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"On ne peut pas peindre du blanc sur du blanc, du noir sur du noir. Chacun a besoin de l'autre pour se révéler" (proverbe africain)
L'argile d'Hadji
Toi, la Terre, l’argile que je façonne aujourd’hui, je te pétris, je te malaxe comme je fais le pain de la journée. Mon métier de boulanger me donne les mêmes sensations mais avec toi, les odeurs et les souvenirs me reviennent. Aujourd’hui, je retrouve mon enfance. Je suis là avec toi, l’argile achetée en paquet en France, il sortira de toi des petits jouets pour des enfants français, je vais les fabriquer mais il y a bien longtemps, te souviens-tu ? 

J'étais dans mon village en Afrique. Là où seulement les femmes des forgerons ont le privilège de t’extraire et de te façonner. C’est entendu, quand on est petit, on nous dit : « C’est sacré, seule la femme du forgeron connaît les mots magiques pour sortir la terre et la travailler. » Dans mon village du Mali, c’est connu, c’est sacré, la terre à poterie est réservée à la femme du forgeron. Ne me demandez pas la raison, c’est ainsi.

Alors nous, les petits, on utilise une autre terre, la terre bien différente, celle remuée par les petites bêtes… vous savez, les termites. Toi, la Terre, celle de mon enfance, te souviens-tu des nuits et des petits matins où j’allais te chercher avec les copains ? On se mettait nus pour éviter que les termites s’accrochent à nos vêtements. En cachette des mamans, nous partions à ta recherche. Puis, agile, inventif, chacun d’entre nous modelait sa petite voiture. Dissimulées sous les feuillages, elles séchaient et nous attendaient pour « La course de voitures du siècle ». Vitesse, imitation des vroum-vroums, accidents ! Certaines autos n’en sortaient pas indemnes, c’était le but du jeu.
Tags : cogite Atout migrants texte poétique

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Diogo, travaille à Béthune, où il est arrivé adolescent. Comme Mamadou, il est retourné pour la première fois au pays, en congés. Il raconte, avec le concours de Doriane, de l'association "Cogite atout"


Avec ma grand-mère
Avec ma grand-mère
Bonjour ma terre de Guinée que j'ai retrouvée le temps d'un congé d'ouvrier, le temps de me reposer du travail des chantiers.

Au réveil, le matin, ne pas savoir ce que l'on mangera, ce que l'on fera. C'est le hasard qui décidera. Le temps qui passe n'a pas d'importance.

D'abord chercher l'eau fraîche au marigot, pour la grand-mère. Sur le retour, ouvrir la porte du poulailler, entendre le coq chanter, leur donner leur part du déjeuner : le maïs.

Puis, avec la grand-mère, aller à l'étable saluer les vaches, approcher la calebasse du pis d'une vache et la traire, comment faire ? Grand-mère caresse le dos, les pattes, tout en manipulant les mamelles. Prendre juste ce que l'on a besoin pour ne pas priver les petits veaux. Le lait tout chaud remplit la calebasse.

Ensuite, aller derrière la case au stock de bois et casser les branches pour le feu. Le soleil est arrivé. Là, les oiseaux chantent dans les arbres. Ma grand-mère a le plaisir de les nommer et elle m'apprend à les reconnaître. 
Tags : Cogite Atout Guinée migrant retour au pays

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Le bonjour de Mamadou à sa terre du Mali
Bonjour, ma terre du Mali ! Heureux de te revoir après autant d’années.
Pas de temps à perdre, j’arrive au village et il faut déjà te travailler. Me voilà dans les champs de ma mère, c’est la récolte des arachides. La terre en a donné beaucoup cette année. Il faut vite les arracher avant la saison des pluies.

 Je retrouve les gestes d’avant, le plaisir de travailler avec mes frères : j’aurai mal aux muscles ce soir, c’est un autre effort, un autre travail de force que celui de mon métier de boulanger. 
Oui, en France je suis boulanger. Je travaille toute la nuit et je ne vois pas beaucoup le soleil. Ici, au Mali, le dos courbé dans le champ, je sens ma peau chauffer au soleil. J’avais oublié cette sensation. 

J’entends au loin l’arrivée de mes amis, mes amis les ânes. J’aime beaucoup les diriger, les commander. Ce sont des animaux courageux. Ils vont pouvoir transporter les arachides jusqu’au village, jusqu’au marché. 

Toi, la terre où je suis né, tu me reçois aujourd’hui, mais je vais bientôt rentrer dans mon nouveau pays, la France qui m’a accueilli.

Le lendemain, je me lève à quatre heures. C'est  jour de  construction.  Tout le village se réveille,  je rejoins les jeunes pour creuser la terre.  Toi,  la terre,  je vais te creuser avec tous mes amis et tu vas devenir une maison.  Beaucoup de garçons ont une pelle à la main,  des jeunes filles partent chercher l'eau.  Les musiciens arrivent pour nous encourager : on entend les doundouns,  la flûte,  ça chante, ça crie, ça danse, ça s'agite.  La terre vole, les cailloux se mélangent au sable et au ciment.

Petit à petit,  la maison se construit les personnes plus âgées conseillent, montrent les gestes. Des femmes, ensemble, préparent le repas pour la pause avec les légumes du jardin :riz, patates douces. C'est la fin du chantier. L'argent est donné pour la caisse des jeunes. Ils pourront acheter de quoi préparer pour la fête du Ramadan qui approche.  Moi, je serai déjà loin dans mon pays, la France, mais je suis si content d'avoir participé.

Mais, ton ciel noircit, tu pleures ? La pluie arrive, l’eau coule partout. Plus moyen de sortir. La boue est partout. Le chemin pour aller en ville est coupé, inondé. 
La moto ne pourra pas passer. Je vais rester chez toi quelques jours de plus pour attendre que tu te calmes, et que tu me laisses partir. Mais je reviendrai te voir un jour.

Mamadou

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Tags : arachide Mali migration retour aux pays

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Pourquoi ce blog
Michel Rouger
Comme Ulysse, ils et elles ont fait un long et douloureux voyage. Ils sont jeunes et ils ont une sacrée expérience de la vie. Ils se posent des questions et ont des rêves… enfin pas trop, car ils n’ont pas le choix, ils doivent aller de l’avant pour faire leur trou en France. Ils ont la crainte de ne pas savoir faire et l’espoir d’y arriver un jour.
Diogo, Mamadou, Abdul, Fatima, Abbas et les autres vous souhaitent la bienvenue dans toutes les langues et vous convient à découvrir qui ils sont et ce qu’ils font.