Rennes, un samedi après-midi un peu gris. Je fais le tour de la place du Souvenir et passe et repasse devant une vitrine
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S.A.R.L REFERENCES ELECTRIQUES,
Electricité générale
neuf, rénovation, mise aux normes, dépannage
C’est bien le numéro 4 et pourtant, cela n’a rien à voir avec le salon de thé culturel que je cherche. Une femme à la porte, le sourire aux lèvres et la main tendue : « Oui, vous êtes bien au bon endroit ! », me rassure Murielle Dilhuit-Ouahi. Pas de doute, c’est bien là : le bar au fond avec la machine à café, des tables et des chaises colorées et, sur les murs, des photos qui nous emmènent en balade au parc oriental de Maulévrier. « La vitrine n’a pas changé. C’est bien ici qu’Hakim accueillait les clients et faisait les devis. C’est la covid qui nous a aidé.e.s à transformer le lieu. " " Nous aimons bien cette idée de références électriques, ajoute Hakim. Référence parce que les gens qui viennent en font un coin-repère, comme une référence rassurante et c’est électrique parce que… le courant passe. »
La suite d'une longue histoire, à deux
L’ancien magasin d’électricité se transforme chaque soir de 17 à 19 heures en café culturel, lieu de réunion pour l’association de parents d’élèves du quartier, de rencontres de chantier pour les artisans, d’atelier de dessins, de projection-débat ou de scène ouverte. Le mercredi, jour du marché, le lieu ouvre toute la journée de 9 heures à 19 heures. Les commerçants viennent s’y réchauffer, les clients se reposer, leur cabas à leurs pieds, les amis se rencontrer. Au fil du temps, Références Electriques est devenu un lieu de rencontre dont on ne peut se passer.
Ce n’est pas un coup de baguette magique qui l’a fait naître. Références Electriques est le fruit d’une histoire, celle de Murielle et Hakim. Ils se rencontrent sur les bancs de la fac à Rennes. Murielle termine ses études de sociologie et s’apprête à partir à Aix-en-Provence pour poursuivre en anthropologie sociale quand sa route croise celle d’Hakim, l’ingénieur informaticien. Elle devient formatrice et coordonne les actions de lutte contre l’illettrisme sur le bassin rennais. Hakim est informaticien, " dans le lourd, précise Murielle, il animait des équipes qui ont géré les passages à l’euro et à l’an 2000 ".
Le couple ne se contente pas de travailler. Très vite, ils s’investissent dans la vie du quartier où ils vivent. Ils regardent autour d’eux : les femmes qui ne quittent pas ou si peu leur logement, les chômeurs qui attendent des réponses, les cultures qui ne rencontrent pas. Ils écoutent les questions des jeunes :
Ce n’est pas un coup de baguette magique qui l’a fait naître. Références Electriques est le fruit d’une histoire, celle de Murielle et Hakim. Ils se rencontrent sur les bancs de la fac à Rennes. Murielle termine ses études de sociologie et s’apprête à partir à Aix-en-Provence pour poursuivre en anthropologie sociale quand sa route croise celle d’Hakim, l’ingénieur informaticien. Elle devient formatrice et coordonne les actions de lutte contre l’illettrisme sur le bassin rennais. Hakim est informaticien, " dans le lourd, précise Murielle, il animait des équipes qui ont géré les passages à l’euro et à l’an 2000 ".
Le couple ne se contente pas de travailler. Très vite, ils s’investissent dans la vie du quartier où ils vivent. Ils regardent autour d’eux : les femmes qui ne quittent pas ou si peu leur logement, les chômeurs qui attendent des réponses, les cultures qui ne rencontrent pas. Ils écoutent les questions des jeunes :
" pourquoi les parents ont-ils quitté le pays ? On ne sait rien de qu’ils faisaient là-bas, ils ne veulent pas parler. Pourquoi nous faire venir dans un pays qui ne nous aime pas ? Ils veulent qu’on réussisse ; ils font des projets pour nous. "
Le rêve d'un lieu mêlant les cultures
Investi.es dans l’association Sports Loisirs, Hakim et Muriel proposent des réponses. A la rupture du jeûne du ramadan, ils organisent des rencontres avec des non-musulmans pour se comprendre, pour remettre les choses à leur place et sortir des préjugés qui bloquent. Avec la commission Emploi et le comité de quartier, ils accompagnent les jeunes dans leur recherche de stages ou d’emplois.
Hakim Ouahi est très pris par son travail. A 50 ans, il fait le choix de gagner en qualité de vie pour lui et sa famille. Il prend une décision radicale : il quitte l’informatique pour apprendre à l’Afpa le métier de son père, électricien. Il devient même éco-électricien, métier qu’il exerce encore aujourd’hui.
Hakim Ouahi est très pris par son travail. A 50 ans, il fait le choix de gagner en qualité de vie pour lui et sa famille. Il prend une décision radicale : il quitte l’informatique pour apprendre à l’Afpa le métier de son père, électricien. Il devient même éco-électricien, métier qu’il exerce encore aujourd’hui.
Un arrêt dans le parcours : la Covid. Un temps suspendu, propice à la réflexion pour le couple. Depuis toujours, ils rêvent d’un lieu où les gens se rencontrent, inventent et s’inventent, créent et fabriquent. Un lieu où se mêlent les langues et les cultures. Un lieu où il n’y a pas des dominants et des dominé.es. Un lieu d’égalité.
