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1001 histoires avec ATD Quart Monde

La misère n'est pas une fatalité

Écoutez ou relisez les "31 histoires pour un monde autrement" éditées par ATD Quart Monde Grand Ouest et Histoires Ordinaires

Du "projet pour l’enfant" à un projet "pour l'enfant et la famille" (p.63)


Samedi 15 Juillet 2017

2017_07_07__un_projet_pour_l__enfant____et_aussi_la_famille.mp3 2017 07 07 Un projet pour l'enfant... et aussi la famille.mp3  (7.2 Mo)


Au départ de l’action en 2009, une Université Populaire sur l’enfance, à laquelle participait en tant qu’invitée une vice-présidente du Conseil Général. A cette U.P., Geneviève, une militante, attire l’attention de l’invitée sur le « projet pour l’enfant », projet alors en panne en Ille et Vilaine.  

En effet, La loi du 5 mars 2007 réformant la protection de l’enfance rend obligatoire l’élaboration d’un projet pour l’enfant lorsque ce dernier fait l’objet d’une décision de protection administrative ou judiciaire. Il incombe à chaque département d’élaborer un « projet type » qui doit ensuite être adapté à chaque famille concernée et signé par elle.. 

En novembre 2009,  le groupe Accès aux droits fondamentaux d’ATD quart monde (A.D.F.)  prépare un projet de courrier en ce sens à la vice-présidente du conseil général. Courrier qui, pour diverses raisons ne sera pas envoyé. Ce projet restera en sommeil, au grand regret du groupe ADF jusqu’en 2010.  

En mai 2010, deux membres du groupe A.D.F et trois personnes responsables d’ATD Quart Monde Rennes. rencontrent la vice-présidente, qui était accompagnée de cinq fonctionnaires. Ils reçoivent un très bon accueil et une bonne écoute. Deux sujets sont abordés : 
- Un projet de co formation entre des travailleurs sociaux et des militants d’ATD Quart monde 
- Le projet pour l’enfant, alors en cours d’élaboration par les services du conseil général.  On leur assure que le projet sera testé auprès d’associations dont ATD.
 

Une autre culture à acquérir 
 
Le groupe ADF insiste pour que « le projet pour l’enfant » reconnaisse les droits des familles dont les enfants sont placés, à savoir :
-  Droit de voir les professeurs sans que l’éducatrice puisse s’y opposer
-  Droit de se faire accompagner par un tiers, pour rencontrer l’éducatrice, 
-  Droit d’être informés de l’hospitalisation de leurs enfants. 

Janvier 2011 : trois membres du groupe ADF participent avec des volontaires- permanents d’ATD à des réunions avec les travailleurs sociaux pour rédiger ce projet type. Le groupe ADF est régulièrement tenu au courant de l’avancée des travaux et nous en discutons en réunion, d’autant plus que certains parents du groupe ont des enfants placés ou suivis par l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) et que à plusieurs reprises des mamans sont venues témoigner de leurs difficultés et demander de l’aide ou des conseils. La rédaction du projet avance.

A partir de 2013, on a eu l'impression d'une grande période d'attente, due pour partie à des changements à la tête de l’ASE, mais surtout au fait que  le « projet pour l’enfant », est devenu « projet pour l’enfant et la famille » ce qui a nécessité beaucoup de réflexion. Il ne s'agissait pas d'un document administratif supplémentaire, mais d'une autre façon de travailler, d'une autre culture à acquérir. 

Dans le même temps, des co-formations entre des travailleurs sociaux et des militants d’ATD Quart monde ont permis à ces professionnels de changer leur manière de voir et de travailler. Ces transformations ne peuvent se faire rapidement,  il faut du temps, même si les familles concernées étaient impatientes de voir ce projet aboutir. 
 
Exemplaire par la diversité des acteurs

La situation s’est débloquée au mois de septembre 2016 : le « Projet pour l’ Enfant et la famille » va être mis en place.

 Un responsable du CDAS demande à ATD que l’on interroge les familles concernées par un placement ou par une assistance éducative sur ce qu’elles pensent des services rendus par l’ASE. Un rapport va donc être rédigé à partir d’interviews réalisés tant par ATD que par le Secours Catholique confronté lui aussi aux difficultés rencontrées par les familles d’enfants placés.

Cela ne signifie pas que tous les problèmes sont résolus. iI peut toujours y avoir des divergences entre ATD Quart monde et les travailleurs sociaux, notamment sur des appréciations différentes de problèmes individuels. Nous ne faisons pas le même travail ; nous sommes dans des positions différentes. Il faut que chacun essaie de comprendre l'autre et il peut y avoir un fossé entre les travailleurs sociaux et nous : nous n’avons pas le même langage, pas la même expérience, pas la même culture, pas les mêmes codes.

Au final, c’est une action de groupe exemplaire par la diversité des acteurs concernés dans le mouvement et en dehors du mouvement : une Université populaire, une militante d’ATD qui s’intéresse aux droits des familles et ose questionner un élu à ce sujet, des volontaires- permanents d’ ATD, des membres du groupe ADF,  des membres d’ATD qui ont participé à des actions de co-formation avec des professionnels, qui, avec le Secours Catholique ont réalisé des interviews . Cette action est également exemplaire car c’est un travail de long terme, demandant beaucoup de ténacité et de persévérance.

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