Menu

Marc Loyon photographie le quartier de son enfance


4 Décembre 2019

En 2018, le photographe rennais Marc Loyon répond à une commande du Centre de ressources et d'études audiovisuelles de Rennes pour une résidence photographique à Villejean, à l’occasion des 50 ans de l’université. L’artiste, 52 ans, spécialisé en photographie d’architecture, est ravi : c’est le quartier de son enfance. Il ressort de sa déambulation vingt-et-une sessions de prises de vue et plus de deux cents photos qu'il expose régulièrement.


loyon.mp3 Loyon.mp3  (2.94 Mo)


Marc Loyon sillonne le quartier. Son regard de photographe se concentre sur l’avenue Gaston-Berger. D’un côté, les tours, les résidences, l’activité commerçante… de l’autre, l’université. L’œil expert tente de déceler des liens visuels entre ces deux parties. Marc s’intéresse à la marge, à la frontière, ce qui relie visible et invisible. D’habitude, il aime se faire surprendre par un paysage, un territoire. Ce jour-là, il retrouve Villejean, le quartier de son enfance et de son adolescence :
« Je déambulais sur un territoire connu, des endroits évocateurs, confie-t-il. Des souvenirs refaisaient surface mais finalement, sans grande surprise… Les lieux sont différents de ceux de mon enfance mais pas tant que cela. C’est surtout le quartier du Berry qui a changé. J’ai eu plaisir à re-découvrir ces endroits. Le plus impressionnant, c’est le changement de population. »

Alors, Marc a souhaité aussi photographier les gens, ceux qu’il a croisés durant sa résidence d’artiste. Il en ressort une galerie de portraits de villejeannais, étudiants, habitants, personnel de l’université, ouvriers… Les visages viennent rythmer les vues de bâtiments, de rues, de matière minérale…

De la chimie à la photographie

Très tôt, Marc Loyon a fait de l’architecture, la matière de son travail artistique. Après une année à l’IUT de chimie de Rennes en 1988, il passe un deug en physique-chimie à la faculté de Rennes-Beaulieu. Mais c’est la photographie qui le passionne. Un oncle lui a transmis le virus. Un professeur de l’IUT le conforte dans son choix. Il part alors à l’université d’Aix-Marseille pour y passer une maîtrise en photographie. Il commence à travailler à l’inventaire des monuments historiques. C’est là que son goût pour la photographie d’architecture s’affirme.

Il revient à Rennes et s’installe comme photographe professionnel. Assez rapidement, il est sollicité pour animer des formations et devient responsable à la Chambre de métiers. Il part quelques mois vivre au Brésil et revient à Rennes en 1998 pour y créer son studio. Il se spécialise alors dans la photographie d’objets et poursuit en parallèle, un travail personnel sur l’aménagement du territoire, la photographie d’architecture ou de paysage.
 
Un quartier qui sent bon l'enfance

Les parents de Marc s’installent à Villejean en 1968.
« Nous habitions rue du Bourbonnais dans un immeuble de quatre étages, raconte Marc, j’étais scolarisé à l’école Jean-Moulin. Il y avait déjà des scissions avec les classes populaires et classes moyennes logées dans les tours. Dans le bas de Villejean et le long de l’avenue Gaston-Berger résidaient les « propriétaires ». On retrouvait dans la configuration du quartier les frontières entre ces milieux populaires distincts. Le quartier était comme coupé du reste de la ville. Se rendre au centre-ville était une expédition ! Il fallait prendre le bus pendant vingt-cinq minutes, emprunter la rue de Brest… c’était toute une histoire ! »

 
Un brassage culturel, déjà

Marc a le souvenir d’une population déjà métissée, des fonctionnaires, beaucoup d’enseignants, des harkis revenus d’Algérie, plus tard, des migrants venus d’Asie notamment du Laos :
« Les enfants étaient intégrés à l’école et on se côtoyait sur la cour de récré. On jouait au foot, un peu au tennis. Les relations entre les familles passaient bien souvent par le sport. »
La maison de quartier de Villejean réunit les enfants de l’ensemble du quartier, du nord au sud. Il y avait aussi la Maison verte, lieu d’accueil d’enfants, de parents, devenue lieu de rencontre et de brassage culturel.
« La manifestation la plus importante que j’appréciais tout particulièrement, c’était la fête de la Saint-Jean, le 21 juin, jour de l’été, poursuit Marc. Des tournois de foot étaient organisés au Berry, de belles occasions de rencontres amicales. J’ai un vague souvenir de feu d’artifice mais peut-être ne s’agit-il que d’un rêve, quelque chose que j’aurais vraiment désiré. »
Le plus beau moment de son adolescence, c’est la victoire de Mitterrand en 1981. C’était, se souvient Marc, un moment de fête inoubliable :
« Je me souviens de ce mélange de gens qui n’avaient pas l’habitude d’être ensemble, qui se retrouvaient soudain coude à coude sur les trottoirs, dans les rues, au balcon à applaudir. Ça klaxonnait dans les rues… On s’est retrouvé dans l’appartement d’un voisin, un couple d’enseignants, à boire le champagne ! Ce sont des souvenirs d’enfance et d’adolescence plutôt joyeux, dans un quartier sympa. »

Texte : Tugdual Ruellan
Photos : Marc Loyon.
Deux ouvrages à paraître en fin d'année
 
Les photos de Villejean de Marc Loyon ont donné lieu à une exposition, organisée à la galerie de l’université, la Chambre claire. Le Crous, Centre régional des œuvres universitaires et scolaires de Rennes, a en projet d’exposer quelques clichés à long terme au Métronome, restaurant universitaire. Deux ouvrages vont paraitre en fin d’année : «  De la limite à la marge », Filigranes éditions, travail photographique réalisé à la suite d’une résidence à Douarnenez et  « Contours », aux Editions de Juillet, travail réalisé avec la photographe Delphine Dauphy et le Musée de Bretagne.

Site de Marc Loyon ICI





Tags : photographie



1.Posté par Raymond VALLEE le 13/12/2019 15:16
Très bon reportage, belles photos et bonne analyse du quartier Villejean et de son évolution.

Nouveau commentaire :



Les petites leçons d’égalité d’Élise Gravel

On a la dalle, Kennedy ! 3° édition

Sêma Lao met de la couleur à Villejean

Au marché, par Clovis Gicquel



Vous les avez déjà rencontrés sur histoiresordinaires.fr

Ahmed, le président d'Avicenne, a changé l'image de la "mosquée"

Un jour, le médecin généraliste transmit enfin ses combats

Pour Béatrice, être caissière, « c'est bonheur »

Sur Breizh Femmes

Avec trois Villejeannaises, Magguy, Monique et Isabelle