Une cloison saute, les murs sont repeints, le comptoir installé et les pâtisseries orientales trouvent leur place sous les cloches de verre. L’annonce est partie :
Une cloison saute, les murs sont repeints, le comptoir installé et les pâtisseries orientales trouvent leur place sous les cloches de verre. L’annonce est partie :
Un SALON de THE CULTUREL
- espace SALON de THE pour vous poser, vous reposer, écouter de la musique, voir les amis et amies, déguster une pâtisserie
- espace CULTUREL pour lire, partager une idée, un projet, faire avancer une action
Les murs de Références Electriques en ont entendu des contes, des belles pages lues, des chansons et les premiers mots des écrivains en herbe. Joyeux les murs d’exposer les photos et les peintures de ceux et celles qui ont osé se lancer, encouragés par les artistes qui aiment cet endroit simple et si riche en rencontres. Excités les murs par ces soirées de vernissage, une fois par mois pour chaque exposition. Graves parfois les murs, à l’écoute des hommes et des femmes qui s’expriment sur leurs douleurs et leurs espoirs. Et si gais quand arrive le mercredi, jour du marché !
Un moment ensemble, sans préjugés
Bref, un lieu qui vaut la peine qu’on sorte de chez soi pour aller à la rencontre des autres. Un lieu où l'on se découvre une âme d’artiste, d’humoriste ou de conteur à la voix chaleureuse. Un lieu où naissent les projets. " Sans nous ! " précise Murielle. Un lieu où elle vit des coups de cœur, comme cette exposition photo qui a réuni le grand-père, son fils et son petit-fils ou la réflexion de cette personne seule " Te rends-tu compte que tu rends service au quartier ? "
Pas question d’être accroché à la machine à café, derrière le comptoir. Ils sont dans la salle.
J’atteste
J’atteste qu’il n’y a d’être humain
que celui dont le cœur tremble d’amour
pour tous ses frères en humanité
Celui qui désire ardemment
plus pour eux que pour lui-même
liberté, paix, dignité
Celui qui considère que la Vie
est encore plus sacrée
que ses croyances et ses divinités
J’atteste qu’il n’y a d’être humain
que Celui qui combat sans relâche
la Haine en lui et autour de lui
Celui qui,
dès qu’il ouvre les yeux le matin,
se pose la question :
Que vais-je faire aujourd’hui
pour ne pas perdre ma qualité
et ma fierté
d’être Homme ?
Peut-être d'aller à Références Electriques, avec son livre sous le bras pour en lire un passage, boire un café avec un bon petit gâteau, écouter un conte, accueillir un écrivain, discuter avec Fatima de ses projets, plaisanter avec le marchand de légumes, se lancer à écrire… Réaliser ses rêves avec une belle touche d’humanité.
Marie-Anne Divet.
Pas question d’être accroché à la machine à café, derrière le comptoir. Ils sont dans la salle.
"Nous sommes vigilant.es, tout le monde a sa place, à égalité quelle que soit son origine culturelle et sociale. Nous essayons de sortir des propos négatifs et des préjugés et, ensemble, dans le flux de la discussion, nous trouvons d’autres façons de voir le monde. Pas un monde lisse avec une seule façon de penser ! C’est bon de réfléchir, de ne pas partager l’avis de quelqu’un, de pouvoir expliquer son point de vue et de ne pas se laisser embarquer dans une opinion déjà construite, d’apprendre à rêver. "La tête de Murielle se tourne et des yeux, elle me montre la calligraphie de l’ami marocain Abdellatif LAÂBI. " Il compte beaucoup pour nous ce poème, c’est un repère dans notre vie ! "
J’atteste
J’atteste qu’il n’y a d’être humain
que celui dont le cœur tremble d’amour
pour tous ses frères en humanité
Celui qui désire ardemment
plus pour eux que pour lui-même
liberté, paix, dignité
Celui qui considère que la Vie
est encore plus sacrée
que ses croyances et ses divinités
J’atteste qu’il n’y a d’être humain
que Celui qui combat sans relâche
la Haine en lui et autour de lui
Celui qui,
dès qu’il ouvre les yeux le matin,
se pose la question :
Que vais-je faire aujourd’hui
pour ne pas perdre ma qualité
et ma fierté
d’être Homme ?
Peut-être d'aller à Références Electriques, avec son livre sous le bras pour en lire un passage, boire un café avec un bon petit gâteau, écouter un conte, accueillir un écrivain, discuter avec Fatima de ses projets, plaisanter avec le marchand de légumes, se lancer à écrire… Réaliser ses rêves avec une belle touche d’humanité.
Marie-Anne Divet.
Jules, simplement Jules, le livre de Murielle Dilhuit-Ouahi
Jules, homme au parcours empreint de mystère, choisit de sceller sa vie dans un silence dont les échos traversent les âges. Gardien d’un secret familial aux ramifications profondes, il tisse malgré lui une toile d’ombre et de non-dits qui s’insinue dans l’âme de ses descendants. Ce mutisme, à la fois protecteur et destructeur, façonne un héritage invisible mais oppressant, condamnant les siens à porter un fardeau d’énigmes et de blessures inexprimées. Mais un jour, son petit-fils, héritier malgré lui de ce silence accablant, se lance dans une quête de vérité. À travers les méandres d’un passé trouble, il espère arracher sa famille à l’emprise du silence et révéler une vérité capable de transformer les ombres en lumière.
Murielle Dilhuit-Ouahi écrit depuis toujours. Elle a été élevée, dit-elle, « à la plume, à l’encre et au buvard ». Elle anime régulièrement des ateliers d’écriture au Salon de Thé Culturel, invite des écrivains à venir partager leurs œuvres et organise des lectures lors de la journée nationale de la lecture.
Editions Le Lys Bleu, 176 pages, février 2025
Il est possible de lire quelques pages avec ce lien