L'ouvrage "Hola desde Cuba" étant épuisé, Histoires Ordinaires propose en accès libre les vingt-quatre portraits réalisés par notre ami poète et philosophe Juan Lazaro Besada dans sa ville de Trinidad ainsi que le portrait de l'auteur.

Un métier pour subsister




Un métier pour subsister
À 28 ans, marié et père d'un enfant de cinq ans, Yordan, un jeune noir, poli, blagueur et jovial dans un certain sens, exerce son métier de charpentier en tant qu’employé d'État et, une fois sa journée de travail terminée, en indépendant. 
 
Fils d'un charpentier, il m’avoue ne pas avoir hérité de cet amour pour la menuiserie même si, depuis son enfance, il a vu son père travailler dans l’atelier qu’il a dans sa maison. Il s'est consacré à cette activité pour des raisons purement économiques, d’après ses propres mots, pour gagner le pain quotidien car il avoue que son maigre salaire lui permet à peine de faire face aux dépenses journalières.

Un métier pour subsister
Pepe a cet humour mordant des hommes du peuple

Il a étudié à l'École des Arts et Métiers « de la Oficina del Conservador de la Trinidad », où il a obtenu un diplôme de restaurateur charpentier.
 
La conversation avec ce jeune homme finit par être drôle, teintée même de cet humour mordant et sévère des hommes du peuple, ceux pour qui la vie est une incessante bataille pour la survie, parfois difficile et semée d’innombrables et inimaginables obstacles. 
 
Pepe, car c’est comme ça que l'appellent tous ses amis et connaissances, n’est pas du genre à trop aimer les mots. De caractère, c'est une personne renfermée même s’il ne dédaigne pas parler si l'occasion se présente. Il vit dans une grande maison avec sa mère, sa femme, son fils, sa sœur et son beau-frère. Son père, charpentier affable récemment décédé, habitait aussi avec lui.
 
Malgré son jeune âge, Pepe est un garçon atypique dans le milieu social dans lequel il vit. Il n’aime pas les boissons alcoolisées, on le voit très rarement en train d'en absorber. C'est un homme qui travaille, occupé et préoccupé de donner aux siens la plus grande part de bien-être possible.
 
Dans ses mots, on trouve l’attrait puissant de la simplicité. Il me dit que ses principales occupations sont la fabrication de portes et fenêtres ainsi que la réparation de meubles. Dans le patio de sa maison, il a un petit atelier de menuiserie où il y a les outils nécessaires pour son travail.

Un métier pour subsister
Le gros souci, le manque de matière première

Cependant, même s’il n'en parle pas car Pepe est un cubain soupçonneux, le bois est le problème qui le tenaille le plus. Il n’est pas possible de l'obtenir de façon légale et, à cause de ça, les prix sont élevés, parfois inaccessibles. Nombreux sont ceux qui viennent à lui car il est vraiment habile, sérieux et régulier dans son métier. Mais il ne peut pas toujours répondre aux demandes en raison de la pénurie de matières premières. Cela se produit également avec les clous, la colle et autres articles indispensables dans la menuiserie. Cela peut sembler absurde dans un pays comme Cuba et dans une ville comme Trinidad, entourée de nombreuses forêts, mais c’est l'un des nombreux aspects incompréhensibles de la société cubaine.
 
Il s’avoue amoureux de la plage, des sports, surtout le baseball - qu’il a pratiqué - ainsi que le football. Il aime aussi, comme tout bon Cubain, jouer aux dominos, le jeu populaire le plus répandu dans notre pays. Et  je sais, car j'ai joué avec lui, qu’il est un excellent concurrent.
 
Pepe voudrait être chauffeur. Oui, chers lecteurs, ce charpentier voudrait avoir un autre métier : il voudrait conduire. J’ignore les raisons, mais j'ai entendu avec stupeur qu'il voudrait, comme travail, conduire un véhicule.
 
Comme un bon garçon de son temps, Pepe avoue qu’il aime le « reguetón », un rythme musical à la mode dans notre pays. Il estime que ce rythme exprime les sentiments les plus autochtones des jeunes.

Un métier pour subsister
« Je suis un combattant »

Je lui ai demandé de se définir et il m'a répondu catégoriquement et avec un sourire éclairant son visage : « Je suis un combattant. »
 
Combattant. C'est un mot polysémique dans le vocabulaire cubain. Mais le sens que Pepe donne à ce mot est clair : une personne qui, entraînée par la nécessité, doit travailler dur dans des conditions défavorables afin de satisfaire ses besoins et ceux de sa famille.
 
Je suis témoin de sa capacité à travailler et de son sérieux puisque la porte de ma maison a été faite et installée par lui, en plus d'autres réparations mineures sur différents meubles qui m'appartiennent.
 
Noyé sous son monde de bois, Pepe espère un jour voyager dans d’autres pays pour découvrir d'autres cultures. Il aimerait également avoir sa propre voiture même si, maintenant, il se déplace sur ​​la petite moto qu’il possède.
 
Avec un sourire toujours posé sur ses lèvres épaisses, poli et de bonne humeur, jeune typique de la Cuba actuelle, Pepe est un de ces personnages anonymes de l'histoire qui n’apparaîtront sûrement jamais dans les manuels, mais pour qui le travail est une partie inséparable de l'existence.
 
Excusez-moi si brusquement je dois conclure cette histoire, mais je me souviens que l'un des fauteuils de mon salon est cassé et j’ai besoin de le réparer. Alors sans plus tarder, je dois courir chez Pepe le jeune charpentier, de sorte que, tel un bon médecin du bois, il donne un traitement au patient.

