Rebelles non-violents

Des femmes contre le militarisme et la guerre de C. Cockburn

Jeudi 23 Juin 2016


Des femmes contre le militarisme et la guerre de C. Cockburn
En 2001, dans une conférence qu'elle donnait à des étudiants japonais, la chercheuse anglaise Cynthia Cockburn disait déjà : " A travers la participation depuis de nombreuses années à un réseau international d’intellectuelles – “femmes dans les zones de conflits” –, basé au Canada, j’en suis venue à voir comment les expériences de guerre des femmes étaient différentes de celles des hommes. (...). Il y a un fil qui court entre la violence dans la vie de tous les jours (le coup de poing) et la violence dans la guerre (les tanks et les missiles). Ce lien est le genre ; précisément, c’est la culture masculine de la violence, dont une fonction est d’intimider et contrôler les femmes. Ainsi, la culture fait de la vie des femmes une zone de guerre même en temps de paix."

Depuis les années 1980, elle a longuement interviewé des hommes et des femmes, membres de collectifs au Royaume-Uni, en Irlande du Nord, en Turquie, en Bosnie, à Chypre et en Israël, entre autres. Elle est elle-même membre active du collectif « Femmes en Noir contre la guerre ».

Divisé en trois chapitres, "Des femmes contre le militarisme et la guerre" parle de la naissance du mouvement anti-militariste en Grande-Bretagne. Elle analyse cette période clef  d'une « nouvelle conscience féministe »  de l'après-guerre où les femmes revendiquent non seulement le désarmement nucléaire et l’instauration de la paix, mais aussi leur émancipation. C'est l’action des femmes de Cardiff qui, en 1982, ont marché cent soixante kilomètres pendant dix jours pour arriver à la base militaire de Greenham Common où elles ont campé pendant cinq ans en se relayant avec les 30 000 femmes engagées dans le mouvement. Grâce à la méthode mise en oeuvre, le lien s'est fait entre paix et revendications féministes.

Dans le deuxième chapitre, il est question du mouvement des  "Femmes en noir" de Serbie. Le troisième chapitre expose les idées de Cynthia Cockburn sur une théorie féministe de la guerre. L’auteure démontre comment la guerre et la violence reproduisent des rapports sociaux de sexe inégaux et met en évidence la contribution des mouvements féministes antimilitaristes à la paix.

Dans sa préface, Arielle Denis, directrice de la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires et coprésidente du Mouvement de la paix, écrit : « À la lecture de cet ouvrage, j’ai formulé le vœu que toutes les jeunes filles puissent le lire, qu’elles rencontrent ces luttes et ces analyses, qu’elles perçoivent un instant le monde à travers elles, qu’elles s’inspirent du courage de leurs aînées, et, dans la joie et le plaisir de leurs luttes, construisent avec leurs sœurs un bout de chemin vers la paix » 



Cynthia Cockburn, Des femmes contre le militarisme et la guerre, Paris, La Dispute, coll. « Le genre du monde », 2015, 167 p., préf. Arielle Denis, trad. Séverine Sofio, ISBN : 978-2-84303-252-3.


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Marie-Anne Divet
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Ce qui m'a intéressée dans les idées de Gandhi, c'est le choix. Ou de réagir à la violence par la violence ou de répondre, en me creusant la tête, d'une autre manière, qui respecte l'être humain, comme un autre moi-même. J'aime cette obligation de faire autrement, d'une façon active et créative, une manière d'être à l'autre et non d'avoir l'autre.
Pédagogue de profession, j'aime cette idée que nous puissions collaborer, lecteurs/lectrices, expert/e/s, pour partager nos questions, mettre en commun nos réflexions et mutualiser nos ressources pour agir au quotidien là où nous vivons.

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