28/02/2018

​L'inconnu express



Sans crier gare, la réforme à grande vitesse de la SNCF est partie lundi matin vers l'inconnu. Les deux machinistes Emmanuel et Edouard activent la chaudière sans trop savoir s'ils pourront échapper en route aux syndicats prêts à bloquer le convoi. Mais surtout, personne ne connaît la destination. S'agira-t-il d'un meilleur service, un train ponctuel et accessible à tous ? Pour nos deux machinistes et les aiguilleurs de l'Union européenne, sans doute peu importe. Leurs priorités sont ailleurs. Que le convoi lâche les wagons de dettes entassées par le tout TGV. Qu'il carbure à la rentabilité, à la concurrence et à la précarité des personnels. Que les services publics nationaux soient dirigés vers la voie de garage. Que la fantastique locomotive libérale ait maintenant le monopole du rail. Ne va-t-elle pas laisser sur le quai le droit universel à se déplacer ? C'est un risque. Surtout qu'au bout de l'inconnu, ce voyage semble pour longtemps sans retour.

Michel Rouger



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