L'ouvrage "Hola desde Cuba" étant épuisé, Histoires Ordinaires propose en accès libre les vingt-quatre portraits réalisés par notre ami poète et philosophe Juan Lazaro Besada dans sa ville de Trinidad ainsi que le portrait de l'auteur.

Au Candonga, la lutte quotidienne des marchands




Au Candonga, la lutte quotidienne des marchands
Vendre au Candonga est aujourd'hui un métier plutôt répandu dans Trinidad, la seigneuriale. Les amis lecteurs doivent être curieux de savoir ce qu'est le Candonga. Eh bien, je vais vous expliquer : c'est un marché populaire où les artisans exposent leurs marchandises, que ce soit des sculptures en bois, des confections textiles de toutes sortes, des chaussures, des articles ornementaux, des bijoux, des peintures ou d’autres objets fabriqués entièrement à la main, pour répondre à la demande des nombreux touristes qui visitent quotidiennement la cité. Bien qu’à cet endroit on vende en monnaie locale pour les habitants de la ville, les prix sont toujours fixés en monnaie librement convertible, c’est à dire en l’omniprésent CUC (Peso Cubano Convertible) si rare de façon légale dans les poches cubaines.

Au Candonga, la lutte quotidienne des marchands
Une tour de Babel

Ceux qui connaissent un peu la situation économique du pays, comprendront qu’il n'est pas rare qu’un emplacement sur ce marché est très convoité car les résultats sont lucratifs. Imaginez-vous, mon ami lecteur, qu’une bonne vente peut permettre à son auteur d'acquérir l'équivalent du salaire mensuel moyen de n’importe quel employé. Et ce en quelques minutes seulement, grâce à l'aide de la déesse de la fortune.

Le Candonga est, en plus d’un marché, une sorte de tour de Babel contemporaine. À cet endroit, on entend du mauvais anglais, du français plein de fautes, de l’italien, quelques phrases simples en allemand et n'importe quel mot pouvant aider à se faire comprendre par les touristes étrangers. Mais en plus, et voilà le charme de cet endroit, il existe tout un appareil organisationnel qui s'agite autour de lui. Il y a ceux qui montent les tables et chargent la marchandise pour la placer dans les différents points de vente, il y a les fournisseurs, les artisans qui fabriquent les articles, les vendeurs ainsi que ceux qui s’engagent à ramener les touristes sur ce site pour qu’ils acquièrent des souvenirs. Le Candonga est un endroit idéal pour étudier la sociologie et l'anthropologie culturelle de la ville et pour comprendre la façon de penser des gens.

Dès les premières heures du matin, il est facile de voir les nombreux artisans, monteurs et vendeurs, qui s'activent à leurs tâches. Ils ont une capacité particulière à communiquer avec leurs clients potentiels pour leur offrir les marchandises. Ils savent comment, quand et à quel client il convient de faire des réductions de prix et ils maîtrisent l'art de vendre avec une sympathie captivante.

Au Candonga, la lutte quotidienne des marchands
Plus q'un marché populaire

Il en existe plusieurs dans la ville, mais le plus visité se trouve à proximité des musées, dans un environnement historique et culturel très fréquenté par les visiteurs, ce qui permet un facile accès.

Il en existe d'autres, mais avec des caractéristiques différentes. Par exemple, l'un d'eux, situé près du centre ville, est spécialisé dans la vente d'articles de plomberie, électricité et autres produits qui manquent souvent dans les magasins de l'État. Cela ressemble une énigme digne d'Hercule Poirot mais s'explique aisément. En fait, beaucoup de ces vendeurs se rendent fréquemment à La Havane, la capitale du pays, où les magasins sont mieux approvisionnés. Ils acquièrent les articles et puis, profitant de leur mauvaise distribution, ils les revendent à Trinidad à des prix plus élevés. Cela semble incroyable mais c'est un fait aisément vérifiable.

