04/04/2013

Pas beau de mentir !?



Dans la cour de récréation, tout près du bac à sable, petit Cahuzac pleure : « pardon maître, j’ai menti mais pas fait exprès, je recommencerai jamais… Je le promets ». Dans la salle de classe, au coin, petit Strauss-Kahn, les mains dans le dos, l’air contrit, jure qu’on ne l’y prendra plus. Au tableau, François, le gentil maître, l’air maussade, scande la morale du jour : « pas beau de mentir ». Morale simpliste, infantilisante, bonne pour le bon peuple immature.

Mentir : « Pêché véniel », pardonnable, effaçable par absolution et pénitence, pour qui se réfère à la morale chrétienne. Instrument inséparable du pouvoir pour tout dirigeant adepte de Machiavel et de la réal politique. Symptôme du « désir d’être un autre » pour garder l’amour du parent comme le diagnostique l’incontournable pédo-psychanalyste.

Peu importe le sens donné, la vraie question morale n’est pas le mensonge, mais ce que tente de cacher le mensonge : viol, fraude fiscale, vol…

Et aussi la blessure infligée à celui qui vous a cru, a cru en vous : le sentiment d’être méprisé par l’autre que l’on estime. Pire, l’instillation sourde et profonde de la certitude qu’il ne faut plus croire en la parole donnée : porte ouverte à la dilution du lien humain qu’il soit familial, amical, social. Justification, in fine, de toutes les inquisitions, de toutes les coercitions préventives.

Alain Jaunault


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