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10/04/2014

Le conteur Pépito Matéo ouvre sa porte secrète



Il n'y a pas de démarcation entre ce que tu vis et ce que tu fais, ce que tu fabriques, même si c'est du théâtre, du rêve, il faut que ce rêve corresponde à quelque chose qui est important pour toi et que tu as envie de partager avec les autres.(…)
 
Pour moi, si la tradition existe, c'est parce que justement elle a pris la forme du présent au cours des temps, de telle sorte qu'on retrouve le Petit Chaperon Rouge en Chine, en Italie, en Afrique sous des formes différents. Je n'ai pas été bercé par les contes traditionnels. Je suis venu à cette parole racontante par l'imagination. (…)
 
La liberté du rêve est déjà en soi, pour moi, un outil de révolution et d'émancipation.(…)
 
On est dans un monde aujourd'hui où tout est clair, on a les informations du monde, tout nous est donné, tout est plat. Lorsqu'on a affaire à quelqu'un qui parle mal ou qui dit des choses qu'on n'a pas l'habitude d'entendre, on doit faire un chemin pour aller jusqu'à lui. (…)

Ce qui me passionne aujourd'hui, c'est cette question : il faut faire un effort pour aller vers l'autre.(…)
 
L'étrange et l'étranger c'est pareil. Mon père, par exemple, sa parole était un peu étrange, étrangère, donc nous, les enfants, ça nous faisait rire. Il disait parfois des mots qui faisaient deux images. J'ai entretenu cette question là que les mots disaient autre chose que ce qu'ils voulaient dire. (…)
 
Quand on écoute quelqu'un, des fois, on fait l'école buissonnière, on a entendu un truc et hop, c'est parti. (…)
 
Mon père n'avait pas été à l'école, je ne savais pas si j'étais moi-même au bon endroit. Je pense que beaucoup de jeunes, notamment issus de l'immigration, sentent qu'ils ne doivent pas apporter leur culture à l'école et ça c'est une grande erreur : il faut apporter ce que l'on est. (…)
 
Dès que vous allez dans un quartier populaire et que vous commencez à raconter une histoire, ils se mettent à raconter eux-mêmes, ils rigolent, vous sentez que ça leur fait du bien parce qu'ils prennent de la distance par rapport à leurs difficultés ; le réel devient presque imaginaire . (…)
 
Quand on faisait des ateliers en prison, les mots avaient une importance énorme. Ils poussaient les murs, les mots. Ils sont très étonnés que leur parole soit entendue, que les mots aient du poids. Il y en a qui se révèlent à travers ça.   »

Recueilli par Marie-Anne Divet et Michel Rouger
 


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