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Travailler en situation de handicap



Blog réalisé en partenariat avec l'Agefiph, Fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées

Loïc, apiculteur sans frontières

Il a l’abeille qui lui colle à la peau

Jeudi 5 Janvier 2017

Loïc, 57 ans, a l’abeille qui lui colle à la peau. Au sens propre comme au figuré puisqu’il se l’est même fait tatouer sur son bras gauche ! Une vie, un métier, une passion. Installé comme apiculteur professionnel à Puceul en Loire-Atlantique, avec un cheptel de 400 ruches, il est devenu vice-président de l’Union nationale des apiculteurs français.

Les premières ruches

Il n’a que 14 ans quand il commence à s’y intéresser. Il travaille alors comme apprenti menuisier-charpentier : « Un client nous a demandé de lui fabriquer des ruches. J’étais tellement passionné qu’il m’en a offert une et c’est comme ça que j’ai commencé. » CAP en poche de menuiserie-charpente, c’est vers le métier d’apiculteur qu’il se tourne. Un professionnel de Nozay lui apprend la technique et les règles de base. Loïc installe ses premières ruches sur les terrains prêtés par la famille et les amis. Lorsqu’il part faire son service militaire, il a déjà vingt-cinq ruches installées. De retour, il adhère à l’Unapla, Union des apiculteurs de Loire-Atlantique, qui rassemble quelque 500 adhérents, et lui propose une formation. Rapidement, il devient président du syndicat, une fonction qu’il occupe pendant douze ans.
 
Sensibiliser le grand public et les politiques ! 

L’abeille devient vite sa passion. Il est séduit par l’opération nationale «Abeille sentinelle de l’environnement» conduite par l’Union nationale de l’apiculture française : « Nous perdons 30 à 40 % de notre cheptel chaque année à cause des insecticides, notamment des néonicotinoïdes qui sont utilisés depuis le milieu des années 1990 en traitement sur les semences ou les sols quand ils ne sont pas pulvérisés directement sur les cultures... Ces produits sont cent fois plus toxiques que d’autres insecticides ! » Avec son équipe, il participe à la création de la Maison de l’apiculture à Chantenay près de Nantes  « pour sensibiliser le grand public, les professionnels, les collectivités et surtout… les politiques. Quand l’abeille va mal, l’homme a vraiment de quoi être inquiet pour sa santé et son devenir… »

Victime du chikungunya 

En 2012, il est mandaté par la Ville de Nantes pour une mission humanitaire au Cameroun. A deux reprises, il se rend à Dschang pour accompagner la création d’un groupement d’apiculteurs autour d’une miellerie collective et harmoniser la production de miel. Mais il se fait piquer par un moustique et contracte alors le chikungunya. Les effets sont immédiats : douleurs articulaires, difficultés à se mouvoir et à porter des charges lourdes, grande fatigue, phases de dépression… Loïc ne supporte pas le premier traitement qui lui est proposé et est victime en plus d’une hépatite médicamenteuse : « En quelques mois, j’étais devenu un vieillard ! Je ne pouvais plus me lever le matin et dans la journée, je me traînais. » La maladie progresse et Loïc a de plus en plus de difficulté à travailler : « Heureusement, quelques collègues apiculteurs ont été solidaires et sont venus m’aider à maintenir l’entreprise, assurer la production du miel et la transhumance des abeilles ».
 
Des aides techniques pour soulager le quotidien

Loïc est alors reconnu travailleur handicapé. Par le biais du service social de la MSA, il sollicite l’Agefiph. Un diagnostic et une étude ergonomique sont réalisés. Il peut ainsi acquérir un élévateur tout terrain qui lui permet de lever en même temps quatre ruches disposées sur une palette. La miellerie est réaménagée pour éviter les gestes répétitifs : un fondoir à cire est installé afin de libérer, sans effort, le miel des opercules disposés dans les rayons de la ruche. Le Sameth de Loire-Atlantique, service d'appui au maintien dans l'emploi des travailleurs handicapés, lui propose l’intervention ponctuelle d’un salarié pour l’aider au cœur de la saison : « J’ai pu ainsi bénéficier de 160 heures rémunérées, prises en charge par l’Agefiph. Par chance, l’étudiante en master d’agro écologie à Paris, venue m’aider, était passionnée par les abeilles ! » 
 

Aider les jeunes à s'installer

Quatre ans après, Loïc souffre toujours de séquelles articulaires et de maux de tête selon les pics d’évolution de la maladie. Son plus grand bonheur est d’avoir maintenu son activité : « Sans toutes ces aides, je n’y serai sûrement pas parvenu. Je veux continuer à vivre de mon travail et parler des bienfaits de l’abeille pour l’être humain. J’ai quelques idées dans la tête et innovations pour aider les jeunes à s’installer et les professionnels à exercer leur métier. Je me suis rendu à La Réunion pour rencontrer des apiculteurs. Je suis aussi attentif à l’éducation des jeunes. J’ai récemment proposé aux élus de ma commune d’installer un petit rucher pédagogique. Pour aider à cette installation, j’offre trois ruches à la commune. Je n’y ai mis qu’une condition : que l’on intègre les apiculteurs amateurs de la commune au projet. »
 
Tugdual Ruellan.

Contact
Tél. 
02 40 51 30 31 ou  06 33 24 81 40
Le Moulin de Bohallard à Puceul (Loire-Atlantique).

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Handicap et passion d’être
Michel Rouger
Ils ont la pêche ! Ils ont pourtant subi l’accident, l’attentat, grandi avec la maladie, la souffrance, parfois, ont côtoyé le noir et le néant…Ils sont nés privés de la vue, de l’ouïe… Ils se sont réveillés un matin avec un bras absent, les jambes immobiles, un dos broyé, un cerveau traumatisé…Ils ont hurlé, crié l’injustice, frôlé le désarroi et l’isolement, perdu le goût de vivre.

Et malgré tout, ils ont survécu.

Alors, ils ont reconstruit, à nouveau désiré, bâti un espoir. La fragilité est devenue force, rage d’exister. Chaque jour, ils s’accommodent du regard des autres. Parce qu’on leur dit que c’est impossible, ils le font, avec détermination et souvent, ils en ressortent grandis.

Ils ont finalement transformé un vieux rêve en métier, un savoir-faire en service… une passion en raison de vivre. Au plus profond d’eux-mêmes, ils ont trouvé l’essentiel et nous l’offrent en partage.

Dans ce blog d’Histoires Ordinaires, des personnes en situation de handicap témoignent.

Tugdual Ruellan