Rebelles non-violents

Désamorcer les conflits liés au réchauffement

Jeudi 29 Janvier 2015


Suite aux événements de ces dernières semaines, les discours des politiques associent de plus en plus fréquemment réchauffement climatique et conflits voire développement du terrorisme. Ce champ de recherche existe : il révèle de plus en plus une interdépendance entre les deux.

Le cinquième rapport du Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat ( GIEC ) le dit clairement  : "Les changements climatiques au cours du 21ème siècle risquent d’accroitre les déplacements forcés de population, notamment celles qui seront les plus exposées aux évènements météorologiques extrêmes, dans les pays à faible revenu. Les changements climatiques peuvent donc contribuer à exacerber indirectement (en affectant l’accès aux ressources en eaux, aux cultures, etc.) les risques de conflits violents, notamment les guerres civiles, et les violences intergroupes.

On risque d’assister à une exacerbation des sources des conflits comme la pauvreté ou les crises économiques.

Les changements climatiques pourraient aussi avoir des impacts sur des infrastructures, mais aussi sur l’intégrité territoriale de nombreux États. Cela aura alors une influence directe sur les politiques nationales de sécurité des pays concernés, mais aussi des pays voisins. On sait par exemple que les petits États insulaires ainsi que les États avec un trait de côte étendu seront particulièrement sujets à une dégradation de leur intégrité territoriale."

Le changement climatique, confirme Maplecroft, une société d’analyse des risques mondiaux basée à Bath, en Grande-Bretagne, a des impacts géopolitiques très forts.  L'ATLAS 2015 qu'elle vient de publier s'appuie sur des données de risques pour 198 pays sur 26 thèmes dont la vulnérabilité au changement climatique et la sécurité alimentaire, les émissions de gaz à effet de serre, les catastrophes naturelles et la réglementation des conflits. 

Le rapport plutôt alarmiste constate une combinaison inquiétante entre le changement climatique et l’insécurité alimentaire qui amplifient les risques des conflits et de rébellions dans 32 pays.

Par ailleurs, un rapport récent publié par le Pentagone identifie le climat comme un multiplicateur de menaces  aggravant les risques de conflits et de troubles à travers le monde.

Une autre étude du chercheur américain Marshall Burke, de Stanford, quantifie même cet accroissement du risque de conflits. Selon lui, 1­°C supplémentaire produit une augmentation de 2,4­% des bagarres entre individus et de 11,3­% des conflits entre groupes.

Désamorcer les conflits liés au réchauffement
Une proposition : la Green Defense

La Green Defense pose les constats suivants : il y a un lien entre la dégradation socio-environnementale et les conflits. Le changement climatique, le stress lié à l'idée que les ressources en matières premières s'épuisent, l'évolution démographiques et les modes de vie sont des terreaux favorables à l'émergence de conflits. Les actions militaires classiques sont inopérantes face à des crises d'un type nouveau.

Qui dit Green Defense, dit anticipation et projection des risques encourus et mise en place de stratégies préventives. Elle intègre comme fondements le primat du politique, la diplomatie et le développement durable.

Publié l'an dernier sous la direction de Leila Aïchi, sénatrice de Paris EELV, le Livre vert de la Défense, inspiré du concept de " Green Defense", veut aborder la politique de défense selon les risques que fait courir le réchauffement climatique. La secrétaire de la Commission des Affaires étrangères de la Défense et des Forces armées du Sénat s'appuie sur les constats qu'elle a fait lorsqu'elle travaillait sur la piraterie somalienne : « On y répondait par une approche extrêmement sécuritaire, en augmentant le nombre de bateaux par exemple. Mais on ne solutionnera pas le problème si l’on ne comprend pas que 95% des pirates sont d’anciens pêcheurs paupérisés par la raréfaction des ressources halieutiques. Et ça, c’est la crise écologique, que ce soit par le biais de l’acidification des océans engendré par le réchauffement climatique, par le problème de la surpêche ou bien par encore la pollution des eaux… »

Interviewée par Reporterre, la sénatrice note l'écart à combler : « Le monde de la Défense ne voit pas du tout l’approche environnementale comme une dimension stratégique. Les liens entre climat et terrorisme sont complexes et ne peuvent être appréhendés que dans la durée. Mais le temps politique s’accommode mal du temps de l’écologie. Si bien qu’on réfléchit à l’envers : et de la façon dont on envisage les réponses pour l’instant, le terrorisme n’a pas fini de s’exprimer… »
 


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Marie-Anne Divet
Marie-Anne Divet
Ce qui m'a intéressée dans les idées de Gandhi, c'est le choix. Ou de réagir à la violence par la violence ou de répondre, en me creusant la tête, d'une autre manière, qui respecte l'être humain, comme un autre moi-même. J'aime cette obligation de faire autrement, d'une façon active et créative, une manière d'être à l'autre et non d'avoir l'autre.
Pédagogue de profession, j'aime cette idée que nous puissions collaborer, lecteurs/lectrices, expert/e/s, pour partager nos questions, mettre en commun nos réflexions et mutualiser nos ressources pour agir au quotidien là où nous vivons.

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