Les Restos du Coeur refusent un million
Violette Goarant
Les Restos du Coeur refusent un million donné par le système financier, au nom de la rentabilité. Peut-être parce qu'il s'agit de bouches à nourrir plutôt que de billets à investir. Le restau d'appoint tombe trop à pic. Pile face aux candidats à la présidentielle, il brandit manu militari le menu menacé nommé "Solidarité".
« Aujourd'hui on n'a plus le droit ni d'avoir faim ni d'avoir froid ». Si l'on part du principe que tout chef d'oeuvre est intemporel, alors Jean-Jacques Goldman peut tristement ajouter cette chanson à son palmarès. Ce jeudi 1er mars, le seul restaurant qui révèle la crise sans la connaître, écrit aux candidats à l'élection présidentielle de ne pas oublier ces français qui vivent sous le seuil de la pauvreté.
Un communiqué s'adresse aux candidats: "Mènerez-vous une politique qui combatte réellement cet état de fait intolérable ?". A la manière d'Emmaus, l'idée est toujours de les aider à disparaître. Cet hiver, les Restos du cœur ont accueilli 900 000 personnes et ne veulent évidemment pas dépasser le million. En finance, car il bien question d'argent, il y a une expression : « le premier million est le plus dur à acquérir, le second arrive tout seul »... En 2010, une étude de l'Insee révélait que près d'un ménage français sur huit se situe sous le seuil de pauvreté, avec moins de 950 euros de revenu par mois. Et bien sur, l'explosion des familles monoparentales... Alors serait-il question d'emploi ? Les Restos du cœur savent bien qu'il faut parler aux oreilles toutes sorties, de mains tendues-sourires détendus de période électorale. Parce que depuis un mois sur 5 ans, on sauve des entreprises... Exemple : Toutes les ouvrières de Lejaby sont licenciées le 28 février et certaines partent en formation toute trouvée chez un sous traitant de LVMH. Le monde.Fr rapporte : « Dany, qui a débuté à l'âge de 17 ans chez Lejaby, s'interroge : "Pourquoi les politiques nous ont sauvées, nous, et pas les autres ? Ne faudrait-il pas faire des élections tous les ans ? Comme ça, tout le monde aurait du travail."
