25/02/2021

"Encore Plus !", une enquête sur les 20% les plus aisés (et non les 1%)



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Voilà un livre qui dérange, projette une lumière crue sur le réel, loin des faux-fuyants. « Né d'une indignation », explique son auteur, Louis Maurin, le directeur de l'Observatoire des inégalités, "Encore Plus !", loin de se limiter aux 1% les plus riches, « dénonce l’hypocrisie d’une classe aisée bien plus vaste, qui vit confortablement et profite des inégalités scolaires.  »

Aux yeux de Louis Maurin, les classes aisées « regroupent environ un cinquième des emplois. Principalement des cadres supérieurs salariés et la partie favorisée des indépendants. Pour appartenir à ce cinquième supérieur, il faut toucher plus de 2 600 euros net par mois pour une personne seule après impôts. On est loin des 1 % du haut – au-delà de 6 700 euros mensuels – sur lesquels se concentre le débat. Mais quand vous vivez avec un revenu supérieur à 80 % du reste de la population, peut-on encore vous qualifier de "moyen" ? »

Certes, il n'oublie ce fameux 1% , « la voracité de ceux que l’on pourrait appeler les "tellement plus" (...) Cette France ultra-riche est dénoncée avec raison. Il faut dire que notre pays soigne les plus aisés : après la Suisse, notre pays est, en Europe, celui où les 1 % les plus riches ont le niveau de vie le plus élevé."» Mais, en gros, c'est trop commode. Même si l'insécurité de 'emploi peut parfois les frapper, ces 20 % doivent constamment se rappeler que la moitié de la population vit avec moins de 1 800 € par mois pour une personne seule. « Le mistigri de la solidarité, déclare Maurin, se passe de main en main sans voir que notre problème est de mettre en œuvre une redistribution à grande échelle et un effort collectif, partagé par tous. »

« La tragédie du coronavirus a fait mettre un genou à terre à la France populaire », dit-il aussi. Il ne tombe pas pour autant dans le piège du "c'était mieux avant" : dans les années 70, rappelle-t-il,  « le taux de pauvreté était 1,5 fois équivalent à celui d’aujourd’hui et les bidonvilles qui entouraient Paris et d’autres grandes villes n’avaient rien à voir avec ceux que l’on connaît actuellement. On se nourrissait de poulet aux hormones et la première chaîne de télévision relayait, droit dans ses bottes, la propagande du pouvoir. »

Il ne se contente pas non plus de dénoncer. Il veut seulement « alerter sur les inégalités, mais aussi tenter de montrer ce qui s’améliore et de dégager des pistes pour demain. »

M R

Encore plus ! Enquête sur ces privilégiés qui n’en ont jamais assez.  de Louis Maurin, Editions Plon, mars 2021, 240 pages, 20 €.


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