Traduction : Rocio Guerrero
Intertitres : Rédaction d'Histoires Ordinaires


Texte original 

                                           Un  oficio para subsistir

A sus veintiocho años, casado y padre de un niño de cinco años, Yordán, un negro joven, cortés y en cierto sentido bromista y jovial, ejerce su oficio de carpintero como trabajador estatal e igualmente, luego de concluida su jornada de trabajo, por cuenta propia.
 
Hijo de un carpintero, me confiesa no haber heredado de este el amor por la carpintería, aunque desde pequeño veía a su padre trabajar en el taller que tiene en su vivienda. Se dedicó a ella por razones puramente económicas, según  sus propias palabras, para ganar el diario sustento, pues confiesa que el magro salario apenas le permite afrontar los gastos de la vida cotidiana.
 
Estudió en la Escuela de Artes y Oficios de la Oficina del Conservador de Trinidad, donde se graduó como carpintero restaurador. 
 
La charla con este joven resultó graciosa, matizada incluso por ese humor cortante y mordaz de los hombres de pueblo, esos para quienes la vida es una incesante batalla por la subsistencia, en ocasiones difícil y preñada de innumerables e inimaginables obstáculos.
 
Pepe, porque así le llaman todos sus conocidos y amigos, no es de quienes gusta de muchas palabras. Su carácter tiende a ser concentrado en sí mismo, aún cuando no desdeña hablar si viene la ocasión. Vive en una amplia vivienda junto con su madre, su esposa e hijo, la hermana y su cuñado. También vivía con él su padre, un afable carpintero recién fallecido. 
 
A pesar de su juventud, Pepe es un muchacho atípico en el medio social en el cual vive. No gusta de las bebidas alcohólicas, rara vez se le ve ingiriéndolas. Es un hombre de trabajo, preocupado y ocupado por proporcionarle a los suyos la mayor cuota de bienestar posible. 
 
En sus palabras se halla el atractivo poderoso de la simplicidad. Me dice que sus principales ocupaciones son hacer puertas y ventanas y la reparación de muebles. En el patio de su casa hay un pequeño taller de carpintería, donde tiene las herramientas necesarias para su quehacer. 
 
Sin embargo, aún cuando no habla de ello, porque Pepe es un cubano suspicaz, la madera es su problema más acuciante. No es posible obtenerla de forma legal y por ello, los precios de esta son elevados, en ocasiones inaccesibles. Muchos son los que acuden a él, porque realmente es diestro en su oficio, serio y formal. Pero no siempre puede satisfacer los requerimientos debido a la escasez de materia prima. Y eso ocurre igualmente con los clavos, la cola y otros productos imprescindibles en la carpintería. Podría parecer absurdo en un país como Cuba y en una ciudad como Trinidad, rodeada de numerosos bosques. Pero es uno de los tantos aspectos incomprensibles de la sociedad cubana.
 
Se confiesa amante de la playa, los deportes, especialmente el beísbol –el cual practicó- y el fútbol. También, como buen cubano, gusta de jugar al dominó, que es el juego popular más extendido en nuestra geografía y me consta, porque he jugado con él, que es un excelente competidor.
 
Pepe quisiera ser chofer. Sí, amigos lectores, este carpintero desearía tener otro oficio, manejar. Ignoro las razones, pero escuché con asombro que le gustaría conducir un vehículo como su trabajo.
 
Como buen joven de estos tiempos, Pepe se confiesa amante del reguetón, ritmo musical de moda en nuestro país. Cree que este ritmo expresa los sentimientos más autóctonos de los jóvenes.
 
Le pedí que se definiera a sí mismo y me contestó de forma categórica, con una sonrisa iluminando su rostro : « soy un luchador ».
 
Luchador. Esa es una palabra polisémica en el vocabulario cubano. Pero el sentido que Pepe le da a esta palabra está claro: es una persona que, impulsado por la necesidad, tiene que trabajar duramente, en condiciones desfavorables, para lograr la satisfacción de sus necesidades y las de su familia.
 
Soy testigo de su capacidad de trabajo y seriedad, pues la puerta de mi propia casa fue hecha e instalada por él, además de otras reparaciones menores a diferentes muebles de mi propiedad.
 
Sumido en su mundo de maderas, Pepe aspira algún día a viajar a otros países para conocer otras culturas. También desearía tener un automóvil propio, aunque ahora se traslada en una  pequeña moto de su propiedad.
 
Con una sonrisa siempre asomando a sus gruesos labios, cortés y alegre, joven típico de la Cuba actual, Pepe es uno de esos personajes anónimos de la historia, que acaso jamás aparezcan en los libros de texto, pero para quienes el trabajo es parte indisoluble de su existencia.
 
Perdonen, si de forma tan brusca debo concluir esta historia, pero recuerdo que uno de los sillones de mi sala de estar se ha roto y necesito repararlo. Así que, sin dilación, deberé correr a casa de Pepe, el joven carpintero, para que, como buen doctor en madera, ponga tratamiento al enfermo.



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Bienvenue à Cuba
Michel Rouger
Pays-prison pour les uns, pays de l'utopie en marche pour les autres : quand on parle de Cuba, la caricature n'est jamais loin. Et si l'on chassait les fantasmes ? Gardons les clichés qui ne sont pas faux - la musique, le rhum, le cigare, les plages... - et pour le reste déposons les idées reçues. S'arrêter, regarder, s'interroger. Cuba, au tournant de son histoire, contrainte de s'ouvrir pour survivre, a beaucoup à dire à un monde désaxé, en recherche d'un horizon plus humain. Surtout ses habitants. Et Juan, le poète et le philosophe, peut-être un peu plus que d'autres. Une amitié s'est nouée avec Histoires Ordinaires. Désormais, deux fois par mois, Il nous raconte ses histoires, des histoires vraies. Merci Juan de nous accueillir dans ta maison, Cuba.

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Chez Juan Lazaro, le poète philosophe
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