L'ouvrage "Hola desde Cuba" étant épuisé, Histoires Ordinaires propose en accès libre les vingt-quatre portraits réalisés par notre ami poète et philosophe Juan Lazaro Besada dans sa ville de Trinidad ainsi que le portrait de l'auteur.

De comptable à chauffeur, toujours les chiffres sur le dos




De comptable à chauffeur, toujours les chiffres sur le dos
Même si la comptabilité est un domaine de travail très important pour certaines personnes, il y a des moments où il est sain de changer d'activité. C’est le cas de Delvis, un sympathique jeune de 22 ans qui a décidé de donner du nouveau à son existence par des chemins éloignés de ceux pour lesquels il avait étudié.
 
Fils d’une mère bibliothécaire, employée actuellement comme gardienne de nuit dans une institution éducative de la ville, et d’un ouvrier pour qui le bâtiment est étroitement lié à sa vie, Delvis a suivi des études jusqu’au secondaire, puis il est entré à l’Institut Polytechnique d’Economie pour obtenir le diplôme de technicien en comptabilité en 2010. 

De comptable à chauffeur, toujours les chiffres sur le dos
Un jeune cubain assez atypique
 
Juste après avoir terminé ses études et travaillé trois mois à l’Hotel « Costa Sur », il a été appelé à faire son Service Militaire pendant environ un an (en 2011 et une partie de 2012) dans un lieu connu sous le nom de « Loma de la Candela » situé à Topes de Collantes, une région montagneuse distante d’environ 25 kilomètres de Trinidad.
 
En 2011, il s'est formé au métier de chauffeur et a obtenu le permis de conduire, d’abord pour des voitures, ensuite pour des scooters et des motos, respectivement en avril et août.
 
Plutôt petit de taille, un peu fort, les yeux pétillants et un parler où les gestes se mèlent équitablement aux mots, Delvis est un jeune cubain assez atypique. Bien que très blagueur et jovial, il n’aime pas les boissons alcoolisées, il ne fume pas, ne danse pas tout en aimant beaucoup la musique, spécialement le regetón, un rythme assez répandu parmi la jeunesse. 

Heureux derrière le volant
 
Grâce à un ami ayant acheté un véhicule pour le louer, il a commencé à travailler comme chauffeur de taxi à la fin de 2012. Ce taxi offre ses services aux nationaux comme aux touristes étrangers qui visitent Trinidad. Assez fréquemment, il doit aller à la Havane chercher des clients pour les amener à la ville, tout comme il se rend dans d’autres lieux de l'île, selon les besoins de ceux qui le sollicitent. Pour cette activité de conducteur de taxi, il doit payer une taxe à l’État qui lui permet d’accomplir ce métier en indépendant et en tout légalité dans le cadre de l’actuelle législation nationale du travail.
 
Même si cela peut paraître curieux, il m’avoue qu’il aime bien cette activité. Il se sent heureux derrière le volant d’une voiture puisque, en plus d'en profiter pour lui, cela lui rapporte des revenus économiques, en monnaie convertible, qu’il ne pourrait jamais percevoir s’il travaillait comme employé de l’État. En fonction du prix du voyage, Delvis reçoit un pourcentage qui constitue selon lui une bonne rémunération. D'autant plus que beaucoup de ses clients sont des touristes qui payent en monnaie convertible.


Bientôt père

Lorsque je discute avec lui, dans le salon de sa spacieuse maison du centre ville, où il habite en compagnie de sa mère et de son actuelle compagne, - car même s’il n’est pas marié, il a une compagne jeune comme lui qui se trouve aujourd’hui enceinte et attend pour octobre prochain la naissance de leur premier enfant -  il rit continuellement et arrose la discussion d'expressions facétieuses propres à la jeunesse. 
 
Quand je lui demande pourquoi il a décidé de se transformer en chauffeur indépendant, il répond avec son assurance de jeune homme : « J’aime conduire et en plus, j’ai une rentrée d’argent assez facile, surtout en CUC, en monnaie convertible. »
 
Il m’avoue, avec une énorme dose de charme où se mêle la bienveillance et l'audace  de la jeunesse, que ses principales occupations sont de se reposer et de faire l'entretien de la voiture, pour qu’elle soit toujours prête. Il ajoute, avec une phrase significative qui invite à étudier le langage des jeunes : « Je voudrais prendre un tuyau de fer (un avion) pour voyager, connaître d’autres pays, travailler et revenir à Cuba avec de l’argent pour pouvoir avoir une vie plus confortable, et à l’abri des besoins quotidiens d'existence sur l’île ».