J'ai observé un exemple éloquent dans les jours qui viennent de s'écouler. Depuis plusieurs semaines, les serpillières pour nettoyer les sols des maisons ont disparu des magasins. Les « candongueros » on vite compris qu'il était nécessaire de fournir cet article au Candonga. Ils sont donc partis vers différentes villes, certaines bien éloignées de Trinidad, pour les acheter et les ramener, mais bien évidemment, en augmentant le prix parfois jusqu’au double. Et bien sûr, les nécessiteux, ont dû payer un prix de « candongueros » afin de maintenir l'hygiène dans leurs maisons.

Chers lecteurs : croyez-le ou pas mais cette histoire n'est pas une fiction. Et pardonnez-moi si je ne vous ai pas écrit aujourd'hui sur une personne, mais le Candonga a sa propre personnalité, c'est un personnage essentiel de la vie de Trinidad. Ses nombreux travailleurs, hommes et femmes du peuple, poussés à avoir une vie plus digne, s'efforcent quotidiennement d’obtenir des meilleurs revenus. Avec sa diversité de produits et de langues, ses incessants allers et retours de gens, la joie contagieuse de ses travailleurs, éternels combattants pour la vie, le Candonga est l'expression de cette bataille quotidienne pour la survie dans laquelle de nombreux Cubains sont embourbés. Il mérite cet honneur. Plus qu’un marché populaire ou un endroit où trouver des marchandises, le Candonga exprime la volonté indomptable de se battre d'un peuple qui n’abandonne jamais son âme.

Traduction : Rocio Guerrero
Les intertitres sont de la rédaction d'Histoires Ordinaires


Texte original

                                    Vender en la candonga o la lucha cotidiana

Sí, vender en la candonga es hoy un oficio bastante socorrido en esta Trinidad señorial. Los amigos lectores sentirán curiosidad por saber qué es la candonga. Pues bien, ahí les va la explicación: es un mercado popular donde los artesanos exhiben sus mercancías, sean estas tallas en madera, confecciones textiles de todo tipo, calzado, artículos ornamentales, bisutería, pinturas u otros artículos hechos enteramente a mano para satisfacer las exigencias de los numerosos turistas que visitan a diario la ciudad. Aún cuando en este lugar también se vende en moneda nacional para los habitantes de la villa, los precios son siempre en moneda libremente convertible, o sea en el casi omnipresente CUC tan poco frecuente en los bolsillos cubanos de forma legal.

Para quienes conozcan someramente la actual situación económica del país, no resulta extraño que una plaza para trabajar en este mercado sea algo bastante codiciado, pues los resultados son lucrativos. Imagine usted, amigo lector, que una buena venta puede propiciar a quien la realice la posibilidad de acceder a un monto de dinero equivalente al salario mensual promedio de cualquier trabajador en un mes. Y esto, con la ayuda de la diosa fortuna, en solo unos minutos.

La candonga es, además de mercado, una especie de torre de Babel contemporánea. Allí se escucha el mal inglés, el francés lleno de errores fonéticos, el italiano, algunas frases sueltas en alemán y cuanta palabra pueda servir para entenderse con los turistas foráneos. Pero además, y he ahí el encanto de este sitio, existe todo un aparato organizativo que se mueve alrededor de él. Desde quienes montan las mesas y cargan la mercancía para ubicarlas en los diferentes puntos de venta, los proveedores, los artesanos que confeccionan los artículos, los vendedores y quienes se dedican a llevar a los turistas a este sitio para que adquieran los suvenires, la candonga es un sitio ideal para estudiar la sociología y la antropología cultural de la villa y entender el pensamiento de sus habitantes.

Desde horas tempranas de la mañana es fácil ver a los numerosos artesanos, montadores y vendedores afanados en su tarea. Y tienen una particular habilidad para comunicarse con los posibles clientes y proponerles sus mercancías. Saben cómo, cuándo y a qué cliente le pueden hacer rebajas de precios y dominan el arte de vender con una simpatía cautivadora.

Existen varias en la ciudad, pero la más visitada se encuentra cerca de la zona de los museos, en un entorno histórico y cultural bastante frecuentado por los visitantes, lo que permite el fácil acceso.

