05/12/2013

Le fantôme



C'était mercredi, vers 11 h, en ville. Ciel gris et jour banal. Et soudain... Là, venant en face, un revenant. Un prêtre antique, portant lourde étole et blanc surplis par dessus sa soutane noire. Il fonçait sur le trottoir à pleines voiles. D'où venait-il, où courait-il ? Y-avait-il eu bisbille à la paroisse ? « Vous appelez ça une crêche ! » S'en allait-il offrir l'onction suprême à un fidèle au bord du grand passage ? Avait-il simplement entendu un appel de la prostate, organe en plein d'actualité  ? Les experts penchent plutôt pour un fantôme. Disparu il y a quelque cinquante ans, cet abbé-là, moins connu des jeunes que le mollah, parviendrait aujourd'hui à réapparaître pour guider aussi nos âmes en ces temps troublés, entortiller les pauvres, bannir la prostituée, absoudre le banquier, offrir son radar aux bonnets rouges et autres révoltés. Le fantôme  de mercredi s'est évanoui. Une hallucination peut-être. Ou un symptôme, un signe ostentatoire hallucinant. 
 
Michel Rouger




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