Réussir ses rêves
 
Il affirme aussi, qu’il se sent accompli en tant que chauffeur même s’il pense que certaines choses à l’intérieur du pays devraient changer et notamment, du côté de l’économie. Durant notre conversation, il prend sa compagne dans ses bras pour la faire s’asseoir sur lui et lui caresser le visage. 
 
Il est comme tous les jeunes : passionné, un peu foufou et à certaines occasions raide mais il se révèle être très doux et amoureux. Amis lecteurs de ces histoires, Delvis est un de ces Cubains qui ont fait le pari du travail indépendant pour subsister.
 
Même s’il doit encore s’habituer à l’idée que très prochainement il deviendra père, ce qui certainement changera sa façon de voir la vie, je ne peux m'empêcher de ressentir pour lui une admiration sincère. Il a décidé ce qu’il veut être, et il sent que c’est comme ça qu’il va réussir ses rêves. De son propre effort et de son sérieux, dépendra son futur propre et celui de la famille qu’il a constitué.

Rouler mais aussi compter, toujours
 
En fin de compte, pour Delvis, le fait d’avoir troqué le bureau et l’ordinateur pour  le volant d’une voiture, montre la volonté d’un être humain qui n’a pas éprouvé une quelconque peur en choisissant un métier qui n’est pas seulement plaisant, mais aussi gratifiant sur le plan économique. Au final, même s’il ne le reconnaît pas, la comptabilité le poursuivra toujours. Car il devra s'obliger au calcul des kilomètres à parcourir, à la quantité d’essence nécessaire pour les voyages, au montant à demander aux clients et d’autres détails similaires. Il ne sait pas que même s’il est chauffeur de taxi, il restera toujours ligoté par la comptabilité.

Traduction : Rocio Guerrero
(Intertitres : rédaction d'Histoires Ordinaires)



Texte original

De contador a chofer

 
Con los números a cuesta

 

Aunque la contabilidad sea un importante campo de trabajo para cualquier persona, hay ocasiones en que es saludable cambiarla por otra actividad. Y este es el caso de Delvis, un simpático joven de 22 años, que ha decidido enrumbar su existencia de trabajo por otros derroteros bien distantes de aquellos para los cuales estudió.

 

Hijo de una bibliotecaria, que actualmente trabaja como vigilante nocturna en una institución educacional de la villa y de un albañil, para quien la construcción está indisolublemente ligada a su vida, Delvis cursó estudios hasta la enseñanza secundaria y posteriormente ingresó en el Instituto Politécnico de Economía, graduándose como Técnico Medio en Contabilidad en el año 2010.

 

Casi recién concluidos esos estudios y después de trabajar tres meses en el Hotel “Costa Sur” fue llamado a cumplir el Servicio Militar durante aproximadamente un año y medio, entre los años 2011 y parte de 2012 en un lugar conocido como “Loma de la Candela” situado en Topes de Collantes, regiónmontañosa distante unos 25 kilómetros de Trinidad.

 

En el año 2011 pasó cursos de chofer y obtuvo la licencia de conducción, primero para manejar automóviles y luego, para motocicletas, durante los meses de abril y agosto de ese año respectivamente.

 

De estatura más bien baja, algo fornido, ojos chispeantes y un hablar donde se mezclan a partes iguales los gestos y las palabras, Delvis es un joven cubano bastante atípico. A pesar de ser muy bromista y jovial, no le gustan las bebidas alcohólicas, no fuma ni baila, aunque sí le gusta mucho la música, especialmente el reguetón, ritmo bastante extendido entre la juventud.

 

Gracias a un amigo, que compró un automóvil para dedicarlo a alquiler, comenzó a trabajar como chofer de taxi a finales del año 2012. Este taxi brinda sus servicios tanto a nacionales como a turistas extranjeros que visitan Trinidad y con frecuencia, debe ir a La Habana a buscar clientes para trasladarlos a la villa, así como a otros muy variados lugares de la geografía insular, según las necesidades de quienes lo solicitan.

 

Para el ejercicio de esta actividad como conductor de taxi debe pagar una patente al Estado, la cual lo autoriza a desempeñar este trabajo de forma privada, a tenor con la actual legislación del país en materia laboral.