En otros lugares existen otras, pero con características diferentes. Por ejemplo, una de ellas, situada cerca del centro del pueblo, se dedica a la venta de productos de plomería, electricidad y otros, que suelen ser deficitarios en las tiendas estatales. Y esto, que parece un enigma para Hércules Poirot, es fácilmente explicable. Muchos de esos vendedores viajan con frecuencia a La Habana, la capital del país, donde las tiendas estatales están mejor surtidas. Adquieren allá los artículos y luego, aprovechando la mala distribución de los productos, los revenden en Trinidad a precios más elevados. Aunque resulte increíble, es una realidad fácilmente comprobable.

Un ejemplo elocuente lo observé en estos días recién pasados. Durante varias semanas, las frazadas para limpiar los pisos de las viviendas desaparecieron de las tiendas. Ah, entonces los candongueros comprendieron enseguida que era necesario proveer de este artículo a la candonga. Y allá se fueron, a diferentes ciudades, en ocasiones bien alejadas de Trinidad, para comprarlas y traerlas a la villa, pero eso sí, subiendo el precio hasta el doble. Y por supuesto, los necesitados, debieron pagar el precio de los candongueros, a fin de poder mantener la higiene de sus hogares.

Queridos lectores: créanlo o no. Pero esta historia no es una ficción. Y perdonen si no les he escrito hoy sobre una persona, pero la candonga tiene una personalidad propia, es un personaje imprescindible de la vida en Trinidad. Sus numerosos trabajadores, hombres y mujeres de pueblo, urgidos de tener una vida más digna, se esfuerzan diariamente por lograr mejores ingresos. Con  su diversidad de productos e idiomas, su incesante ir y venir de personas, la alegría contagiosa de sus trabajadores, eternos luchadores por la vida, la candonga es expresión de esa cotidiana batalla por la subsistencia en la cual tantos cubanos están sumidos. Ella es merecedora de este homenaje. Más que un mercado popular alternativo o un sitio donde hallar mercancías, la candonga expresa la voluntad indoblegable de lucha de un pueblo que jamás rinde su espíritu.





1.Posté par Alain JAUNAULT le 09/03/2013 18:44
Ces histoires ordinaires cubaines nous en apprennent plus sur Cuba que toutes doctes analyses socio économiques.

Merci juan de nous faire partager votre regard sur la société complexe et en plein mouvement de votre beau pays. Vous entretenez chez nous le puissant désir de le découvrir, sur place. Nous devrions être aujourd'hui sur le chemin du retour d'un voyage que nous avons du, au dernier moment remettre à plus tard... Se voir un jour, notre souhait le plus cher.

Alain, Joëlle.

2.Posté par ROGER le 12/03/2013 21:34
J'ai beaucoup apprécié ce reportage sur la vie réelle des Cubains.
Nous allons à Cuba en Avril et iront faire un tour dans cette lieu de vie.
Merci pour ce témoignage.
A vos histoire.

3.Posté par ROGER le 17/03/2013 19:55
Bonjour Juan,
Nous serons à Trinidad début avril. Nous aurions pu peut-être nous rencontrer. Avez-vous un numéro de téléphone ou une adresse pour se fixer éventuellement un rendez-vous ?
Bonne soirée et à binetôt,

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Bienvenue à Cuba
Michel Rouger
Pays-prison pour les uns, pays de l'utopie en marche pour les autres : quand on parle de Cuba, la caricature n'est jamais loin. Et si l'on chassait les fantasmes ? Gardons les clichés qui ne sont pas faux - la musique, le rhum, le cigare, les plages... - et pour le reste déposons les idées reçues. S'arrêter, regarder, s'interroger. Cuba, au tournant de son histoire, contrainte de s'ouvrir pour survivre, a beaucoup à dire à un monde désaxé, en recherche d'un horizon plus humain. Surtout ses habitants. Et Juan, le poète et le philosophe, peut-être un peu plus que d'autres. Une amitié s'est nouée avec Histoires Ordinaires. Désormais, deux fois par mois, Il nous raconte ses histoires, des histoires vraies. Merci Juan de nous accueillir dans ta maison, Cuba.

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Chez Juan Lazaro, le poète philosophe
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