Violence de l'urbanisme, non-violence de l'urbanité

Vendredi 22 Février 2013


La revue Alternatives non-violentes dans sa dernière publication nous invite à regarder la ville autrement. Autrefois, lieu de rencontre structuré autour d'un clocher, de commerces et d'une mairie, la cité d'aujourd'hui est faite souvent de pièces disparates, celles où on travaille, celles où on dort, celles où on s'amuse...

Que se cache-t-il derrière les vitres opaques des tours d'affaires ? Qui survit dans les couronnes des métropoles ? Ne soyons pas défaitistes, il y a aussi des initiatives citoyennes pour se réapproprier l'espace public, de nouvelles pratiques participatives pour faire de la ville "notre ville" et des urbanistes qui créent les conditions du bien-vivre ensemble. Donnons la parole à Françoic Vaillant, rédacteur en chef de la revue.




Violence de l'urbanisme, non-violence de l'urbanité

C’est l’homme qui façonne les villes mais il oublie parfois que ce sont aussi les villes qui le façonne. Les violences urbaines, petites et grandes, ne résultent-elles pas souvent de ces quartiers et villes déshumanisés, où les circuits de communication n’aboutissent qu’à des supermarchés et rocades, où la communication sociale est impossible, où le paysage n’a rien de palpitant pour l’esprit ?

Qu’ont realisé les urbanistes ces dernières années, si ce n’est d’encore promouvoir le tout voiture, le commerce de masse, au détriment d’un urbanisme favorisant avant tout les relations humaines ? Le vocabulaire ne s’y trompe pas. Le mot logement a détrôné celui d’habitation, lequel signifie un lieu avec une vie sociale et une histoire, un rapport à autrui, à la nature et au cosmos. Nous construisons toujours massivement des empilements de logements à la verticale au lieu de concevoir des habitations, des villes avec des centres villes, des lieux où il fait bon vivre tous ensemble, sans le bruit des voitures et leur pollution.

Face à cet urbanisme dominant, une tendance actuelle consiste à réfléchir sur le lien entre urbanisme et démocratie. Il en ressort la notion d’urbanité. Avec elle, la ville est alors considérée comme le lieu d’une qualité de vie capable de developper une éthique de la coexistence grâce à laquelle il est possible de vivre des rapports sociaux non-violents. En d’autres termes, l'urbanité est la qualité des hommes à vivre tous ensemble en ville grâce à des dispositifs urbains humanisants et respectueux de l’environnement.

Avancer en urbanité, c’est avancer vers plus de non-violence, en favorisant les échanges, les relations de voisinage, l’inévitable regulation non-violente des conflits dans le cadre d’un mieux vivre ensemble, y incluant un nouveau rapport à la nature et au cosmos. Les urbanistes ont du travail sur la planche ! C’est nouveau pour eux alors qu’ils auraient dû être les premiers à percevoir l’urgence de l’urbanité.

François VAILLANT

 

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Alternatives non-violentes
Centre 308
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A lire
Paul Blanquart, philosophe et sociologue, "Une histoire de la ville, pour repenser la société" Paris, La Découverte, 1997, nouvelle édition de poche en 2012.