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Dossier

Au collège Rosa Parks,  ils et elles tentent de résister




Depuis la rentrée 2019, les collégiens de Rosa Parks, (Rennes Villejean) sont tous rassemblés sur un seul site, à Montbarrot. Jusqu'à présent ils étaient répartis sur deux sites. Ci-dessous notre enquête publiée début avril 2019.


Les craintes


Les professeurs rencontrés, Michel Novak, Marie Lebossé, Line Quentin et Julie Decosterd veulent continuer à assurer un enseignement de qualité. Ils craignent une augmentation du nombre d'élèves par classe.
Les professeurs rencontrés, Michel Novak, Marie Lebossé, Line Quentin et Julie Decosterd veulent continuer à assurer un enseignement de qualité. Ils craignent une augmentation du nombre d'élèves par classe.

2019_04_18_rosa_parks_les_craintes.mp3 2019 04 18 Rosa Parks Les craintes.mp3  (8.44 Mo)

Les craintes sont d'abord liées au sureffectif.

Aujourd'hui les 580 élèves sont répartis sur les deux sites soit environ 300 par site : 6èmes et 4èmes à Malifeu, 5èmes et 3èmes à Montbarrot. Demain, M.Renault, le principal, prévoit un maximum de 510 élèves.

Regrouper les enfants sur le seul site de Monbarrot suscite des craintes liées au sureffectif avec un risque d'agressivité grandissante. « Notre préoccupation principale, précise Marie Lebossé, professeur : les risques liés à la hausse des effectifs. » (Aujourd'hui, il y a 580 élèves environ. Il y en a eu 630 en 2017). Les deux sites sont faits pour accueillir autour de 300 élèves. » 

Une densification dans tous les locaux et dans la cour de récréation est à prévoir. La superficie globale du collège ne change pas, avec ou sans travaux Pour Line Quentin, professeur, « le plus préoccupant est le risque de violence. On vit des actes de violence tous les jours alors que nous ne sommes pas sur les densités de population que nous aurons l'an prochain. Elle est due au nombre d'élèves dans les couloirs. Le nombre d'élèves dans la cour augmente aussi les tensions. On y passe du temps au lieu de faire notre travail de pédagogue. Les élèves auront moins de temps d'enseignement de fait.»

A propos d'agressivité, M. Renault préfère parler de « ressenti », pour lui : « De la violence, c'est beaucoup dire ! ». Il estime le collège aujourd'hui « très paisible ». Bien sûr, « on a des enfants un peu bruyants, un peu remuants, Il faut les accompagner quand ils grandissent dans toutes les valeurs que l'on véhicule, que l'on fait vivre au quotidien. »

« Le nombre total d'élèves en CM2 dans les écoles de Villejean et Beauregard est en augmentation par rapport à l'année passée, note Michel Novak, professeur. Nous arriverions à plus de cinquante élèves de plus sur nos quartiers, peut-être même soixante, c'est considérable. Ajoutons à cela, les nouveaux immeubles en construction sur Villejean et Beauregard. En tous cas, l'ensemble de la cohorte des futurs élèves de sixième sur le secteur sera vraisemblablement en augmentation, et il faudra bien scolariser les élèves dont les familles font le choix du public. »

« En même temps, s'ils veulent tous manger à la cantine l'année prochaine, ça ne sera pas possible : il n'entreront pas tous dans le self. » Aujourd'hui, il y a deux selfs avec une centaine d'enfants par site. « On a deux très petites cantines, raconte M. Renault. Chacune accueille une centaine d'élèves, avec quatre personnels. La plupart des autres collèges accueillent 600 élèves avec seulement deux personnels de plus. Demain on peut accueillir 200 élèves sur une seul site. On est encore loin d'une cantine de grande envergure.» « Mais le département a du mal à entretenir les cuisines par exemple, remarque un professeur. Pour un frigo, on est obligé de piocher sur nos fonds propres et ce n'est pas leur fonction ! Nous avons eu à voter ce type de dépenses au conseil d'administration du collège. »
 
  Moins d'adultes ? 

Quelques uns évoquent la possible diminution du nombre d'enseignants mais plus sûrement du nombre d'adultes dans l'établissement. Julie Decosterd, professeur, précise : « Aujourd'hui, Malifeu est bruyant. Demain, avec un effectif de 515 élèves à Montbarrot, le problème de bâtiments bruyants sera accentué. » Un rapport du Comité d'Hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) réalisé en 2017 suggérait de supprimer l'obligation de navette entre les deux sites. Cet argument a été utilisé pour fermer l'un des sites. « Avec cet audit sur les conditions de travail, les enseignants ont été instrumentalisés », remarque l'un des parents.

Le risque de diminution des moyens humains existe. Même si, pour M. Renault, les deux postes de CPE sont acquis, : « Il n'y a pas beaucoup d'établissements qui ont deux CPE », souligne-t-il. Des incertitudes planent sur la médecine scolaire. Les personnels d'entretien, de cantine, dépendent directement du département. Le collège ne maîtrise pas du tout leur nombre. Autre crainte : une augmentation du nombre d'élèves par classe. Les élèves seraient donc moins bien accompagnés dans leur scolarité et moins bien encadrés.

Michel. Novak  s'inquiète : « Nous sommes normalement à 25 élèves par classe. En moyenne, on est toujours en dessous. Mais dans certaines classes, on peut être à 26 ou 27. Cette année, il y a une classe de 5ème à 28. » Le conseil départemental communique beaucoup dans les médias, sur le numérique, en particulier. « A Rosa Parks on a deux jeux de tablettes : 9 tablettes par valise. Dans une classe à 25, il faudrait mettre trois élèves par tablette ! Et on ne peut pas faire de traitement de texte. Qu'est-ce qu'on leur donne comme billes pour affronter le monde ? »

Les enseignants réagissent aussi sur les normes et les moyennes. « Les établissements sont construits selon des normes. On ne devrait pas se plaindre : Rosa Parks, au total, va être en dessous de 550 élèves, qui est la moyenne en Ille-et-Vilaine. On est donc plutôt bien loti. Mais nous ne sommes pas un établissement classique. C'est un établissement bourré de problèmes. Nous sommes dans la norme des autres établissements qui ne connaissent pas les mêmes difficultés. Un établissement de population plus favorisée peut avoir les mêmes moyens que nous. »

Pour M.Renault, il n'y a pas de risque de diminution du nombre d'enseignants  : « Quel que soit l'établissement, le nombre de postes d'enseignants dépend du nombre d'élèves et du nombre de classes. A la rentrée prochaine on ne supprime aucun poste d'enseignant ». Mais il reconnaît que Rosa Parks pourrait avoir moins de professeurs remplaçants.

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