Villejean résiste aux vio
Enquête

Villejean résiste aux violences

14 Février 2022


Les jeunes du quartier ont besoin de réseaux professionnels


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25 à 30% des jeunes de 15 à 25 ans sont  au chômage à Villejean. Faire diminuer les violences dans le quartier, c’est aussi faire baisser cette statistique très élevée. L’aide à la recherche de stages pour les élèves de troisième et pour les BTS professionnels ; les rencontres avec des chefs d’entreprise ; la création d’activités économiques sont unanimement  considérés comme des priorités. Les  difficultés rencontrées par les jeunes de Villejean s’expliquent. Décrochage scolaire, mauvaise image de marque du quartier, manque de réseau professionnel, méconnaissance du monde du travail. Commentaires, solutions et projets …

Arbi Madhaj : « Il faut inviter au collège des patrons issus des quartiers »
Arbi Madhaj : « Il faut inviter au collège des patrons issus des quartiers »

 
Arbi Madhaj, ancien détenu, créateur de RPS, jeu de société pour la prévention de la délinquance :

 « Les jeunes de 14 -15 ans n’ont aucune idée ce qu’ils ont envie de faire plus tard. Je  pense que les services d’orientation dans les collèges ne répondent pas à leurs interrogations. Je suggère de faire venir témoigner des patrons originaires de quartiers dans les collèges. Les adolescents auront ainsi sous les yeux des modèles positifs. Ils comprendront que même issu du quartier, on peut réussir sa vie professionnelle".
 
Yael Ménégaire, Maison de Quartier de Villejean :
 
« Depuis octobre 2021, j’assure le suivi individuel de l’insertion des jeunes adultes, notamment ceux éloignés des structures. Je travaille en priorité à l'accompagnement, la recherche de stages et au soutien des jeunes parents isolés".

Maguy Ndjali Eteno :« Nous aidons les élèves de  troisième à chercher des stages »
Maguy Ndjali Eteno :« Nous aidons les élèves de troisième à chercher des stages »
Maguy Ndjali Eteno, association SPSF35 - Solidarité et partage de savoir-faire 35 :

« Notre association aide deux sortes de publics : les élèves de troisième qui cherchent un stage. Nous les recevons à notre permanence du vendredi, sur rendez-vous, à la Maison de quartier de Villejean. Nous sommes trois à les accueillir. Nous les aidons à l’écriture d’un CV et d’une lettre de motivation. Nous leur expliquons comment démarcher les employeurs. Nous leur recommandons  les bonnes attitudes pendant le stage. Et nous les aidons à rédiger leur rapport à la fin.
Notre autre public-cible : les étudiants de bacs professionnels. Nous les mettons en relation avec des associations, des entreprises privées et publiques. Quand ils  ne trouvent pas, il arrive que nous en accueillions certains en stage dans notre association.
 »
 
Aïcha Ait Ali, déléguée de parents d'élèves au collège Rosa Parks :

« A Rosa Parks, les parents n'ont pas de réseau social. En 3ème, de nombreux enfants restent sans stage. Sur 146 élèves, seuls 46 ont trouvé un stage l'an dernier. Beaucoup ne sortent pas du quartier, ils vont en stage à la boulangerie, chez le vendeur de kebab... On s'est organisé avec des parents d'élèves pour créer un forum des métiers et faire découvrir des métiers aux enfants. Et en même temps, on essaie de les prendre en stage dans nos entreprises. Avec mon réseau, j'ai cherché des copines : l'une cadre infirmière, une collaboratrice à la région, une autre travaille dans une entreprise américaine... Nous faisons un travail avec Anna O'hara responsable de la section internationale  à Rosa Parks pour créer un réseau entre nous et prendre les enfants en stage . C'est l'un des rôles de parent délégué. »

Meriem Mettouchi, chargée de mission Union des associations interculturelles de Rennes (UAIR) :

« L’aide à la recherche de stages et de formations n’est pas assez efficace dans les quartiers. La fonction publique devrait s’engager à recruter un quota de jeunes issus des quartiers »

Philippe Da Costa et Ahmed Ait Chikh. Le sport peut être une porte d’entrée vers la discipline du monde professionnel.
Philippe Da Costa et Ahmed Ait Chikh. Le sport peut être une porte d’entrée vers la discipline du monde professionnel.
Philippe Da Costa, ancien champion monde de Qwan Qi Do et Ahmed Ait Chikh, président du centre Avicenne :

« Nous lancerons en 2022 un entraînement hebdomadaire de Qwan Qi Do – un art martial - au Cercle Paul Bert des Gayeulles. Le sport donne le goût de l’effort  Nous profiterons de ces séances pour faire parler les jeunes et identifier leurs besoins professionnels. Nous leur ferons rencontrer des chefs d’entreprises". 
 
Christophe Fouillère, élu délégué au quartier de Villejean :

« Nous avons mis en place un accompagnement de l’association Breizh Insertion Sport au collège Rosaparks pour la recherche de stages pour les élèves de troisième. C'est le premier moment d'immersion dans une vie professionnelle. C'est un gros problème pour les jeunes du quartier qui n'ont pas de réseau. Par ailleurs, pour ceux qui ont des difficultés d'accès à l'emploi, les décrocheurs scolaires notamment, nous souhaitons les encourager à se former et à être mobiles.
Nous finançons les acteurs qui font de la formation. Notamment la mission locale et un certain nombre de médiateurs et d'éducateurs qui connaissent les jeunes et qui peuvent les orienter vers les bons interlocuteurs.

Nous menons aussi une réflexion pour installer de l’activité dans le quartier, dans le domaine artisanal notamment. Des habitants - souvent des jeunes de 20, 30, 35 ans - ont des compétences en mécanique, maçonnerie, décoration d'intérieur. Ils l'exercent parfois hors des cadres légaux. Notre stratégie est de les accompagner dans la création de leur activité. Leur trouver des locaux d’une part. Et d’autre part les mettre en contact avec des professionnels qui les guideront dans la complexité des démarches administratives (statut, droits sociaux)"


Catherine Verger

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