Rebelles non-violents

Le peuple est seul capable

Jeudi 29 Mars 2012


Le peuple est seul capable
Sur ce qui s'est passé à Toulouse, il faut bien sûr, comme le dit notre Président, éviter les amalgames et la stigmatisation. L'amalgame serait de ne pas distinguer entre les Musulmans et les extrémistes fondamentalistes qui, eux, mènent une guerre sainte contre l'Occident et contre les Musulmans modérés. Il importe d'utiliser le mot guerre car c'est le mot juste qui permet de voir clairement la situation. Il est regrettable que beaucoup de gens évitent de l'utiliser par souci de non-stigmatisation. La stigmatisation serait d'accuser les Musulmans. Par contre, il importe de stigmatiser ceux qui mènent cette guerre. Car il s'agit d'une véritable guerre avec ses zones violentes et zones de guerre froide.

Cette guerre a un aspect international indéniable : en pointe avec les conflits israélo-palestinien, afghans, irakiens, nigériens, soudanais..., en arrière plan avec les milliers d'école coraniques dans le monde où l'on apprend la haine, les milliers de prêcheurs fondamentalistes dilués dans le monde (Indonésie, Inde, Moyen Orient, Maghreb, Afrique et dans les pays occidentaux...), avec le puissant conflit suno-chiite qui pousse à l'escalade, avec les énormes soutiens financiers issus des pays pétroliers et des trafics de drogue ou d'armes, etc.

Elle a un aspect européen et en particulier français qui me semble être pris au sérieux et dans sa véritable dimension par certains gouvernants européens (pas tous) et leur services de police, mais qui n'est pas encore vraiment pris en compte par la population (hormis ceux qui sont en première ligne dans les banlieues). Or, c'est un point capital et un vrai problème. Point capital parce que cette guerre ne peut être gagnée qu'avec la participation du peuple français et tout particulièrement avec la participation engagée de nos populations musulmanes modérées. Vrai problème parce que cela suppose une éducation du peuple que les médias d'aujourd'hui ne font pas alors qu'ils sont seuls à pouvoir le faire. Education du peuple, cela signifie pour moi beaucoup de choses, par exemple de commencer par l'éducation des journalistes afin qu'ils acceptent d'appeler les choses par leur nom, de désidéologiser leur discours (qui pêche par excès de bien pensance et de politiquement correct) et d'avoir des approches plus pragmatiques. En clair, l'extrême droite disant des choses vraies sur ces thèmes, les journalistes prennent le contrepied et surfent sur des stratégies bien pensantes qui n'ont pour effet que de renforcer cette extrême droite qu'ils combattent à juste titre. Et partant de laisser le champ libre aux fondamentalismes. Il faut donc qu'ils n'en restent pas au "seul" contrepied et qu'ils évitent, en s'obnubilant, d'aller trop loin.

Ce genre de guerre moderne, mené non par des forces militaires mais par des franges populaires diffuses et nombreuses, ne peut se gagner par la seule action des Etats. Je mets donc en avant la nécessaire participation du peuple français et plus directement celle des Musulmans de France. L'éducation du peuple est un passage obligé, elle ne saurait cesser. Non pas une éducation morale ou partisane mais le parler vrai, les faits plus que les interprétations, la détermination du peuple contre l'inacceptable, contre le grignotage permanent des fous de Dieu et de leur religion... Le peuple est seul capable de redresser les excès de ceux qui se trompent de cible en luttant entre eux sur le plan idéologique au lieu de lutter contre les fondamentalistes.

Jean Marichez


A lire sur ce blog : Jean Marichez parle de Gene Sharp

P
eut-on être à la fois rebelle et non-violent ? commentaire de Jean Marichez

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Marie-Anne Divet
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Ce qui m'a intéressée dans les idées de Gandhi, c'est le choix. Ou de réagir à la violence par la violence ou de répondre, en me creusant la tête, d'une autre manière, qui respecte l'être humain, comme un autre moi-même. J'aime cette obligation de faire autrement, d'une façon active et créative, une manière d'être à l'autre et non d'avoir l'autre.
Pédagogue de profession, j'aime cette idée que nous puissions collaborer, lecteurs/lectrices, expert/e/s, pour partager nos questions, mettre en commun nos réflexions et mutualiser nos ressources pour agir au quotidien là où nous vivons.

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