 

Aún cuando resulta paradójico, él me confiesa que le gusta esta actividad. Se siente feliz detrás del timón de un auto porque, a más de disfrutarlo, le proporciona unos ingresos económicos en moneda convertible que jamás podría percibir si trabajase por un salario como empleado del Estado.

 

De acuerdo al precio que sea abonado por el viaje, Delvis recibe un porciento, lo cual es, a su juicio, una buena remuneración. Más aún, si se considera que muchos de los clientes son turistas, quienes pagan ese servicio en moneda libremente convertible.

 

Mientras converso con él en el comedor de su espaciosa casa situada en el centro del pueblo, donde vive en compañía de su madre y su actual pareja, pues aunque no es casado, tiene una compañera, joven como él, que hoy se encuentra en estado de gestación y espera, para el próximo mes de octubre el nacimiento de su primer hijo, ríe constantemente y salpica la charla con esas jocosas expresiones propias de la juventud.

 

A mi pregunta de por qué ha decidido convertirse en un chofer por cuenta propia me responde, con el desenfado propio de sus años que: “me gusta manejar y además, me entra el dinero de modo más fácil, especialmente la moneda convertible o CUC”.

 

Me confiesa, con una enorme dosis de gracia, en la cual se mezclan la simpatía y el arrojo de la juventud, que sus principales ocupaciones son descansar y darle mantenimiento al automóvil, para tenerlo listo siempre. Y agrega con una frase bastante sugerente, que podría dar pie a un estudio del uso del idioma de los jóvenes que: “quisiera en un futuro coger un tubo de hierro (avión) para viajar, conocer otros países, trabajar y regresar a Cuba con dinero para poder tener una vida más confortable y a cubierto de las necesidades cotidianas de la existencia en la isla.

 

También me afirma que se siente realizado como chofer, aun cuando opina que algunas cosas dentro del país deberán cambiar, especialmente en el campo de la economía. Durante nuestra plática, acomoda a su compañera sobre las piernas y le acaricia el rostro.

 

Es, como todo joven, apasionado, algo alocado y en ocasiones áspero, pero revela ser tierno y enamorado. Amigos lectores de estas historias, Delvis es uno de esos cubanos que han decidido apostar por el trabajo por cuenta propia para subsistir.

 

Aún cuando todavía deba acostumbrarse a la idea de que muy pronto será padre, lo cual cambiará seguramente su actual forma de ver la vida, no puedo menos que sentir por él una admiración sincera. Él ha decidido lo que desea ser y siente que así va a lograr sus ilusiones. De su propio esfuerzo y seriedad dependerá el futuro suyo y de la familia

que ha formado.

 

A fin de cuentas, para Delvis, haber cambiado el buró y el ordenador por el timón de un automóvil expresa la voluntad de un ser humano que no ha sentido temor alguno de escoger un trabajo que, a su juicio, le es no solamente grato, sino también gratificante desde el punto de vista económico.

 

Al final, aunque no lo reconozca, la contabilidad le perseguirá. Porque deberá estar vinculado al cálculo de los kilómetros a recorrer, la cantidad de gasolina que precisa para los viajes, el importe que deberá cobrar a los clientes y otros detalles similares. Él no sabe, que aún cuando sea un conductor de taxi, seguirá eternamente atado a la contabilidad.

 




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Bienvenue à Cuba
Michel Rouger
Pays-prison pour les uns, pays de l'utopie en marche pour les autres : quand on parle de Cuba, la caricature n'est jamais loin. Et si l'on chassait les fantasmes ? Gardons les clichés qui ne sont pas faux - la musique, le rhum, le cigare, les plages... - et pour le reste déposons les idées reçues. S'arrêter, regarder, s'interroger. Cuba, au tournant de son histoire, contrainte de s'ouvrir pour survivre, a beaucoup à dire à un monde désaxé, en recherche d'un horizon plus humain. Surtout ses habitants. Et Juan, le poète et le philosophe, peut-être un peu plus que d'autres. Une amitié s'est nouée avec Histoires Ordinaires. Désormais, deux fois par mois, Il nous raconte ses histoires, des histoires vraies. Merci Juan de nous accueillir dans ta maison, Cuba.

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Chez Juan Lazaro, le poète philosophe
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