Tempête Xynthia : l'océan s'explique

Violette Goarant

Des maisons avec bévues sur océan, ça fâche énormément. "Ils vont se marrer à creuser des rigoles quand j'aurai repris mes droits" s'est-il sans doute dit. Nous l'avons retrouvé. Témoignage.

J'ai beau avoir des pensées bien profondes et en inspirer autant, je ne peux tout accepter sans jamais rien dire. Si mes habitants sont bavards en mon sein, ils ne peuvent se faire comprendre sur Terre.

Il est temps de se révolter contre ces fourmis piétonnes qui piétinent tout ce qui ne proteste pas, ou si peu. Si parfois on me gave de gazinières rouillées, de mazout périmé et de baleines ensanglantées, j'ai aussi mes préférés, ceux qui me surfent sans m'abîmer, ceux qui me sauvent sans rien demander. A ceux ci, je ferai, autant que je peux, attention comme à mes poissons. Vous savez, je suis de nature à m'énerver pour de bon et pour le bien. Début 2010, je commence à m'exciter du côté de l'Ile de Ré, marre d'être nargué par des regards blasés. A travail titanesque de nettoyage, je leur rejoue Titanic ! Mes glaçons pleurent en Antartique, je rassemble leurs larmes dans un élan de révolte. Je gronde le jour pour attaquer cette nuit. Ces petits fourbes qui m'adulent pour leur reflet doivent reconnaître le seul pouvoir sur Terre : la Nature. Quand je pense qu'ils font des partis politiques pour ça! Ils compliquent toujours tout.

Laissez parler le silence. Les oiseaux alertent en piaillant. Les rapaces à la télévision aussi. Ma rage, contenue quand je reste sage, se déverse lourdement. J'investis une ïle, la découpe en trois parties. Rien ne m'arrête, j'explose des fenêtres. Que celui qui soit surpris, l'apprenne et le propage. Les capots de voitures cèdent sous ma pression, je fais promener leurs constructions. Tout est si futile chez eux. J'active mes minéraux, bouillonne en eau froide. Je ne peux distinguer les bons et les mauvais mais les faux et les vrais. J'explose un odieux hôtel dédiés aux dieux du dollar, bâti de force sur mon marais mien et mes habitants. Je balaie leurs pots de terres placés grâce à des pots de vin. Mon armée de battes de baise folle attaque les volets, les vitres, à l'aveugle. Au petit jour, je fais voler les hélicoptères et envoler la folie. La colère apaisée, mon sel fait le reste, ronge leur métal, leur sang et leur moral. Les humains s'agitent dans les papiers mouillés, chercher à récupérer leur monnaie. Certains reconnaissent leur Faute-sur-Mer, d'autres s'occupent moins des "A faire" que du business. Mais ça viendra. Ils peuvent l'appeler la tempête Xynthia, c'était surtout et sur tous la colère du Roi.


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