07/03/2011

Deux aventurières du web autour du monde


Aventurières de leur siècle, Fanny et Zélie partent pour un an autour du monde afin de comprendre de l'intérieur les enjeux des technologies d'information et de communication (TIC) dans le quotidien des femmes. Sur les vingt-deux étapes de leur parcours, elles transmettront aussi leurs savoirs .


Elles sont deux, travaillant dans le journalisme, la communication et le web. L'une est rennaise, Fanny Le Gallou, l'autre, Zélie Verdeau, de Saint Florent des Bois en Vendée. Trente ans chacune, un an à Berlin et six mois aux USA pour Zélie; un an à Londres et sept en Martinique pour Fanny. Toutes les deux avec un boulot : Fanny est directrice conseil à l'agence Ad Hoc à Rennes depuis 2008 et Zélie est chargée de communication à l'agence Nurun à Paris depuis 2007. 

Jeunes femmes bien sous tous les rapports, quelle mouche les pique de quitter ainsi famille, amis, travail? Zélie s'explique:

Informer et accompagner les femmes

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En 2009, plus de deux milliards d'ordinateurs et de téléphones portables ont été vendus dans le monde, 422 millions de foyers sont connectés au web. Temps et distances se réduisent: nous pouvons, aussi facilement, communiquer avec l'ami australien qu'avec notre voisin. C'est sans compter avec la fracture numérique. Les TIC ne jugulent pas plus qu'autre chose les inégalités.

Zélie et Fanny s'interrogent, elles qui travaillent dans le milieu, sur cette fracture qui écarte les plus défavorisés. Elles veulent en comprendre les ressorts pour mieux la combattre.

Elles mobilisent des copines qui sont, pour une partie d'entre elles, dans les secteurs de la communication. Ensemble, il y a un an, elles créent une association What Women Wish ou WWW. Elles discutent, cherchent et trouvent comment identifier les besoins, comment informer et accompagner les femmes sur les usages des TIC. 
 
C'est ainsi que naît le projet: aller à la rencontre des femmes de différentes cultures et traditions, comprendre les besoins, les mettre en lien avec leur projet et proposer un accompagnement à valider et évaluer au fur et à mesure  avec les membres de l'association. Le projet se précise et devient un véritable objet d'étude et de recherche.

Pourquoi les femmes?

«Dès le début, on parlait des femmes dans ce projet. C'est venu naturellement, instinctivement.  Parce que nous en sommes, c'est sans doute plus facile de travailler avec des femmes. » Elles font des recherches et repèrent des associations en Afrique, au Moyen Orient et en Asie, qui expriment des besoins. «Les femmes africaines se mettent en association pour se former », explique Zélie que ce constat renforce dans son projet.
 
De leur intuition de départ, elles font alors une certitude: les femmes représentent une force économique importante mais ont souvent moins accès aux TIC et la fracture numérique les touche davantage que les hommes au niveau mondial. 

Dans le site web qu'elles ont créé en décembre dernier, les chiffres sont parlants: 4% de femmes arabes utilisent internet contre 56 % d'états-uniennes. Un tiers des blogs mondiaux sont tenus par des femmes, 85% des serveurs internet sont dans les sept pays les plus industrialisés. En France comme ailleurs, elles ne veulent pas que les femmes restent sur le bas-côté.

Rien n'est ficelé, tout se fera avec les femmes de là-bas

Elles sont vigilantes cependant : pas question de faire à la place de, pas question de venir avec des idées d'occidentales. «On ne veut pas partir avec des postulats, on a envie de découvrir sur place et faire avec. » Elles veulent comprendre les ressorts des changements en cours, les pratiques et les besoins des femmes en terme d'accessibilité et d'usage des TIC. 
 
Les stages de formation qu'elles vont mettre en place avec les associations locales qu'elles ont contactées ou que le réseau d'ami(e)s de part le monde leur a fait connaître, l'accompagnement et l'apport de matériel sont autant de moyens qu'elles emportent avec elles. Mais, attention, à part leurs compétences, rien n'est ficelé d'avance. C'est avec les femmes que cela se fera.

Pour monter un tel projet, il faut de l'argent. Côté passion, à savoir les rencontres, la découverte des cultures, la photo et la vidéo et bien d'autres choses encore, Zélie et Fanny s'auto-financent à coup d'économies et d'emprunts et avec l'aide de bourses aux projets, soit 75% du budget global. Pour le reste, c'est gratuitement qu'elles se mettront à la disposition des associations locales. Si des besoins en équipement ou autres apparaissent, elles savent qu'elles peuvent compter sur les dons et le mécénat que leur projet a suscités. 

Et après? L'aventure ne va pas s'arrêter au bout de cette année qui n'est ni sabbatique ni d'initiation mais bien de recherches et d'expériences de formation à l'échelle de la planète. Vingt-deux étapes, de Beyrouth à Cotonou, en passant par Jenin, Kathmandou et Kuala Lumpur, il y a de quoi booster projet de vie et projet professionnel. 
 
L'association What Women Wish aura du pain sur la planche: transformer ce kaléïdoscope d'expériences en propositions concrètes pour une utilisations des TIC qui réduisent la fracture numérique.
 
Marie-Anne Divet
 
PRÉCISION : un blog "What Women Wish" a été créé depuis et n'a rien à voir avec ce projet
 

Un webdocumentaire: des femmes africaines s'emparent d'Internet

Comme l'ont constaté Zélie et Fanny, les femmes, dans tous les pays, se regroupent pour se former. Ainsi, des femmes d'Afrique de l'Ouest se sont organisées pour maîtriser l'outil Internet et par lui développer leurs villages en les ouvrant sur l'extérieur.  Un webdocumentaire en témoigne: « Le web 2.0 apprivoisé: expériences de femmes rurales en Afrique »
 
Pour connaître les combats ainsi menés contre la fracture numérique à travers le monde,  il est d'ailleurs utile de consulter régulièrement le site www.web2solidarité.org/...


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