Lundi 5 Février 2024

Le micro-crédit pour l’agroécologie au Burkina Faso



Le 31 janvier dernier, Abdou-Rasmané Ouedraogo, directeur de l’UBTEC, institution de micro-crédit au service de l’agroécologie au Burkina Faso, et Martine Porgo, productrice semencière, invités par le CCFD-Terre solidaire, rencontraient des élèves de l’Issat.


« Deux Burkinabés en séjour en Bretagne ! C'est l'occasion d'une rencontre avec nos élèves », confie Patrice Sauvage, directeur-adjoint du Lycée Issat, qui a proposé aux élèves de première CGEA (conduite et gestion de l’exploitation agricole) et première AP (aménagements paysagers) de participer à un temps d'échange et de découverte de la réalité africaine autour de l’agroécologie et de la microfinance). « Martine Porgo et Abdou Rasmané Ouedraogo ont conversé avec les élèves et répondu à leurs questions autour de l'agroécologie et la place des femmes dans l'agriculture burkinabè, poursuit Patrice Sauvage. Les échanges ont permis de se rendre compte des réalités du Burkina-Faso, tant économiques que sociales et culturelles. La solidarité est indispensable pour favoriser les transformations attendues par les populations. En complément des enseignements recueillis lors du stage au Togo, les élèves découvrent les bienfaits des pratiques agroécologiques et les réelles améliorations apportées aux rendements sur des sols dégradés. Ils découvrent aussi toute l'importance de l'arbre et de la haie bocagère dans un paysage et une exploitation agricole. »

Pour des pratiques agricoles plus durables
« Le CCFD-Terre Solidaire Bretagne accueillait ces deux partenaires pour sensibiliser les acteurs du territoire breton (jeunes en formation, les agriculteurs en réseau, élus locaux, Organisation de la Société Civil…) à leur réalité vécue dans leurs pays, explique Christian Bourcier de l'équipe locale CCFD-Terre solidaire. C’était aussi l’occasion pour eux de mieux comprendre le fonctionnement de l’agriculture en France, avec les spécificités bretonnes. »

L’Union des BTEC ou UBTEC est un Système financier décentralisé (SFD) de statut mutualiste, issu d’une fédération d’organisation paysanne, créée en 1967, la Fédération nationale des groupements Naam (FNGN). C'est l’un des rares SFD d’Afrique de l’Ouest, issu d’une organisation paysanne, qui a réussi à développer ses services financiers à un niveau significatif avec 40.000 membres et 5.000 emprunteurs actifs. La majeure partie de ses activités est ciblée sur l’agriculture et le milieu rural. Elle souhaite favoriser des pratiques agricoles plus durables et développe une politique de bonus/malus écologique sur ses produits d’épargne et de crédit. L’UBTEC est un partenaire de la SIDI sur les aspects financiers. Avec Le CCFD-Terre Solidaire, l’UBTEC est partie prenante du programme TAPSA depuis plusieurs années, et mène principalement des activités en faveur de la diffusion des pratiques agroécologiques auprès de ses membres (par la formation) et leur mise à l’échelle (par l’octroi de crédits bonifiés aux producteurs ayant opté pour des pratiques agroécologiques).
 
Témoignages de Martine Porgo, et d’Abdou-Rasmané Ouedraogo

L’UBTEC/Naam, institution de microfinance, a son siège au nord du Burkina Faso. Abdou-Rasmané Ouedraogo la dirige. Il est aussi, depuis 2018, chargé de Programme du projet Transition vers une agroécologie paysanne au service de la souveraineté alimentaire (TAPSA), financé par la SIDI, le CCFD Terre solidaire et l’AFD : « J’ai choisi de rejoindre UBTEC/Naam compte tenu de sa mission qui met l’accent sur l’offre de produits financiers et non financiers prioritairement aux paysans qui sont marginalisés en termes d’accès au crédit, confie-t-il. Je tire mon engagement dans l’agroécologie de mon père qui fut un fervent défenseur de l’environnement et un agriculteur engagé dans l’agroécologie avec qui j’ai appris les techniques de production et de conservation. Je me suis véritablement engagé dans l’agroécologie en 2016 dans le cadre de la mise en œuvre du projet PAIES et par la suite, dans le projet TAPSA dont la coordination est assurée par le CCFD. »
 
Martine Porgo, veuve et mère de cinq enfants, travaille comme productrice semencière de différentes variétés : niébé, sorgho, sésame, pétit mil… : « J’ai choisi d’être membre de l’UBTEC/Naam pour son volet financement et accompagnement de l’agroécologie et protection de l’environnement. Etant productrice semencière, j’ai besoin de connaissances techniques pour maintenir mes terres cultivables. Avec le changement climatique, nos terres sont de plus en plus arides. Mais avec les différentes techniques de récupération des terres (zai, cordon pierreux, demi-lune…), nous arrivons à rendre nos terres fertiles et productibles. Il faut aussi noter que c’est une activité rentable qui nourrit son homme… et sa femme ! » Informations transmises par le CCFD.
 
Tugdual Ruellan.

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