Jeudi 22 Septembre 2022

Une formation à l'écoute des femmes en difficultés


Des femmes de Villejean se préparent à tenir des permanences dès janvier, à la Maison de Quartier. Un premier groupe de huit militantes va se former à l'écoute des femmes et de leurs enfants, en situation difficile.


Une marche blanche , le 23 avril, a réuni plus de 400 personnes.

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La formation à l'écoute prépare à savoir recueillir la parole pour la libérer. Il faut savoir prendre du recul et ne pas être submergées par l'émotion car plusieurs d'entre elles ont subi des violences. Enfin être à même de trouver des solutions face à des situations de détresse silencieuse.
Le Collectif Kuné des femmes de Villejean, lance un appel à fonds participatif pour financer cette formation.

Elles ont entre 22 et 82 ans, viennent de Bretagne, d'Afrique du Nord, de l'Ouest et du Centre. Elles ont aussi d'autres engagements associatifs religieux ou culturels, féministes et sociaux. Elles sont des relais au sein de leurs communautés où elles sont reconnues. Elles sont aussi capables de recueillir la parole dans quelques unes des langues pratiquées par les habitantes de Villejean : « français bien sûr mais aussi breton, allemand, anglais, arabe dialectal, dioula, espagnol, éwé, lingala, losso, mahorais, moré, ngbaka, portugais, russe, sango, soussou, swahili, tamazigh, turc, yakoma ».
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« Eplucher les oignons »
La permanence prévue pour démarrer en septembre commencera plus tard pour permettre une meilleure préparation des « écouteuses ». Le Collectif Kuné prévoit trois possibilités :
« D'abord des permanences régulières à la Maison de quartier.
 Mais aussi, si une femme désire une approche plus discrète, elle pourra venir "éplucher les oignons" pour la préparation d'un repas collectif. Éplucher les oignons est un moment important. On peut parler et si les larmes coulent c'est à cause des oignons.
 Enfin les femmes du collectif vivent dans le quartier. Marché du vendredi, sortie de l'école, passage au centre social, à la maison de quartier, église,  temple, mosquée... Ce sont autant d'occasions de nous rencontrer "par hasard" et de prendre contact ».

Qu'elle ne soit pas seule.
Pourquoi une telle initiative ? Les femmes du Collectif expliquent :
« . D'abord bien sûr c'est de libérer la parole. D'après l'Asfad, dans les 3 semaines qui ont suivi la marche blanche suite à l'assassinat de Marie, 246 nouvelles plaintes ont été déposées. Le poste de police de Villejean a lui aussi enregistré beaucoup beaucoup trop de plaintes.
. Ensuite c'est faire en sorte qu'une femme victime de violences familiales et sexistes ne se retrouve plus seule et désespérée dans son malheur qu'elle soit avec ou sans papiers. Et c'est là que la pratique de la langue et des codes culturels est importante. La confiance doit se gagner.
. C'est aussi documenter les violences faites aux femmes dans notre quartier et faire en sorte qu'on ne puisse plus dire que ce qu'elles disent n'est pas crédible et qu'elles ne cherchent qu'à attirer l'attention sur elles.
. C'est enfin, en lien avec les autres acteurs de la solidarité, faire notre possible pour trouver des solutions au cas par cas. Nous allons frapper à toutes les portes et nous sommes des féministes très têtues. »

JFB

Voir aussi : dans Histoires ordinaires l'appel des femmes de Villejean, début juin dernier.