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La misère n'est pas une fatalité

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Un lieu d’échanges, de paroles vraies, de confiance, de soutien (p.70)


Jeudi 13 Juillet 2017

Un lieu d’échanges, de paroles vraies, de confiance, de soutien (p.70)
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Que faire quand tout vous accable, que vous essayez de vous débattre seule avec deux enfants dont un hyperactif qu’il faut gérer à distance parce que votre travail qui vous permet de survivre est loin de votre domicile, que vous êtes dans un état d’épuisement physique et moral extrême et que vous allez jusqu’ à ne pas manger pour économiser ?

Si vous ne vous suicidez pas parce que vous aimez vos enfants vous essayez de faire confiance aux services sociaux qui sont chargés de s’occuper du problème.

Moi, c’est ce que j’ai fait et lorsque des personnes pour l’aide des enfants en difficulté sont venues à la maison j’ai cru naïvement que je pourrais profiter de ces moments pour me reposer mais pas du tout ; elles étaient là pour observer, point barre. De plus quand je me rendais à l’institut pour des réunions avec l’assistante sociale et les éducateurs j’avais l’impression de passer au tribunal. Ils mettaient le doute en moi sur mes capacités à être une bonne mère et je sortais de ces réunions complétement démoralisée. Aussi vous imaginez ma stupéfaction lorsque j’ai reçu du tribunal un signalement de maltraitance !

Une histoire bien triste où je perdais peu à peu confiance en moi. Il n’y a pas eu de baguette magique pour que peu à peu l’espoir et la confiance en moi renaissent. Simplement de belles rencontres grâce au secours catholique que j’avais connu par une assistante sociale à un moment où j’avais eu besoin d’une aide financière. Dans mon désespoir c’est là que je suis retournée.

 J’ai été écoutée avec bienveillance et on m’a proposé qu’une personne du secours catholique m’accompagne lorsque j’avais un rendez-vous pour mon fils. Michelle, qui m’a accompagnée, ne disait rien, simplement elle écoutait et elle prenait des notes. Tous se posaient des questions sur cette personne, et j’ai été stupéfaite de voir combien leur discours vis-à-vis de moi avait changé, j’étais beaucoup moins accusée, mieux traitée, je n’en revenais pas ! Comme Michelle m’a accompagnée plusieurs fois j’étais beaucoup moins angoissée face à ma peur qu’on me retire mes enfants.

 J’ai rejoint aussi « Atout parents » un groupe de parole du pôle solidarité famille du secours catholique qui se réunit une fois par mois. Lieu d’échanges, de paroles vraies, de confiance, de soutien. De savoir que je n’étais plus seule face à mes problèmes cela me remontait le moral surtout que j’avais eu un autre petit garçon avec un problème et des nuits difficiles et j’avais l’impression que les services sociaux surveillaient son comportement pour continuer à me culpabiliser. 

Et puis il y a eu cette rencontre avec les gens d’ ATD Quart-Monde  , du secours catholique et du conseil départemental 35 chargé de l’aide éducative au sein de l’aide sociale à l’enfance . Nous étions plusieurs familles à témoigner. Nous avons eu beaucoup de questions communes parce que notre vécu est commun, alors quand je partage avec les autres, je ne me sens plus seule. Ecouter l’expérience des autres éclaire ce que l’on n’a pas compris et cela donne du sens à ce que l’on a vécu. Cela donne surtout de l’espoir que, grâce à nos témoignages, le département se pose les bonnes questions sur son travail et décide de faire bouger les choses. Je me sens fière d’avoir été choisie pour participer à cette réflexion qui a été si importante pour moi.

Toute cette fraternité vécue grâce au secours catholique m’aide à tenir debout, elle me donne de la force, du courage. Cela me permet d’avoir un regard plus objectif sur ce que je vis et je peux prendre du recul. Le regard de l’autre me redonne confiance en moi. Un jour mon compagnon m’a dit : « J’ai de l’estime envers l’équipe du secours catholique ». Cela m’a fait chaud au cœur.

Chrystelle

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