza Campesina on Vimeo

Des droits pour les paysans et les ruraux : place à l’action !
15 novembre 2019, Luxembourg Lifelong Learning Center. ICI

UNDROP : Défendre les droits paysans, nouvelle plateforme des luttes rurales en action ! paysan·ne·s et des autres personnes travaillant en zones rurales. ICI.

En Bretagne, un appel à faire respecter les droits des paysans des Nations Unies
Le samedi 14 mai 2022, à Rostrenen, dans les Côtes d'Armor, une table ronde sur les droits des paysans réunissait plus de cent personnes. Pour les organisateurs, il s'agit d'imposer à la France le respect de la déclaration des Nations Unies sur les droits des paysans. Article de Jean-François Bourblanc sur Histoires Ordinaires.

 
 



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