Jeudi 19 Décembre 2019

Le bel oranger de Claude Bridel


Claude Bridel et son épouse résident à Villejean depuis 1974. Enfant, il a connu le quartier qui n’était alors que des champs à perte de vue. C’est lui qui fleurit la verrière du hall de son immeuble. Les petites graines, mises à germer dans la cuisine, sont partagées à la vue de tous.


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Claude Bridel était menuisier à Fougères. Mais à cause d’un problème de santé, il a dû mettre un terme à son activité professionnelle et chercher un autre travail. En 1974, il quitte sa famille pour un temps et s’installe à Rennes.
« Tout naturellement, j’ai cherché un logement à Villejean. Je suis né à Rennes et j’avais gardé un bon souvenir de ce quartier. Enfant, je venais par-là me promener avec mes parents. C’était des champs à perte de vue… On allait chercher le cidre à la ferme à Villejean ! »
Claude trouve rapidement un emploi de vendeur en peinture. Un peu partout, les immeubles sortent de terre. Il choisit un appartement dans la rue du Nivernais :
« Les rues, les trottoirs, les immeubles... Tout était en chantier ! Certains, pour rentrer chez eux, devaient emprunter des circuits de madriers. »
Six mois après, sa femme et ses enfants le rejoignent. Une nouvelle vie commence pour la famille Bridel.

Villejean était comme un village
« On a vu naître le quartier. Il y avait de l’activité partout. Les Maghrébins sont venus en grand nombre. C’est sûrement grâce à eux que les immeubles ont poussé comme des champignons ! »
Villejean est comme un village. Une trentaine de commerces de proximité assurent la fourniture des produits de première nécessité :
« Bien sûr, il y avait des problèmes, de la pauvreté, mais les gens se parlaient. Il y avait souvent de la musique dans les rues, la vie était agréable. Une fois par an, il y avait des auto-tamponneuses. On se retrouvait là avec les enfants. J’ai vu le quartier évoluer, en bien d’un côté, en mal de l’autre ! »

Claude fleurit la verrière de l'immeuble

Au bas de l’immeuble, une grande verrière accueille les résidents. C’est Claude qui la fleurit. Le bel oranger a un peu souffert l’été dernier mais l’avocat commence déjà à reluire :
« Ils ont poussé dans ma cuisine ! Je garde tous les pépins et les noyaux pour le plaisir de les voir germer. Quand les plants sont assez forts, je les place dans la verrière. Tout le monde en profite. »
Cyclamens, yuccas, rosiers… Et chaque semaine, Claude arrose, bichonne ses plantations :
« Pour Noël, je prévois une petite animation, des décorations de fête, des lumières, des petits drapeaux de toutes les nationalités présentes dans l’immeuble. Des résidents amènent de petits objets pour décorer le sapin. Un conteur est venu dans le hall l’an passé raconter des histoires aux enfants. »
Claude et sa femme habitent toujours dans le même appartement, géré aujourd’hui par Espacil habitat, celui-là même où ils se sont installés il y a quarante-cinq ans :
« C’est grand aujourd’hui Villejean et d’année en année, le nombre d’habitants n‘a cessé d’augmenter. Il y a beaucoup de différences et la rencontre n’est pas toujours facile. Mais pour rien au monde, nous n’irions vivre ailleurs. »
Texte et photos : Tugdual Ruellan