27 Novembre 2013 - écrit par - Lu 2965 fois

Mémoire courte


Mémoire courte
PROCES A CHARGE CONTRE LES CHARGES

Ce matin, comme souvent, sur le coup de midi, je parcourais la rue centrale de ma petite ville, entre mon boulanger et mon boucher et découvrais leurs vitrines barrées d'un calicot noir ou s'affiche en lettre blanche : "Sacrifié mais pas résigné !". Moi qui les voyais prospères - faut dire qu'ici les prix sont à l'unissons des moyens d'une clientèle majoritairement CSP+ -  je les découvre écrasés par "les charges et les taxes"; "Si si monsieur"  insiste mon boucher devant mon air perplexe, sous le regard énigmatique de ses deux commis.Courage fuyons - momentanément - le débat. On m'attend à la maison !

ON EST BIEN SOIGNES, ICI.

Je ne résiste pas cependant à faire un petit crochet chez Mme Nguyen, l'irrésistible traiteur asiatique de la grand place. Voila bien quinze jours que je n'ai pas dégusté ses succulentes pâtes de riz aux crevettes car elle avait fermé boutique.
- Alors ces vacances, c'était bien venu !
Elle habituellement si rayonnante et volubile, d'un air triste et fatigué :
- Non, je n'étais pas en vacances. Je suis malade et je vais devoir fermer régulièrement pour suivre mon traitement.
Prévenant ma confusion elle poursuit :
- Mais ça va, je suis bien soignée. Chez moi je serais déjà morte parce que je n'aurais pas eu les moyens de m'arrêter et de payer le traitement dans un bon hôpital.
Et de poursuivre pour changer de conversation.
- C'est pas facile pour nous les commerçants, avec toutes ces charges... Vous avez vu les affiches noires ?


FLASH BACK

Cette anecdote me replonge bien des années en arrière. Fils et petit fils d'artisans teinturiers j'ai le souvenir vivace des débats qui animaient les repas de famille entre mon père - alors salarié - et ma grand mère, sur l'opportunité de souscrire une retraite volontaire. Au moment où le président Pompidou a fait voter l'alignement des cotisations retraite des commerçants artisans sur le régime général les débats furent très vifs. On était en 72. Ma grand mère était en retraite, mais sans pension, n'ayant jamais cotisé, touchant seulement le minimum vieillesse versé par l'état, logée et prise en charge par sa seule fille sans charge d'enfant. 20 ans plus tard mes parents - ayant payé toute leur vie professionnelle les charges sociales au grès des régimes correspondant à leur statuts sociaux successifs - bénéficiaient d'une retraite leur assurant un pouvoir d'achat certes modeste mais finalement plutôt meilleur qu'en activité. Jamais je ne les ai entendu se plaindre des charges et des taxes.




              

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