On arrête pas à pas le progrès!
Violette Goarant
Discours alarmistes sur l'urgence de ralentir, la sanction est à la fois proche et lointaine, comme l'est la mort pour les vivants du moment. Faire de l'écologie un parti politique. Faire de l'écologie un argument marketing. Faire l'économie de l'écologie. La propension de l'Homme à tout comptabiliser se meut et se meurt dans une planète imaginaire, faite de chiffres et de zéros alignés comme des soldats pour lesquels on se bat. L'être humain est le seul être vivant capable de se demander "pourquoi". Pas étonnant tiens.
L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt. C’est parce qu’on est dans le pétrin que les décroissants se sont formés. Demandent-ils la lune? Alors que la planète est en surpopulation, les inégalités se creusent entre ceux qui achètent blasés comme ils soupirent et ceux qui travaillent comme ils respirent.
Une chaîne d’info qui ressasse les mêmes infos où rien ne se passe mais où il faut être là ; où les détails sont répétés pour devenir vérité, où les mines aggravées des présentateurs sont obligées de meubler devant la pauvreté de commentaires ou la pauvreté sans commentaires. Une info fait une matinée, un album fait apparemment une année, tout est changeant, ensablé comme mouvant, dans un monde où le cynisme est déguisé en réalisme. Dans l’excellent documentaire canadien, « Survivre au progrès », produit par Martin Scorsese, plusieurs experts (biologistes, écrivains, historiens de l’économie, anciens économistes au FMI ou à Wall Street, généticiens) exposent le problème de la croissance, du progrès vécu comme la recherche perpétuelle de l’idéal. L’économie se calcule hors de l’environnement, comme si vous vouliez voyager sans rencontrer personne. Ronald Wright, dont le documentaire a été basé sur son livre « Brève histoire du progrès », explique qu’il y a « surpopulation » sur Terre (il faudrait diviser par 2 ou par 3) mais ce sujet reste tabou. Puis, je cite « il est important de réduire l’empreinte de ceux qui se trouvent en haut de la pyramide sociale »; un habitant américain ou européen consomme 50 fois plus q’un habitant du Bangladesh. Si le niveau de consommation de la Chine atteignait le niveau des Etats Unis ou de l’Europse, le monde ne pourrait pas supporter un milliard de consommateurs de plus. » Or, Victor Zhikai Gao directeur de l’association chinoise d’études internationales, assure : « Nous devons emprunter la voie de la croissance, et la Chine a besoin de se moderniser et de s’industrialiser »…

Illustration sonore:
Crazy Love, Jah Mason feat. Angel