L'ouvrage "Hola desde Cuba" étant épuisé, Histoires Ordinaires propose en accès libre les vingt-quatre portraits réalisés par notre ami poète et philosophe Juan Lazaro Besada dans sa ville de Trinidad ainsi que le portrait de l'auteur.

Les préposés au stationnement




Les préposés au stationnement
Les nouvelles conditions de la société ont stimulé l’imagination des cubains. Beaucoup de métiers, ouverts au travail indépendant avec l'autorisation de l’État, sont aujourd’hui la principale source de revenus pour les habitants de l’île. Spécialement à Trinidad, qui est le troisième pôle touristique du pays ; l’arrivée de nombreux visiteurs étrangers louant des voitures pour parcourir l’île pendant leurs vacances, a permis l'émergence de l'emploi de préposé au stationnement, le parqueador.

Les préposés au stationnement
Un parqueador est un cubain qui, sacrifiant sa vie nocturne, passe la nuit éveillé pour assurer la sécurité des voitures des touristes pendant que ceux-ci profitent de leurs vacances. Sitôt inscrite au bureau des impôts pour recevoir l’autorisation légale nécessaire pour exercer le métier et payer l'impôt, la personne est en capacité de veiller sur les voitures et d'encaisser les CUC (pesos cubains convertibles) indispensables pour les services fournis au touriste.
 
Une nuit : le tiers d'un salaire mensuel

Mais ne croyez pas, mes amis, qu’il existe seulement des parqueadores officiels. Ils en existent d’autres qui, se soustrayant aux impôts, exercent ce métier. Généralement, ils le font en lien avec des propriétaires de restaurants privés, de paladares ou d'auberges louées à des visiteurs étrangers. Les propriétaires de ces établissements s’efforcent d'offrir à leurs clients les meilleures conditions de sécurité : c’est pour cela qu’ils entrent en relation avec ces gardiens improvisés qui, afin de gagner quelques pesos, sacrifient leurs nuits pour le confort des propriétaires et des clients étrangers qui payent une modeste somme pour faire surveiller leurs voitures.

Pendant les périodes creuses côté tourisme, beaucoup de ces préposés au stationnement doivent chercher d’autres moyens de subsistance, mais en haute saison, lorsque les touristes abondent avec leurs voitures de location, la demande augmente et c’est là qu’ils font leur récolte. Une nuit à garder deux voitures peut rapporter jusqu’à 5 CUC, ce qui est plus du tiers du salaire payé à un cadre pour un mois de travail.

Le quartier où j’habite possède, aux alentours, plusieurs auberges et paladares. Et, bien évidemment, il a aussi les parqueadores correspondants qui respectent les règles fixées et ont l’habitude de s’aider mutuellement. Même si parfois il y a quelques disputes pour des questions de pesos, sans que le sang n’arrive à la rivière.

Peuvent émerger des amitiés, des cadeaux, des amourettes...

Comme tous les touristes n’ont pas le même niveau économique, la paye n’est pas toujours la même, néanmoins c’est un bon moyen pour subsister. En outre, selon le caractère et la gentillesse du parqueador, émergent des amitiés, des cadeaux, des invitations à des sorties et, même si ce n’est pas très fréquent, quelques amourettes passagères qui laissent au moins des souvenirs plaisants. De même, un habile préposé au stationnement sait qu’avec une attitude intelligente il peut réussir beaucoup de choses, car l’être humain est toujours imprévisible.
 

Les préposés au stationnement
Être parqueador est un métier qui n'est en rien négligeable. Les contraintes de l’économie personnelle l’obligent à des sacrifices. Beaucoup de ces hommes, jeunes et forts, choisissent cette option pour accéder à un niveau de revenus digne. Il est lamentable de voir comment est gaspillée la force de travail de ces personnes, mais tout en sachant que le salaire en pesos cubains est presque symbolique, on comprend assez facilement les raisons qui poussent ces travailleurs à exécuter cette besogne.

Je ne sais pas si dans d’autres villes de Cuba, il se passe la même chose, mais à Trinidad, être parqueador est un métier noble, lucratif et rentable. Ah ! Et si en plus le parqueador s’y connaît un peu en mécanique, alors il a les qualités parfaites. Il peut même être embauché par le touriste comme chauffeur et guide privé.

Rendez-vous compte que moi, j’ai perdu une bonne partie de ma vie à ne pas savoir conduire et en aimant dormir aux premières heures du matin. Avec un choix contraire, je pourrais bien profiter aujourd'hui d’une situation économique aisée… en veillant sur des voitures.

