Elle arrive avec un large sourire, de grandes lunettes de soleil, et trente bonnes minutes de retard. Brenna est plein de choses, mais ponctuelle, pas vraiment. Pour autant, c’est chaque fois pour une bonne raison. « Désolée ! » s’exclame-t-elle, en s’installant rapidement sur un banc ensoleillé. « Ma très bonne amie Martine ne va pas bien du tout en ce moment, et elle avait vraiment besoin que je passe la voir. »
Brenna Dano, c’est une de ces rencontres qu’on ne s’attendait pas à faire. Amie de Pascal Lesage, elle avait été l'une des quelques participantes à notre atelier photo sténopé, en mars dernier. L’occasion de découvrir une habitante très proche de son quartier, qu’elle ne quitterait pour rien au monde.
Entre le Brésil et la France, son cœur balance
Née à Téfé, dans l’Amazonie brésilienne, Brenna est arrivée en France pour ses 4 ans, en 1982. Après deux ans dans le Morbihan, elle s’installe avec sa famille à Rennes, dans le quartier de Maurepas. Elle apprivoise progressivement le quartier cosmopolite, qui évolue en même temps qu’elle. Scolarisée en France jusqu’à l’université, elle y est alphabétisée mais garde toujours un lien fort avec son pays natal. Tiraillée, elle oscille alors entre le Brésil et la France de 2002 à 2007, enchaînant les stages et les petits boulots. Finalement, elle s’installe définitivement à Maurepas en 2007.
Ce retour au bercail, en France, n’a pas été facile pour Brenna. « J’ai atterri chez ma mère, et ça été un peu la traversée du désert », raconte-t-elle tristement. Après un burn-out à Sao Paulo, la jeune femme a enchaîné plusieurs dépressions chroniques. « Professionnellement c’était compliqué, je reprenais les démarches depuis le début à chaque fois », ajoute-elle. A partir de 2017, la santé de Brenna s’améliore et elle suit une prépa avenir adulte au GRETA, avant de postuler pour retrouver du travail. « Par contre j’avais un critère essentiel, c’était de bosser ici, à Maurepas. Mon territoire, comme j’aime bien dire », déclare-t-elle, l’air rieur.
« Moi je l’aime, mon quartier »
Maurepas, pour Brenna, c’est d’abord la nostalgie de son enfance. « Je connais Maurepas depuis que j’ai 6 ans, j’ai fait toute ma scolarité dans le quartier ! » Son regard survole l’aire de jeux du Gros Chêne, un sourire au coin des lèvres. Ce quartier, elle l’a vu grandir, et a grandi avec lui. Elle explique qu’il a été construit en « cité dortoir », pour répondre au besoin de logements pour l’immigration, notamment la seconde vague d’immigration des années 1960. « Il y avait beaucoup de répartition par communautés dans les bâtiments. C’est normal, un peu de communautarisme, quand tu viens de l’étranger. » La « Breizh-ilienne », comme elle aime se surnommer, a vécu personnellement cette solidarité : « J’ai retrouvé une dame brésilienne qui venait d’Amazonie, tout près de là où mon frère et moi sommes nés ! »
Brenna est cependant très affectée par la stigmatisation de son quartier. « Je sais qu’il y a des choses qui craignent, mais moi je l’aime, mon quartier », soupire-t-elle. st riche et haut en couleurs ici : il y a tellement de communautés, d’ethnies et de langues parlées. » Elle déplore la quête du sensationnel et du fait divers des médias rennais, dégradant chaque fois un peu plus l’image du quartier. « Maurepas ce n’est pas que ça, et ce n’est pas défini par ça. Mais évidemment, le bonheur et les trucs sympa, ça ne fait pas vendre », souffle-t-elle, les dents serrées. Brenna connaît pourtant plusieurs habitants qui, après y avoir habité puis vécu dans d’autres quartiers rennais, sont revenus s’installer à Maurepas.
Brenna est cependant très affectée par la stigmatisation de son quartier. « Je sais qu’il y a des choses qui craignent, mais moi je l’aime, mon quartier », soupire-t-elle. st riche et haut en couleurs ici : il y a tellement de communautés, d’ethnies et de langues parlées. » Elle déplore la quête du sensationnel et du fait divers des médias rennais, dégradant chaque fois un peu plus l’image du quartier. « Maurepas ce n’est pas que ça, et ce n’est pas défini par ça. Mais évidemment, le bonheur et les trucs sympa, ça ne fait pas vendre », souffle-t-elle, les dents serrées. Brenna connaît pourtant plusieurs habitants qui, après y avoir habité puis vécu dans d’autres quartiers rennais, sont revenus s’installer à Maurepas.
Bénéficiaire puis bénévole
« Maurepas, c’est le quartier de Rennes avec le plus d’associations. » La Bretonne de cœur s’est vite intégrée dans le quartier, notamment par le biais du tissu associatif. A son retour du Brésil, elle a d’abord bénéficié de l’aide du Centre Social pour lutter contre sa dépression. « J’avais besoin d’aide », lâche-t-elle simplement. « Mais très vite, quand j’allais mieux, j’ai dit que je savais faire certaines choses. » Brenna propose alors des cours d’anglais et d’espagnol dans le quartier, travaille quelque temps en vente à domicile, et fait de l’aide aux devoirs pour l’association Un trait d’espoir.
Progressivement, elle rencontre d’autres habitants bénévoles, comme Pascal, et connaît de mieux en mieux les structures associatives. « Je faisais des choses que j’aimais et qui me nourrissaient », souligne Brenna. Mais, par sa volonté d’aider tout le monde et sa difficulté à dire non, elle finit par manquer d’énergie. « C’est un quartier populaire mais aussi prioritaire, donc avec énormément de personnes dans le besoin. Dès que quelqu’un me demandait quelque chose, mon réflexe c’était de dire ‘oui’ et d’aider. » Selon elle, la configuration du quartier favorise la promiscuité de familles nombreuses et de personnes en difficulté. Menant logiquement aux écarts auxquels Maurepas est aujourd’hui réduit. « Si on entasse problèmes sur problèmes, forcément ça va péter », explique-t-elle. « C’est la conséquence logique de quelque chose qui a été mal fait au départ. »
C’est aussi pour cela que Brenna est engagée, aujourd’hui. L’accompagnement social qu’elle a reçu pendant un temps lui a donné une vocation. « Je me suis reconvertie dans le bénévolat, parce que faire du bien aux autres ça me fait du bien ! » Et elle a à cœur de redorer l’image de son quartier. « En vivant la pauvreté, comme la majorité des habitants ici, je suis beaucoup plus efficace dans la compréhension, l’action et la défense de mes voisins. Et je veux vraiment lutter contre ce discours du fainéantisme, vivre des allocations, ou autre. »
Pas à pas, notre Breizh-ilienne de Maurepas compte bien changer l’image de son quartier, pour le meilleur.