Hichem, 45 ans, a été criblé de balles samedi. Un mois plus tôt, Aboubakar, 22 ans, est mort poignardé à la mosquée. Tués parce que pas nés ici, pas blancs, pas chrétiens. Et surtout musulmans. Tués par des mots qui arment des cinglés, des loups solitaires, des haineux. Des mots répétés par des intellectuels, des journalistes, des leaders politiques, et même, surtout, des ministres. Inoculé par l’extrême droite, le poison de l’islamophobie a infecté une partie croissante des esprits. Et la droite a pris à son tour la seringue. Pour attirer dans leur camp les électeurs qui votent encore, les Retailleau, Wauquiez, Darmanin, Attal... cultivent, aiguillonnés par les médias de Bolloré, les suspicions et obsessions des Le Pen, Bardella, Ciotti contre les quelque six millions de musulmans vivant en France tous regardés comme des “Frères” en train de conspirer. A quand le contre récit racontant l’intégration de l’immense majorité d’entre eux ? Où l’on pourrait découvrir, page après page, dans les cités abandonnées par la République, des histoires ordinaires d’amours, de familles, de compétences, de sensibilités multiples. Et par-dessus tout de courage et d'engagement face aux discriminations racistes, aux violences policières, à cette islamophobie qui assassine.
Michel Rouger
Michel Rouger