Traduction : Rocio Guerrero
(Intertitres : Rédaction d'Histoires Ordinaires)

Texte original
                                                 Los parqueadores
 

Las nuevas condiciones de la sociedad han incitado la imaginación de los cubanos. Muchos oficios nacidos al abrigo de la autorización estatal para el ejercicio del trabajo por cuenta propia son hoy la fuente principal de ingresos para los habitantes de la isla. Especialmente en Trinidad, que es el tercer polo turístico en importancia del país, la llegada de numerosos visitantes foráneos con sus coches rentados para recorrer la isla en sus vacaciones posibilitó el surgimiento del empleo de parqueador.

Un parqueador es un cubano que, sacrificando su vida nocturna, pasa la noche despierto cuidando la seguridad de los carros de los turistas, mientras estos gozan de sus vacaciones. Previa inscripción en la oficina tributaria, en la cual reciben la correspondiente autorización legal para el ejercicio de este empleo, y el pago del impuesto, ya está la persona capacitada para cuidar los coches y de esa manera, cobrar por los servicios prestados al turista en los siempre imprescindibles CUC.

Pero no, amigos, no crean que existen solamente esos parqueadores oficiales. Existen otros que, evadiendo los impuestos, ejercen similar oficio. Generalmente lo hacen vinculados a dueños de restaurantes privados o paladares u hostales para alquiler de visitantes extranjeros. Los dueños de estos establecimientos procuran brindarle a sus clientes las mejores condiciones de seguridad y por ello, suelen entrar en tratos con estos vigilantes improvisados que, a fin de ganar algunos pesos, sacrifican sus noches para beneplácito de los dueños de estos negocios y de sus clientes extranjeros, quienes pagan una suma modesta por el cuidado de sus coches.
 
En épocas de baja turística muchos de estos parqueadores deben buscar otra forma de subsistencia, pero en la temporada alta, cuando abundan los turistas con sus coches alquilados, entonces la demanda crece y allí hacen ellos su cosecha, pues una noche cuidando dos coches puede reportarles hasta 5 CUC, que es más de la tercera parte del salario que se paga a un profesional tras un mes de trabajo.
 
El barrio donde resido tiene en su alrededor varios hostales y paladares. Y por supuesto, sus correspondientes parqueadores, quienes respetan reglas fijas y suelen ayudarse mutuamente, aunque en ocasiones haya algunas disputas por cuestiones de pesos ($) sin que la sangre llegue al río.
 
Como todos los turistas no tienen el mismo nivel económico, no siempre el pago es igual, pero es una buena forma de subsistir. Además, de acuerdo al carácter y simpatía del parqueador, de ahí se desprenden amistades, regalos, invitaciones a paseos y en ocasiones, aunque esto no sea frecuente, algunos amoríos pasajeros que, al menos, dejan siempre momentos placenteros. Además, un parqueador hábil sabe que, con una actitud inteligente, puede lograr muchas cosas, pues el ser humano es siempre impredecible.
 
Ser parqueador es un oficio nada despreciable. Los apremios de la economía personal obligan a esos sacrificios. Muchos de estos hombres, jóvenes y fuertes, en plena capacidad de trabajar, optan por esta posibilidad para acceder a un nivel de ingresos digno. Es lamentable ver como se pierde la fuerza laboral de esas personas, pero como el salario en pesos cubanos es casi simbólico, entonces se puede comprender fácilmente la razón que mueve a estos trabajadores a realizar esta faena.

No sé si en otras ciudades de Cuba ocurre lo mismo, pero en Trinidad, ser parqueador es un empleo noble, lucrativo, provechoso. Ah, y si además de ello, el parqueador sabe manejar y conoce algo de mecánica, pues entonces tiene las cualidades perfectas. Porque puede llegar a ser contratado por el turista como chofer y guía privado.
 
Vea, en fin, que he perdido una gran parte de mi vida por no saber manejar y amar las horas de la madrugada para dormir. De lo contrario, podría muy bien gozar de una situación económica desahogada, cuidando coches.

 



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Bienvenue à Cuba
Michel Rouger
Pays-prison pour les uns, pays de l'utopie en marche pour les autres : quand on parle de Cuba, la caricature n'est jamais loin. Et si l'on chassait les fantasmes ? Gardons les clichés qui ne sont pas faux - la musique, le rhum, le cigare, les plages... - et pour le reste déposons les idées reçues. S'arrêter, regarder, s'interroger. Cuba, au tournant de son histoire, contrainte de s'ouvrir pour survivre, a beaucoup à dire à un monde désaxé, en recherche d'un horizon plus humain. Surtout ses habitants. Et Juan, le poète et le philosophe, peut-être un peu plus que d'autres. Une amitié s'est nouée avec Histoires Ordinaires. Désormais, deux fois par mois, Il nous raconte ses histoires, des histoires vraies. Merci Juan de nous accueillir dans ta maison, Cuba.

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Chez Juan Lazaro, le poète philosophe
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