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Travailler en situation de handicap



Blog réalisé en partenariat avec l'Agefiph, Fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées

L’Echo Système, le manège artistique de Lionel Jaret

Les hérons d’acier du marais briéron lui ont donné des ailes...

Jeudi 1 Décembre 2016

A la suite d’un accident, Lionel Jaret se lance dans la réalisation de son rêve : construire de ses mains, un manège métallique, avec la participation d’élèves en lycée professionnel. En 2005, il crée son entreprise à Saint-Sébastien-sur-Loire en Loire-Atlantique, l’Echo Système. Les hérons d’acier du marais briéron lui donnent aujourd’hui des ailes.

Ce 1er août 2008… « Pourquoi a-t-il fallu que j’aille au travail à vélo ? » Une voiture le serre de trop près. Coincé contre la bordure du trottoir, Lionel chute et la vie bascule. « J’étais en vrac, pas mal amoché, arrêté pendant onze mois avant d’être consolidé mais avec de nombreuses séquelles. Je ne pouvais plus faire mon travail et j’ai été licencié. »
 
Enfant de la Loire
 
Lionel, enfant de la Loire, est un bricoleur de première, un vrai touche-à-tout, un fabricant de rêves. Il a bien cette formation de métallier mais il n’a jamais vraiment exercé dans ce métier, vite encombré et touché par la crise. Alors, dans les années 1980, il vire vers l’artistique, opte pour l’incertitude et devient… marionnettiste. Avec sa femme, il crée plusieurs spectacles et bourlingue dans les provinces, de MJC en foyer de jeunes travailleurs. Il enchaîne divers boulots dans la poly maintenance, comme homme à tout faire et prend le temps de voir grandir ses filles : « C’était prioritaire ! » En 1996, il crée à Nantes sa petite entreprise de marchand de fleurs ambulant Fleurs de rue, et sillonne les places et ruelles avec son vieux vélo de 1920. Un an après, il refait quelques spectacles de rue avec sa femme.
 
Invité au festival canadien Juste pour rire
 
A l’occasion d’un festival off à Saint-Sébastien-sur-Loire, en 1999, il est repéré par Luce Rozon, programmatrice et créatrice du festival Juste pour rire qui connaît un beau succès à Montréal : « Elle nous a invités à participer au festival en 2000 ! Nous avons fait 46 représentations et joué devant 30 000 personnes pendant onze jours. C’était une magnifique aventure. » De retour, il trouve différents emplois dans le social, les maisons de retraite, les établissements éducatifs… « A 48 ans, je me suis dit "je vais me calmer et me poser !" J’ai trouvé un poste intéressant de technicien entretien polyvalent, toujours dans le secteur éducatif, à la Sauvegarde de l’enfance… jusqu’à ce mois d’août 2008… »
 

Le soutien des lycées techniques 
 
Commence le difficile travail de deuil et d’acceptation de l’incapacité. Reconnu travailleur handicapé et accompagné par Cap emploi, il décide de faire aboutir ce vieux projet qui refait alors surface : « Construire un manège de A à Z, de mes propres mains.» Le maire de Saint-Sébastien-sur-Loire est séduit et lui propose un emplacement fixe, sur l’île Forget. Un étudiant de l’IUT La Fleuriaye en génie productique de Nantes-Carquefou le met en relation avec son professeur qui lui propose de conduire une étude technique avec six étudiants. D’autres lycées professionnels vont rapidement proposer leur soutien : La Joliverie à Saint-Sébastien, François Arago à Nantes pour la menuiserie et la métallerie, Louis-Jacques Goussier à Rezé pour la tôlerie. Un ami métallier, Pierre Couilleau, met à sa disposition une partie de son atelier de précision.
 
Tous les animaux des bords de Loire
 
En 2005, Lionel crée son entreprise individuelle, le manège l’Echo-système avec le soutien de l’Agefiph. Avec BGR, il élabore un plan de financement, emprunte à l’Adie, bénéficie d’une subvention de la Région et du Département. Avec un apport personnel et un crowdfunding, il rassemble bientôt la somme nécessaire pour financer la construction du manège. La mairie apporte un soutien technique et met à sa disposition des locaux. Les enfants de la commune participent régulièrement à la construction du manège.

Peu à peu, la structure métallique voit le jour. Les matériaux utilisés sont recyclables, l’acier traité à l’huile de lin, le bois local, provient de la forêt de Mervan en Vendée, bien connu pour sa durabilité. Elle représente un arbre des quatre saisons à douze branches, chacune d’elles étant représentée par la végétation du mois qui lui correspond : « Le manège, c’est la terre qui tourne sur 365 jours et on voit toutes les saisons qui défilent avec les animaux des bords de Loire… »

Et on chevauche ainsi héron, fourmi, lapin, canard, papillon, grenouille, brochet ou renard… La structure est homologuée et reçoit les félicitations du contrôleur ! On peut l’admirer sur les îles de Loire. La propulsion est obtenue à la force des mollets des personnes volontaires qui pédalent sur quatre vélos d’époque 1920-1930. Le tout est gratuit pour les « pédaleurs » !

Un jeune entrepreneur senior 
 
Gilbert Augereau, cinéaste amateur averti, nominé aux Césars en 1987, lui a proposé de réaliser un documentaire fiction retraçant toutes les étapes de la construction. Le film a été présenté au printemps 2016. « Le handicap, je l’ai surmonté aujourd’hui. C’est vrai, j’ai mis du temps. Le physique d’abord puis, la tête… plusieurs fois, j’ai failli tout abandonner. Mon idée maintenant, c’est de participer à des événementiels, des animations de rue. Je cherche un camion 12 tonnes pour me balader avec mon manège (j’ai le permis !), l’idéal serait un savoyard, un plateau bâché pour poser mes 4,5 tonnes, 1000 mètres de profilés métalliques, 170 kg de visserie et 7 m3 de bois. Je suis heureux d’être un jeune entrepreneur senior et surtout… de transmettre mon savoir-faire ! »
 
Contact : L’Echo-Système
6, rue de la Douetté, 44230 Saint-Sébastien-sur-Loire. 
Tél: 02 51 71 24 20 ou 06 51 58 26 67
 
Tugdual Ruellan.
 
Film – épisode 1

Film – épisode 2

Film – épisode 3

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Handicap et passion d’être
Michel Rouger
Ils ont la pêche ! Ils ont pourtant subi l’accident, l’attentat, grandi avec la maladie, la souffrance, parfois, ont côtoyé le noir et le néant…Ils sont nés privés de la vue, de l’ouïe… Ils se sont réveillés un matin avec un bras absent, les jambes immobiles, un dos broyé, un cerveau traumatisé…Ils ont hurlé, crié l’injustice, frôlé le désarroi et l’isolement, perdu le goût de vivre.

Et malgré tout, ils ont survécu.

Alors, ils ont reconstruit, à nouveau désiré, bâti un espoir. La fragilité est devenue force, rage d’exister. Chaque jour, ils s’accommodent du regard des autres. Parce qu’on leur dit que c’est impossible, ils le font, avec détermination et souvent, ils en ressortent grandis.

Ils ont finalement transformé un vieux rêve en métier, un savoir-faire en service… une passion en raison de vivre. Au plus profond d’eux-mêmes, ils ont trouvé l’essentiel et nous l’offrent en partage.

Dans ce blog d’Histoires Ordinaires, des personnes en situation de handicap témoignent.

Tugdual Ruellan