Rebelles non-violents

Que penser... de la violence racontée aux enfants ?

Jeudi 15 Septembre 2016


En ces temps de rentrée scolaire, un article simple à lire d' Olivier Maulini, co-coordinateur du Comité de programme de la Formation en enseignement primaire, avec Carole Veuthey à l'Université de Genève.

" L’école doit-elle parler de la guerre, du terrorisme ou plus généralement de la violence aux enfants ? Et si oui, comment ? " demande le chercheur.

Quant à la réponse, selon lui, deux écoles s'opposent : une qui plaide pour confronter d’emblée les élèves à la part d’ombre de l’humanité, et celle qui préfère repousser cette confrontation en direction de l’adolescence et de l’âge adulte ". 

Demande-t-on aux enseignants de confronter les enfants aux images atroces ou à des récits insupportables ? Les enfants doivent-ils être seuls pour affronter leurs angoisses ? Le pédagogue suggère au contraire le partage : " ... les frayeurs ou les excitations ressenties doivent au contraire être peu à peu partagés, parlés, élaborés. La violence doit moins être éprouvée individuellement (« j’ai peur ! ») que pensée collectivement (« de quoi avons-nous peur ? »). Et pour être pensée, elle doit être transposée, représentée, symbolisée dans des tiers-objets que les différentes civilisations ont inventés pour mettre la férocité à distance et la secondariser, c’est-à-dire s’en ressaisir culturellement par des mots et des idées. "

Aller à la rencontre de la mauvaise part de l'Etre Humain

On connait la violence des cours de récré. La contenir, c'est prendre le risque qu'elle soit dans la rue, hors du contrôle des adultes. La classe n'est-elle pas un lieu où peuvent se civiliser les rapports sociaux entre élèves ?

Mais, écrit Olivier Maulini, cela " ne demande pas que des bonnes intentions, mais aussi un vrai travail – scolaire – d’instruction, de réflexion, de délibération. Ce travail ne s’opère pas dans la rue, pas à la récréation, ni même en famille pour beaucoup d’enfants. Quel autre lieu que la classe, cette arène de jugement structurée par l’enseignant, autour d’une culture littéraire, artistique ou scientifique qui justifie l’existence même de l’école, peut égaliser l’accès à la décélération du vécu et à la reconnaissance des émotions ? "

Cette pédagogie  " va progressivement à la rencontre de la mauvaise part de l’Homme, pour que les enfants deviennent peu à peu avertis de ce qu’est le monde réel et de ce qu’ils pourraient vouloir y faire personnellement. Pourquoi réserver ce privilège à quelques-uns, au hasard des naissances et des choix familiaux ?.... C’est a priori prudent, cela lui évite ( à l'école ) peut-être des complications, mais c’est aussi un choix discutable : celui de réserver la meilleure part du savoir aux enfants qui apprennent chez eux que c’est de cette part-là que dépendent leur clairvoyance et leurs pouvoirs. " 

Pour lire intégralement l'article : archive-ouverte.unige.ch

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Marie-Anne Divet
Marie-Anne Divet
Ce qui m'a intéressée dans les idées de Gandhi, c'est le choix. Ou de réagir à la violence par la violence ou de répondre, en me creusant la tête, d'une autre manière, qui respecte l'être humain, comme un autre moi-même. J'aime cette obligation de faire autrement, d'une façon active et créative, une manière d'être à l'autre et non d'avoir l'autre.
Pédagogue de profession, j'aime cette idée que nous puissions collaborer, lecteurs/lectrices, expert/e/s, pour partager nos questions, mettre en commun nos réflexions et mutualiser nos ressources pour agir au quotidien là où nous vivons.

Marie-Anne Divet