Driss Farah a créé So’ali, une épicerie solidaire


8 Septembre 2020

Driss Farah, 25 ans, a connu la privation et sait aujourd’hui toute la valeur du geste de solidarité. Avec sa sœur et des amis, il a cré So’ali, une épicerie solidaire proposée aux personnes démunies des quartiers de Villejean et de Maurepas.


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« J’ai grandi dans la précarité. Mes parents ne gagnaient pas assez d’argent pour faire les courses en magasin. On a réussi à s’en sortir et à se nourrir correctement grâce aux épiceries solidaires. Alors, j’ai eu envie à mon tour de donner ce que j’avais reçu et apporter une aide aux familles dans le besoin. »
Originaire du Maroc, la famille de Driss s’installe d'abord en Normandie avant d'emménager au Mans puis à Rennes. Driss suit sa scolarité, passe son bac grâce au soutien sans faille de sa mère puis obtient un BTS dans les assurances. Il trouve un premier emploi dans le secteur bancaire comme conseiller commercial mais, en septembre 2019, il décide d'interrompre le contrat de travail :
« Il fallait que je sois complètement disponible pour lancer mon projet d’épicerie solidaire. Il y avait tellement de choses à faire... Dès qu’il sera bien stabilisé, je reprendrai le travail. »

Entre les quartiers de Villejean et de Maurepas
 
Driss est fortement soutenu par sa soeur. Tous deux contactent alors les épiceries solidaires de la région rennaise et divers organismes en quête de conseils et, espèrent-ils, de soutien financier. Ils trouvent un petit local vacant de 12 m², situé 36 rue Jean Guéhenno, bien placé car à mi-chemin entre le quartier de Villejean et celui de Maurepas, bien desservi par les bus et bientôt par la nouvelle ligne de métro. Avec une vingtaine d’amis et membres de sa famille, tous animés par ce même désir d'être utiles et solidaires, ils créent l’association So’ali dont le but est de créer et animer une épicerie solidaire réservée aux personnes les plus démunies.

Produits de première nécessité, alimentation et hygiène
 
L’annonce ne tarde pas à faire le tour des quartiers et bientôt les premiers bénéficiaires frappent à la porte :
« Chacun vient quand il le souhaite. Nous souhaitons que les personnes puissent se nourrir correctement, tant d’un point de vue quantitatif que qualitatif. Quatre fois par semaine, avec des bénévoles de l’association, nous allons chercher les produits avec nos véhicules, à la Banque alimentaire avec qui nous avons passé un partenariat. Nous récupérons aussi les invendus proposés par les grandes surfaces. »
Trois grands réfrigérateurs ont été récupérés et mis en service. Dans les rayons de So’ali, sont mis à disposition les produits de base de l’alimentation, pain, riz, pâtes, conserves, desserts, huile, des produits frais aussi comme des fruits, des légumes de saison, de la viande, des laitages, du fromage mais aussi des produits d’hygiène, shampoings, gels douche, couches pour bébés… : 
« Chacun se sert selon ses besoins. Une contribution de 3 ou 4 euros est juste demandée. Nous proposons une livraison pour les personnes en situation de handicap qui ne peuvent pas se déplacer. »

De plus en plus de bénéficiaires avec la crise sanitaire
 
L’épicerie solidaire a rapidement vu sa fréquentation augmenter :
" Il y a hélas, un énorme besoin. Nous sommes restés ouverts durant tout le confinement. Les demandes ont afflué plus qu’auparavant car un grand nombre de personnes avaient perdu leur emploi, les intérimaires n’avaient plus de mission, même certains salariés ne recevaient plus leur rémunération. Beaucoup d’assistantes sociales ont orienté de nouveaux bénéficiaires vers notre épicerie. Actuellement, nous accueillons régulièrement quelque deux cents bénéficiaires. "

Aucune aide, aucune subvention !
 
Driss est totalement bénévole et ne perçoit aucune rémunération avec ce projet.
"J’ai pourtant fait énormément de démarches auprès de la ville, des élus, des organismes institutionnels… Ce qui est dur, c’est que nous ne percevons aucune aide financière. Nous devons donc faire appel aux dons ou organiser de temps à autre une vente de vêtements pour financer le fonctionnement, notamment les 700 euros que nous coûte chaque mois la location du local. Si nous parvenons à trouver des aides, nous aimerions trouver un autre local plus grand. Actuellement, avec la crise sanitaire, nous devons limiter l’accès à quatre personnes. Les personnes sont obligées de faire la queue sur le trottoir. Ce n'est pas très digne..."
L'épicerie solidaire est restée ouverte tout au long de l'été. La machine est désormais bien rôdée. Driss va pouvoir chercher à nouveau un emploi... et penser à lui.

Contact : Driss Farah - 06 27 12 07 76.


Texte et photo : Tugdual Ruellan