Rebelles non-violents

L' école contre la barbarie d'Alain Bentolila

Dimanche 5 Mars 2017


L' école contre la barbarie d'Alain Bentolila
Alain Bentolila, professeur de linguistique à l’université Paris-Descartes, vient de publier « l’Ecole contre la barbarie  » où il formule 12 propositions susceptibles de rénover l'école. Parce que l'école pourrait être un " lieu de tolérance, de diversité culturelle, de résistance et d'humanisme ", ne serait-elle pas le meilleur outil pour lutter contre la barbarie ? 

Dans un entretien au Parisien, Alain Bentolila définit l'école comme un espace privilégié où se forge une " mixité spirituelle " qui s'appuie sur les grands mythes fondateurs comme  " la tour de Babel et le jardin d’Eden, l’Odyssée, Hercule, ou Prométhée ", barrage " face à ceux qui jouent sur l’incompréhension pour diviser, enfermer dans l’incantation, voire la haine. "

" La laïcité, écrit-il,  commença le jour où les hommes décidèrent collectivement d'imposer leur pensée au monde ; le jour où, ne se contentant plus de contempler passivement l'œuvre de Dieu, ils se donnèrent l'ambition d'interpréter, de transformer le monde et surtout de lui donner un sens social et spirituel par la force partagée du verbe. Oui ! Je dis bien que l'école laïque devra donner au monde qu'elle fait découvrir un sens «spirituel». La laïcité n'excluant en rien la spiritualité ; bien au contraire ! Elle engage maîtres et élèves à regarder vers le haut même s'il n'y a personne."

Une école ferme et bienveillante

Alain Bentolila met l'accent sur « l’insécurité linguistique ». Il reprend un thème qui lui est cher : un « enfant qui parle mal le français est vulnérable, il manquera de pouvoir et de réfutation. En un mot, il sera vulnérable face à des discours et des textes manipulateurs " disait-il déjà en mai 2015 dans un entretien à Marianne. " Un des droits fondamentaux du petit enfant est qu'on porte une attention constante à ce qu'il dit. Il a besoin qu'on lui donne régulièrement des mots nouveaux ; il veut voir dans les yeux de l'adulte que l'on accueille avec vigilance ses tentatives parfois maladroites mais toujours signifiantes. Il demande que l'on s'engage à ses côtés, avec autant de bienveillance et d'exigence que de constance... C'est de cette présence attentive, de cette écoute affectueuse et lucide, de cette parole ferme et bienveillante dont sont privés bon nombre d'enfants, quelle que soit leur appartenance sociale. Spoliés de cette médiation, certains élèves, si l'école ne les prend pas chacun en charge, risquent ainsi de s'engager dès 3 ans dans un long couloir qui les conduira à la vulnérabilité intellectuelle et à la violence. "



Lien avec la conférence du 7 décembre 2011 d'Alain Bentolila : Le pouvoir du verbe : parler, lire, écrire

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Pourquoi ce blog
Marie-Anne Divet
Marie-Anne Divet
Ce qui m'a intéressée dans les idées de Gandhi, c'est le choix. Ou de réagir à la violence par la violence ou de répondre, en me creusant la tête, d'une autre manière, qui respecte l'être humain, comme un autre moi-même. J'aime cette obligation de faire autrement, d'une façon active et créative, une manière d'être à l'autre et non d'avoir l'autre.
Pédagogue de profession, j'aime cette idée que nous puissions collaborer, lecteurs/lectrices, expert/e/s, pour partager nos questions, mettre en commun nos réflexions et mutualiser nos ressources pour agir au quotidien là où nous vivons.

Marie-Anne Divet