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La misère n'est pas une fatalité

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Avec les migrants, l’amitié, grâce au foot, a remplacé la peur (p.82)


Lundi 10 Juillet 2017

dorian.mp3 Dorian.mp3  (4.57 Mo)


Bonjour, je suis DORIAN, j'ai 13 ans, je suis dans un collège en banlieue parisienne et 70 migrants viennent d’arriver dans la ville. Ils ont été accueillis par une association et installés dans un immeuble en bordure de la zone industrielle et à côté d'un stade municipal.

Le journal municipal avait annoncé leur arrivée.  

Moi qui habite aussi en bordure de la zone industrielle, je les attendais avec impatience  mais aussi avec un peu d’inquiétude de voir arriver des migrants, sans bien savoir qui ils sont, en m’imaginant même qu’ils pouvaient être dangereux, qu’ils allaient venir nous embêter.

Un premier migrant de 17 ans était arrivé d’ Afrique avant tous les autres, sans papiers, il a été accueilli en premier par une association et il y venait tous les jours . Il y a appris le français. Il a été aidé pour avoir ses papiers. Il a été inscrit à Pôle Emploi et a trouvé du boulot.

Il venait jouer au foot avec nous sur le terrain municipal, on a appris à se connaitre, comme il commençait à parler français, on a discuté… 

On s’est alors rendu compte qu’ils étaient très sympas

Un mois après, quand les 70 autres migrants sont arrivés, certains habitants de la ville n’étaient pas pour et ont déposé une lettre anonyme dans toutes les boites aux lettres de la ville pour dire que les migrants n’étaient pas les bienvenus, qu’ils étaient dangereux.
 
Heureusement, le maire a tout de suite réagi en envoyant une lettre à tous les habitants mais aussi sur le site et le magazine de la ville. Il expliquait que ces migrants étaient pris en charge par une association de confiance, qu’ils n’étaient pas dangereux et qu’il ne fallait pas écouter ceux qui avaient écrit la lettre et « qui n’avaient même pas eu le courage de la signer ».

Quelques migrants rassurés sont venus un jour sur le stade de foot, ont joué entre eux sur une partie de terrain et nous sur l’autre. Puis, au bout d’une heure, un des migrants est venu nous parler. Moi et mes copains, on a parlé avec nos quelques mots d’anglais pour les connaitre un peu mieux. On s’est alors rendu compte qu’ils étaient très sympas.

Puis le lendemain et les week-ends suivants, on a joué avec eux au foot. Un jour même, on était une trentaine, une vingtaine de migrants et une dizaine de mes copains.

On a ainsi appris qu’ils venaient de pays en guerre

En plus les migrants se sont adaptés à nous : comme ils avaient pour la plupart autour de 20 ans, au début on avait peur car ils tiraient très fort, mais quand on a commencé à jouer avec eux, ils ont baissé leur puissance pour s’adapter à nous.

Un jour le photographe de la ville est passé et nous a pris en photo en train de jouer avec les migrants, il a trouvé cela super sympa et a mis ces photos dans le journal de la ville.

Petit à petit on est devenus copains, mais c’était toujours difficile de se comprendre, alors le premier migrant qui parlait désormais très bien français nous a aidés en faisant l’interprète pour qu’on puisse parler.

On a ainsi appris qu’ils venaient de pays en guerre, qu’ils avaient pour certains été victimes de violence et qu’ils avaient fui leur pays pour fuir cette violence.

Depuis, on continue à jouer ensemble tranquillement, on en rencontre de nouveaux car sur les 70 je pense que j’en ai rencontré une quarantaine et j’ai très envie de rencontrer les autres.

Dorian
Rennes le 8 avril 2017 

(Les intertitres sont de la rédaction)


1.Posté par Bouju Martine le 12/05/2017 10:49
une jolie histoire, un joli compte-rendu d'une vérité vécue. Bravo à tous, une relation amicale est née, et le monde en est meilleur.

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