Avec Jérôme, des jouets récupérés et vendus à prix libre

Vous avez perdu une lettre à votre jeu de scrabble, une pièce au puzzle, une carte au jeu de sept familles… C’est sûr, il y a aux Bons jouets, à Peillac, l’objet convoité qui redonnera vie à votre jeu et évitera sûrement la destination déchèterie ou poubelle. Jérôme Goupil-Thiercelin, 46 ans, a travaillé quelque temps comme agent de déchèterie pour la communauté de communes du pays de Redon (devenue Redon agglomération en janvier 2018).
 

« Je voyais des choses jetées qui ne méritaient pas d’être jetées ! Généralement, les personnes qui viennent là ne se soucient guère de retrouver un repreneur, même si l’objet est encore en bon état, parfois quasi neuf. C’était une situation devenue pour moi insupportable. »

Père de trois enfants, Jérôme aime et collectionne les jouets depuis des lustres. Né à Carcassonne, il a d’abord suivi une scolarité en région parisienne dans une école Steiner en pédagogie alternative avant de partir travailler dans des fermes en agriculture biodynamique, à Montélimar, en Angleterre, en Allemagne puis en Suisse. Là, il se forme comme éducateur spécialisé et revient en France. N’obtenant pas d’équivalence de diplôme, il se tourne vers la vente de bandes dessinées sur les marchés jusqu’à rencontrer sa femme… dans une brocante.
 

« Nous avons vécu quelques années à Paris, je travaillais alors chez un paysagiste. Sa meilleure amie était de Saint-Gildas-des-Bois, en 2013, nous nous sommes installés en Bretagne, désireux tous les deux de quitter la capitale. »

Avec Ludwig, un ami, il décide en 2020 de créer l’association Les Bons Jouets dont le but est de lutter contre le gaspillage et permettre à des familles démunies, l’achat à très petit prix de jeux et de jouets. Jérôme quitte son emploi d’agent en déchèterie et se consacre bénévolement à l’association. Avec sa compagne, qui travaille à l’extérieur, il organise au mieux son temps pour aussi accompagner son fils coeliaque (intolérance au gluten) et proposer ses services au voisinage. Grâce à un artisan de Peillac, qui propose de louer à l’association un hangar de 120 m² à un prix modeste, l’association ouvre ses portes au public, non loin du bourg.
 

« Avec Ludwig, on a passé six mois à le remettre en état et à aménager des rayonnages pour présenter les jouets, uniquement avec des matériaux de récupération. C’est une ambiance bon enfant qui nous réunit ! »

 
Dans cette caverne d’Ali Baba joyeuse et colorée, les yeux des enfants -et de leurs parents- ne peuvent s’empêcher de briller. Jouets en tout genre, poupées, voitures miniatures et châteaux-forts, jeux de société, livres, bandes dessinées, déguisements, objets de décoration de la chambre s’étalent sur les présentoirs. Rangés mais pas trop…
 

« L’idée est d’essayer de récupérer 100 % des jouets amenés en déchèterie, ceux que les habitants nous apportent et de parvenir au zéro déchet. Les coûts consacrés à l’enfouissement sont un gâchis. Dans notre association, c’est le principe de donner plutôt que de jeter qui prévaut. Nous essayons aussi de compléter les pièces manquantes des jeux, de réparer tout ce qui est défectueux, de nettoyer pour offrir une nouvelle vie au jouet. »

Rapidement, s’est imposée la vente à prix libre. Chacun donne ce qu’il veut en fonction de ses possibilités. Un enfant peut ainsi s’acheter un jouet avec sa petite pièce de dix centimes et repartir joyeux de sa bonne affaire.
 
Rapidement, l’association s’est trouvée submergée par la masse d’objets collectés et récupérés. D’autant que se sont vite ajoutés d’autres objets destinés à être détruits : vaisselle, meubles, biens en tout genre… Alors les bénévoles se sont mis en quête d’un second local et proposent désormais un dépôt, dans un bâtiment de 300 m².
 

« Chacun peut venir y fouiner, déposer ou acheter ce qui lui convient avec ce même principe de prix libre. Ce n’est pas une recyclerie mais un lieu de stockage. On prend tout sans ne rien jeter car même une assiette un peu ébréchée, une lampe défectueuse peut intéresser quelqu’un pour être transformée, détournée… »

 
Parmi les objets récupérés, il y a ceux en provenance des six recycleries et ressourceries du territoire, ceux que les habitants apportent directement, ceux qui sont récupérés dans les vide-maisons ainsi que les jouets défectueux donnés par les magasins spécialisés et les grandes enseignes.
 

« Nous travaillons ensemble et non côte à côte, réunis par cette même philosophie d’une lutte contre le gaspillage et d’une sobriété retrouvée. Un leitmotiv nous rassemble : écologie, réemploi, justice sociale. »

 
Aujourd’hui, l'association compte vingt-quatre membres. Le budget s’équilibre, l’argent collecté sert à payer le loyer, les charges et à améliorer l’espace boutique. Le recrutement d’un salarié chargé de la gestion administrative et de la communication est prévu en 2026. Un partenariat est également souhaité avec des établissements scolaires pour sensibiliser les jeunes au tri et à la revalorisation des objets. En attendant, rendez-vous le 6 décembre à la boutique, le Père Noël sera présent toute la journée (il est aussi responsable des déchèteries et du recyclage, d’une communauté de communes voisine !)
 
 
Les Bons jouets
La Croix de la route, Peillac
06 67 42 09 69
lesbonsjouets56@gmail.com
ouvert les vendredi, de 13h30 à 16h et le samedi de 10h à 18h
Facebook association Les Bons Jouets
 
Dépôt Les Meubles de l’asso
La Bécharderie, Peillac (route de Prameux)
Ouvert le vendredi de 9h30 à 12h30
Un samedi par mois, prochain le 13 décembre.