Être femme est un jeu de dames

Si la Journée de la Femme a ses détracteurs, c'est quand même l'occasion de lancer des tracts tueurs. Dans les jeux de la société, le sexisme ordinaire est un tabou qui a le monopole. Il est temps de mettre cartes sur table et de trouver Charlie (prénom mixte). Être une femme, être un homme pour, en somme, faire une addition plutôt qu'une division.


00_etre_une_femme_est_un_jeu_de_dames.mp3 Etre une femme + "No Less Than A Woman" Lady Saw  (9.26 Mo)

Jeudi 8 mars 2012, c'est la trentième journée mondiale (mon dieu) de la femme. Cette journée est fustigée par certains, certaines parce que raccourcie (au départ, c'était journée internationale des droits de la femme), on a plus les droits parce qu'on les a ? Pourtant, cette journée est revendiquée par d'autres, permettant de mettre en avant les inégalités persistantes homme-femme, la violence envers les femmes à travers le monde entier, et rendre HOMMage aux femmes battantes et fortes qui, pour faire passer les autres, tiennent des portes battantes.

C'est ainsi qu'aujourd'hui, on nous abreuve de sondages mêlant tâches de ménage des ménages, des salaires en soldes (-20% quand même, c'est une affaire), le choix implicite entre la carrière et l'enfant comme le combat ambigu entre la culture et la nature, le choix même de l'enfant ou pas d'enfant... Mais qu'est ce qu'être femme, ici et maintenant ? Avant, c'était un jeu d'enfants ! Enfin disons, c'était clair, la femme était par définition à la maison, s'occupait des enfants, de l'intendance et de son mari. Maintenant, c'est un jeu de dames. Ni tout noir, ni tout blanc, l'univers est quadrillé, les enfants peuvent y jouer, les adultes aussi, mais on est maître de sa partie : des stratégies peuvent s'élaborer, des actions sont effectuées, des actes de tricherie sont dénoncés, la parole est levée avec tant de défis à relever... Seulement, la base des règles du jeu reste ce contact éternel avec la Nature, avec le rythme mensuel d'une respiration qui un jour, fait venir en soi un être humain à la vie, par l'amour d'un autre. Etre femme, c'est avoir cette responsabilité, c'est y penser, c'est faire son choix aussi. Mais quand on ne l'a pas ?

Être femme est un jeu de dames
« L'infertilité est un mot que beaucoup de gens ont honte de mentionner
Beaucoup de gens deviennent analphabètes quand ils arrivent à ce mot
Ils agissent comme si c'est un crime de ne pas avoir d'enfant
Moi je n'y crois pas, je n'ai pas d'enfant, je pourrai peut-être un jour
Pendant ce temps, je vais partager tout mon amour ».
No less than a woman (Infertility) Lady Saw.

Macha Meril a publié en 2008 le livre Un jour, je suis morte présenté ainsi : « Macha Méril parle magnifiquement de cette blessure inguérissable, de ce sentiment de n’être que femme à demi, puisque pour elle, on n’est femme qu’en étant mère. » On y parle alors de je cite « frustration obsédante ». Lady Saw, dans No Less Than a Woman (Pas moins qu'une femme), redonne confiance aux femmes qui ne peuvent pas avoir d'enfants, qui le vivent très mal. L'infertilité ou le souhait de ne pas avoir d'enfant est perçu comme tare d'une femme qui dévie de sa mission. L'idée serait peut-être de commencer à voir les femmes comme des êtres à part entière plutôt que comme des hébergeurs de serveurs ou servante... Cela aiderait à surmonter des épreuves. Dans le livre La plus belle histoire de l'Amour, lu avec attention vous imaginez, on reconnaît que c'est la femme, depuis tout temps, n'avait cessé de souffrir. L'âge d'or de l'amour serait la période paléolithique. A cette époque, les hommes sont nomades et possèdent un dialecte simple qui dépasse largement les frontières des pays que nous connaissons. La communication était donc plus simple. Ensuite, mais ceci est contesté, on note les marques de sentiments comme l'Amour par des décorations particulières des défunts avec des coquillages par exemple... Ce n'est que lorsque l'homme a décidé de se sédentariser que la femme a été assignée à la maison. Ça part de là !

C'est marrant, on parle d'égalité de la femme alors on lit Elle qui regroupe des articles, des thèmes féministes aujourd'hui... Et on observe la liste de 3 articles : le 1er « égalité homme femme, ou en est on ? Ca préfigure le débat. Puis, l'article au dessous Elle Active : " 20% des femmes en couple ont renoncé ou reporté une grossesse pour le boulot " Ca dénonce ! puis le 3e article : cuisine « je suis la reine du pique nique » ! Oh. Bon. Alors, être une working girl ou une mère au foyer ? Talons ou aiguilles ? Bon cliché de la femme passionnante sauf en amour ou femme modeste et amoureuse ? Mère ou femme ou maîtresse ou jeune fille ou meilleure pote ? Jupe courte ou baggy ? Ça ou ça ? La bonne liaison dangereuse, c'est le fameux ou qui impose des choix, allant du j'avouue au booouh, ces choix bercés par les sirènes ouou à peaux lisses, qui glissent dans la boue de Virginie Despentes qui, elle, par contre, mène le débat vers le bas.

Violette Gautier

Références :

La plus belle histoire de l'amour, Auteurs: Dominique Simonet - Jean Courtin - Paul Veyne - Jacques Le Goff - Jacques Sole- Mona Ozouf - Alain Corbin - Anne-Marie Sohn - Pascal Brucker - Alice Ferney, Editeur Seuil, 2003

Un jour, je suis morte, Auteur: Macha Méril, Editions Albin Michel, 2008

Crazy World, Glen Washington.


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