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Emmanuelle invite les femmes à sortir


10 Janvier 2019


Le Centre Culturel Avicenne de Rennes Villejean (rue du Recteur Paul Henry)
Le Centre Culturel Avicenne de Rennes Villejean (rue du Recteur Paul Henry)

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Emmanuelle Balcou, Bretonne, propose des activités aux femmes au sein du Centre Culturel Avicenne pour les inciter à sortir de chez elles : faire de la gym, apprendre à rouler à vélo, découvrir le français... Elle organise aussi des activités pour les enfants pendant les vacances scolaires. L'information passe par le bouche à oreille.

Tout a commencé par « des activités sportives réservées aux femmes où elles peuvent venir avec leurs enfants.  J'ai toujours aimé le sport depuis toute petite, précise Emmanuelle, la boxe douce sans contact, le fitness, le mix martial art (MMA)... Pour la boxe, j'ai pris quelques cours et mon mari m'a beaucoup aidée. En arrivant sur le quartier de Villejean, en 2015, j'ai proposé cette activité au Centre Avicenne. ».

Au départ, il y avait trois séances par semaine qui réunissaient au total 35 à 40 personnes, y compris le fitness et la boxe sans contact.  L'organisation de la gym au Centre Avicenne a bousculé quelques personnes. « En 2017, nous avons fusionné l'activité gym avec l'association Mosaïque : c'est au gymnase Kennedy, rue de Lorraine. Il y avait déjà une activité gymnastique à Mosaïque. Je me suis axée davantage sur la gym douce, le fitness. » Les cours ne sont pas réservés aux femmes musulmanes : « On peut, en effet, comprendre que c'est compliqué pour une femme non musulmane de venir au Centre Avicenne. » C'est l'une des raisons du déménagement de l'activité. 
 
Avec les enfants
 
Aujourd'hui, Emmanuelle anime deux des trois cours, Martine, une éducatrice sportive, le troisième. Les participantes sont désormais moins nombreuses car il y a moins de séances le matin : une vingtaine de personnes y participe. « Si la direction des sports nous donne plus de créneaux, nous pourrons augmenter les séances du matin. » Le « petit plus » souligne Emmanuelle : « Les mamans peuvent venir avec leurs enfants. Ils sont à côté et ils jouent ensemble. » Malika, bénévole de Mosaïque, canalise les enfants et vérifie que tout se passe bien. C'est l'un des points forts de toutes les activités. Les enfants sont fiers de voir leur maman faire du sport.. « Contrairement à une idée reçue, estime-t-elle, les enfants ne sont pas un frein ! » Elle répond aussi à « une demande de pouvoir faire du sport dans un endroit réservé aux femmes. »
 

L'apprentissage du vélo se pratique sur une zone sécurisée, près de la Cité Judiciaire
L'apprentissage du vélo se pratique sur une zone sécurisée, près de la Cité Judiciaire
Elles avaient peur de faire du vélo

Avec la Maison du Vélo, Emmanuelle, propose , le samedi matin, cinq à huit séances pour apprendre à faire du vélo, dans un espace sécurisé, près de la Cité judiciaire. Un animateur de l'association Roazhon Mobility, Sébastien His, donne des conseils individuels à chacune des cinq participantes. L'association prête casque et vélo. « Elles se sentent valorisées. Quelques-unes avaient simplement peur de faire du vélo. Et il n'y a aucun frein chez les femmes pour cette activité ! »

Ici, les enfants ne peuvent pas venir « Et j'ai été agréablement surprise, note Emmanuelle, les papas se font un plaisir de garder les enfants pendant que les mamans apprennent à faire du vélo. Ils sont très contents que leurs femmes puissent ainsi  participer à cette activité. »  Emmanuelle imagine déjà lancer un deuxième groupe. Et pourquoi pas des sorties en vélo avec les femmes et les enfants ?  « Là, on essaie de motiver un petit groupe d'hommes. C'est plus compliqué. Ils ont du mal à dire qu'ils ne savent pas faire de vélo. »

Sa fille lui fait réciter sa poésie

C'est un autre sport : les cours de français réunissent une quinzaine de personnes le mardi matin. La demande est très importante même chez les hommes. Mais pour l'instant la formation est réservée aux femmes. Là aussi, elle peuvent venir avec les enfants. Les participantes viennent de pays très variés (Maroc, Algérie, Tunisie, Égypte, mais aussi Russie, Tchétchénie...) et habitent dans divers quartiers de la ville, Villejean, Patton, centre ou sud de la ville.  « Cette diversité enrichit toutes les participantes. » Certaines habitent à Rennes depuis dix ou quinze ans. La formation porte sur l'écrit, l'oral, la prononciation...

La méthode est classique. Elle se déroule en trois temps : d'abord une leçon, puis une séquence d'écriture et ensuite des "devoirs" à la maison avec parfois des poésies à apprendre, des histoires à lire aux enfants : « Elles sont motivées et travaillent chez elles . L'une a raconté comment sa fille lui fait réciter sa poésie. » Mais  tout n'est pas simple. « Certaines mamans ont aussi des difficultés à comprendre ce que leur écrit la maîtresse dans le cahier de liaison. Pour elles, nous aimerions lancer d'autres groupes. » Cette activité crée du lien au sein de la famille, entre les parents et les enfants . Elle facilite aussi les relations avec l'école.

Pendant les vacances scolaires, hiver, printemps, été, Emmanuelle propose des activités aux jeunes enfants au Centre Avicenne avec Djalila, salariée du Centre : paperolles (1), atelier cuisine, jeux de société, bracelets de perles... C'est un centre de loisirs associatif, gratuit sur inscription ou avec participation aux frais pour la patinoire, par exemple. Lors des dernières vacances d'hiver, 47 enfants ont patiné.

Boxe et Jiu Jiu-jitsu...

Enthousiaste, convertie à l'islam en 2012, la jeune femme tente ainsi de créer des liens entre les gens. Elle est membre du conseil d'administration du Centre Culturel Avicenne. Avec une formation à la négociation commerciale, elle a le contact facile et elle aime ça. Mariée à Wamaid, elle a trois enfants de 9 mois à 11 ans. Aujourd'hui elle prépare un diplôme d'aptitude à l'enseignement du Français langue étrangère avec le Cned. 

Elle a des idées plein la tête ! Elle voudrait les transformer en projets : stage de patinage, sports de combats (boxe, jiu-jitsu brésilien...) « avec une femme coach. » Une réflexion  est engagée entre le Centre Culturel Avicenne et la Maison de la santé pour l'organisation d'un stage de sport de combat. « Ça permet aux gens de faire autre chose, de se retrouver dans un contexte différent... » 

 Elle aimerait aussi un créneau horaire réservé aux femmes à la piscine : elle a écrit un courriel en ce sens à la mairie et reconnaît que cette demande pose problème dans un espace public. Tous ces projets seraient réservés aux femmes.  Emmanuelle Balcou veut ainsi aider les femmes à mieux s'insérer dans la société : « On peut faire plus ensemble. »

Jean-François Bourblanc

Les activités animées par Emmanuelle Balcou sont coordonnées par le Centre Culturel Avicenne
• Gymnastique : 100 € par an (avec la carte Sortir de 20 à 30 €)
• Vélo : 15 € d'adhésion à l'association. Le Centre culturel Avicenne paie 10 €. Le coût final est de 5 €. 
• Français : gratuit.
• Activités enfants : gratuit.

Voir aussi sur Histoires Ordinaires :

• Rencontre avec Ahmed le président d'Avicenne  

• Le témoignage de Lahcen, président de Mosaïque



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